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Tamarin, un chien d’exception dans la voie du lièvre

A l’Equipage LEVESCAULT, nous chassons presque exclusivement avec des chiennes. Cependant, lorsqu’il faut vous conter une vie de chien, c’est TAMARIN qui me vient immédiatement à l’esprit.

Magnifique chien, à mes yeux, mais pas pour ceux de mon ami Gérard GENICHON, juge qualifié entre autres, pour la race Anglo-Français de Petite Vènerie, qui le déclassa (et il avait raison) lors d’une présentation à Breil. Peut-être parce qu’il y avait un peu de sang angevin dans ses veines d’ailleurs…

TAMARIN avait toutes les qualités requises pour devenir un excellent chien de vènerie. Même s’il n’était pas très typé Français, comme se doit de l’être l’AFPV, il était néanmoins très bien construit, robuste et léger à la fois, avec de bons aplombs. Fin de nez, intelligent, perçant et appliqué quand il le fallait, passionné de chasse, sûr, tenace, il faisait les chemins et le goudron, et se créança dès sa deuxième saison. Les amateurs de belles gorges françaises auraient été déçus, sa voix aigüe (héritée de son sang anglais) se reconnaissait entre toutes. Je ne l’ai en revanche jamais vu marquer le change, ni lui ni un autre de nos chiens d’ailleurs. Peut-être parce que je ne le suis pas toujours moi-même.

J’avais une confiance absolue en lui, notamment au moment de lancer ou du relancer. Il quêtait avec application comme ses congénères, mais dans ces instants s’il se mettait à crier légèrement, l’un de ces cris presque discrets qui veut dire « stop ! arrête-toi ! il est là ! », alors nous nous immobilisions et attendions que le capucin gicle au milieu de la meute, car, en effet, il était bien là !

Il était remarquable et remarqué de nos amis veneurs de lièvre avec qui nous couplions, ce qui lui vaudra le bonheur de faire connaissance avec de nombreuses lices hors de chez lui ! Tout lui était pardonné, même le fait une nuit de novembre d’avoir déchiqueter l’intérieur d’un van tout neuf après avoir sailli une Landaise.

Passionné de chasse, il l’était vraiment, pas toujours ménagé, car lorsque l’on a la chance d’avoir un aussi bon chien, on a du mal à le laisser au chenil. Il allait jusqu’au bout de lui-même à chaque chasse ; il n’abandonnait jamais, jamais fatigué jusqu’à la fin de sa carrière.

Ma femme souhaitait le voir terminer sa vie chez nous à la maison, mais un 31 mars après avoir pris son lièvre et en attendant de retraiter, il se coucha dans le fossé. Il retraita difficilement, aux ordres comme ses compagnons, et ce fut sa dernière chasse car dans le courant du mois d’avril il rejoignit le paradis des chiens. Je garde en mémoire cette image de TAMARIN, couché dans un fossé, et ironie du sort, au moment où j’écris ces quelques lignes, je réalise que notre prochaine chasse aura lieu sur ce même territoire. Si l’occasion m’en est donnée, au gré de la chasse de dimanche prochain, je repasserai certainement près de ce fossé. Je reverrai sa jolie tête et j’entendrai probablement sa voix.

Ce fut un bon étalon car sa descendance fut aussi excellente. Son sang coule encore aujourd’hui dans les veines de notre meute et, en sa mémoire, un petit TAMARIN est né l’été dernier et rentrera en meute à l’automne. Puisse-t-il être aussi exceptionnel !

Vènerie & bien-être animal

Les antispécistes ont découvert et veulent faire connaître des qualités des animaux auxquelles ils ont donné le qualificatif de « sentience », néologisme progressiste oblige, « (du lat. sentiens, ressentant) : pour un être vivant, capacité à ressentir les émotions, la douleur, le bien-être, etc. et à percevoir de façon subjective son environnement et ses expériences de vie. » (Larousse) Grande découverte ! Les animaux ressentent donc le chaud, le froid, la faim, la pluie, aiment brouter l’herbe ou manger de la viande (selon leur espèce), ressentent la douleur ou s’inquiètent de la présence du danger pour le fuir ou le combattre. Bel enfoncement de portes ouvertes ! On voudrait leur répondre : et alors ? La sentience, pour reprendre le terme, c’est la condition de la survie, tout simplement. Ça ne résout en rien la question de la relation des espèces entre elles, et notamment des humains avec le reste des animaux.

Pour ce faire, acceptons d’abord ensemble que l’Homme se situe en haut de la pyramide alimentaire – fait difficilement contestable – et qu’il combatte les espèces vivantes qui compromettent sa survie. Les villageois africains fêtent la mort de l’éléphant ou du buffle tué par un riche Américain pour quelques dizaines de milliers de dollars ; cette mort leur procure de la viande pour de nombreux mois et les met à l’abri des dévastations que l’animal causait à leurs habitations. L’Européen se réjouit que les chercheurs aient trouvé les vaccins susceptibles de juguler la propagation du COVID. Il détruit aussi les nids de guêpes dont les piqures peuvent lui être fatales. Et le berger se désole que l’expansion des populations de loups mette à mal ses troupeaux. Force est d’admettre que pour se maintenir en haut de la pyramide alimentaire, l’Homme doit, de toute éternité, supprimer des êtres vivants. Ce qui ne l’autorise pas à tous les comportements vis-à-vis de tous les êtres vivants, ainsi que nous l’avons vu dans l’épisode précédent de cette chronique.

Plus particulièrement en ce qui concerne les animaux que nous chassons, citons Charles Stépanoff : « Ancré dans son propre monde, l’animal-gibier n’est ni sacralisé comme un animal-enfant [tel que l’animal de compagnie] ni transformé en animal-matière [tel que l’animal de rente]. » L’animal-gibier est laissé à sa condition sauvage et à la liberté qui va de pair. Rappelons-nous la fable de La Fontaine, Le Loup et le Chien, et le loup découvrant le collier dont le chien est attaché : « Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas où vous voulez ? » Où l’on voit donc apparaître une « troisième voie » entre la sacralisation des animaux de compagnie et la mécanisation des animaux de rente : celle d’un animal libre, libre de se reproduire et de se déplacer.

Pour prix de cette liberté, et afin que l’espace soit partagé avec l’Homme, il appartient à ce dernier de réguler l’animal-gibier en le chassant, condition de sa cohabitation avec les activités humaines (agriculture, sylviculture, circulation routière, habitat). Telle (pourtant excellente) journaliste rêvait dans une émission de débat qu’on « laisse les sangliers et les cervidés tranquilles au lieu de les chasser car ils n’ont rien demandé. » Propos bien infantile ! La nature, dans laquelle évolue librement notre animal-gibier, n’est ni une maison de retraite ni une zone pavillonnaire dont les habitants s’attachent courtoisement à vivre sans gêner leurs voisins. La nature est un monde de lutte, lutte pour manger et ne pas être mangé. Et nombre d’espèces n’ont que l’Homme-chasseur pour réguler leurs populations. Afin que l’Homme puisse continuer de vivre sous nos latitudes, on ne pourrait opposer à cette régulation mesurée que la disparition pure et simple des espèces sauvages, au détriment de la sacro-sainte biodiversité, dont on voit ainsi que les chasseurs sont les premiers défenseurs.

Dans un prochain chapitre de cette chronique, nous verrons pourquoi et comment la chasse à courre exerce un type de prédation particulièrement vertueux au regard de nombreux critères, bien loin des condamnations à courte vue qu’en prononcent ses détracteurs.

Un document, intitulé « Vènerie & bien-être animal », réunit les principaux arguments sur le thème traité dans ces lignes. Il est disponible sur simple demande à agallon@venerie.fr

Europe Ecologie Les Verts, toujours contre la chasse

Une niche parlementaire est une séance mensuelle réservée à un groupe parlementaire au Sénat ou à l’Assemblée nationale, pendant laquelle les élus de ce groupe sont maîtres de l’ordre du jour et peuvent déposer des propositions de loi (PPL). Les veneurs, comme tous les chasseurs, voyaient arriver avec inquiétude la niche parlementaire d’EELV à l’Assemblée nationale, le jeudi 6 avril prochain.

Sans surprise, les députés écologistes n’ont pas renoncé à s’en prendre à la chasse ! Parmi les propositions de loi déposées par les députés EELV, l’une d’elles demande l’interdiction de la chasse le dimanche, afin de « garantir l’accès sûr et tranquille à la nature pour tous les Français. »

Chacun sait que si une telle loi était votée, elle signifierait à court terme la fin de la chasse populaire : une manière détournée de mettre définitivement à bas la chasse en France.

De plus, des amendements à cette proposition de loi peuvent encore être déposés d’ici son examen le 6 avril, et l’interdiction de la chasse à courre est, on le sait, au programme de certains députés EELV.

Plus que jamais, restons mobilisez et soyons tous des ambassadeurs déterminés de la vènerie, auprès de nos parlementaires comme de l’ensemble de nos élus !

Une vie de chien : les chiennes remarquables du Rallye Sans Le Sou

Au lièvre comme dans toutes les vèneries, une meute doit chasser dans un accord parfait. La rigueur sélective s’impose. Pour réussir, chaque chien doit apporter sa « pierre à l’édifice » mais avec chacun sa spécificité.

Cependant, certains ont plus de talent ou de génie que d’autres. Quatre chiennes ont vraiment marqué ma mémoire : Sérénade à mes débuts puis Urbise plus tard. Elles n’étaient pas d’origine exceptionnelle (dans une famille de musiciens, presque tous le sont mais tous ne sont pas des virtuoses). Dans les défauts, elles ne s’occupaient de personne. Il suffisait de les suivre ! Elles faisaient leurs retours avec méthode et application. Si elles ne redressaient pas, elles revenaient au point précis du défaut, puis elles cherchaient leur lièvre pour tenter de le relancer. Il fallait leur faire une confiance aveugle ! Et une autre chienne, Nox, se fit remarquer pour son aptitude à emmener une voie sur les chemins. Un jour où nous chassions avec l’équipage de Christian Sallé, le rendez-vous était fixé à un carrefour en grande forêt. Nous devions quêter dans une enceinte propice. Chemin faisant, sur une grande ligne pierrée, la chienne prit une voit et rapprocha seule durant plus d’un kilomètre avant de se rabattre puis de sauter au bois pour lancer son lièvre.

Une autre, Baleine, pour qui le goudron était une obsession, une drogue, nous emmenait la voie avec application mais, vieillissant, se mit à mentir. Heureusement, je m’en apercevais, car, de temps en temps, elle se retournait pour me regarder…

Un très bon chien, Stentor, ne criait jamais sur une double. Et encore, et encore : les Gipsy, Opéra, Vol au Vent, Arpège, Magellan, ont marqué ma vie de veneur.

Curieusement, il y eut plus de femelles « hors normes » que de mâles.

Hommes et animaux : la cohabitation

« Est-il juste de laisser le lion manger la gazelle ? La question doit être posée ! »

David Olivier, directeur de la rédaction des Cahiers Antispécistes.

 

La citation de David Olivier qui ouvre le troisième chapitre de cette chronique sur le bien-être animal a l’avantage de résumer la pensée antispéciste. Encore faut-il la lire dans le détail. Olivier parle de « justice » (est-il juste de…) pour caractériser la relation lion-gazelle. Mais de quelle justice parle-t-il ? Le Larousse en donne une définition claire : qualité morale qui invite à respecter les droits d’autrui. Olivier s’interroge donc sur les qualités morales du lion, et l’invite à respecter les droits de la gazelle… Impasse ! le lion ne reconnaît qu’une fonction et par voie de conséquence qu’un droit à la gazelle : celui de le nourrir quand il a faim ; difficile de le convaincre d’autre chose ; il est à craindre qu’il reste sourd à nos arguments. Mais alors, sont-ce les qualités morales de l’Homme qui doivent être opposées au lion ? Curieuse ingérence dans la « morale » des animaux de la part de l’antispéciste, lui qui « reconnaît un même statut moral à tous les individus, indépendamment de l’espèce à laquelle ils appartiennent. » (définition du Larousse)

On pourrait aussi citer Aymeric Caron, élu député de la France Insoumise, qui nous enjoint de ne pas tuer un moustique qui nous attaque car « vous prenez le risque de tuer une femelle qui essaye de remplir son rôle de future mère. »

Ne nous y trompons pas ! ces délires exprimés avec aplomb ne sont que le reflet de la grande peur des antispécistes : la mort, et d’abord, la leur. Ce qui les gêne dans l’élevage comme dans la chasse, c’est la mort. Dans leur monde fantasmé, la mort est escamotée. Dans la France de Louis XIV, il convenait, avant de mourir, de souffrir une longue agonie afin de mériter son paradis. Cette notion qui peut paraître étrange à l’homme du XXIème siècle s’est vu substituer une autre non moins cocasse : la mort, c’est fini ! ou du moins, on ne veut plus la voir. Hélas, mauvaise nouvelle pour les antispécistes : les êtres vivants sont mortels, humains, animaux, végétaux. Certes, convenons que les horreurs des conflits de la première moitié du XXème siècle ont leur part dans cette hantise de la mort. Tant de gens, civils et militaires, ont péri dans d’atroces conditions qu’à juste titre, on ne conçoit plus pareille barbarie aujourd’hui ; et pourtant, elles perdurent de par le monde.

Les antispécistes ont découvert et veulent faire connaître des qualités des animaux auxquelles ils ont donné le qualificatif de « sentience », néologisme progressiste oblige, « (du lat. sentiens, ressentant) : pour un être vivant, capacité à ressentir les émotions, la douleur, le bien-être, etc. et à percevoir de façon subjective son environnement et ses expériences de vie. » (Larousse toujours) Grande découverte ! Les animaux ressentent donc le chaud, le froid, la faim, la pluie, aiment brouter l’herbe ou manger de la viande (selon leur espèce), ressentent la douleur ou s’inquiètent de la présence du danger pour le fuir ou le combattre. Bel enfoncement de portes ouvertes ! On voudrait leur répondre : et alors ? La sentience, pour reprendre le terme, c’est la condition de la survie, tout simplement. Ça ne résout en rien la question de la relation des espèces entre elles, et notamment des humains avec le reste des animaux.

Un document, intitulé « Vènerie & bien-être animal », réunit les principaux arguments sur le thème traité dans ces lignes. Il est disponible sur simple demande à agallon@venerie.fr

Le respect de la vérité

Lorsque des points de vue s’opposent, lorsque des sensibilités divergent, une exigence s’impose à ceux qui veulent débattre : le respect de la vérité. En ce domaine, les opposants à la chasse à courre ne progressent guère d’année en année. Leur aveuglement idéologique les conduit à travestir en permanence notre pratique, et à ériger en drames nationaux des anecdotes sans intérêt, quand elles ne sont pas totalement inventées.

Ainsi en est-il du bilan de la saison 2021/2022 publié par le collectif qui entend faire interdire la vènerie. Il recense prétendument 46 incidents, quand leur liste n’en comporte que 43. Afin de vous en épargner la fastidieuse lecture, nous les avons analysés pour vous. Sur 43 « incidents » listés, deux sont réels, l’un d’eux ayant d’ailleurs fait l’objet de poursuites judiciaires ; cela démontre que les veneurs sont des justiciables comme les autres contrairement aux allégations de nos opposants qui voudraient faire croire que nous sommes protégés par « les puissants », mécanique complotiste qui a servi dans tant d’autres circonstances. Six de ces prétendus « incidents » sont des inventions pures et simples : collisions imaginaires, riverains mécontents introuvables, chasse arrêtée qui se poursuit…

Les 35 derniers « incidents » ne motiveraient pas même la presse régionale la moins bien intentionnée à l’égard de la vènerie : circulation ralentie, collision avec des animaux – il s’en compte plus de 20 000 chaque année au total sur les routes de France ; les cinq dont nous créditent nos opposants sont du nombre, soit 0,025%. Des biches sont aperçues dans un pré, des cavaliers empruntent une route, un chien s’est égaré. Aussitôt nos opposants imaginatifs y voient le chaos, l’horreur, la barbarie, la colère.

La chasse à courre, c’est le mouvement et le partage. Mouvement de l’animal chassé, de la meute qui le poursuit et des veneurs qui la suivent. Elle est aussi partage des espaces où elle s’exerce dans le respect de la légalité. Le partage exige une tolérance réciproque des veneurs et des non-veneurs. La propagande insidieuse de nos opposants vise à nous rendre intolérables aux non-veneurs en déformant la vérité, quand ce n’est pas en inventant de toute pièce des situations qui ne sont pas advenues. Le vocabulaire employé pour y parvenir est symptomatique : privilège féodal, arrogance, délinquance, chaos, invasion, panique, etc. C’est tout un lexique dont l’emploi ne prétend qu’à nous faire détester ; notre détestation, une nécessité pour leur existence.

Curieusement, dès lors que la vérité de la vènerie est exposée, dès lors qu’avec un intérêt dénué de préjugés – ou en faisant abstraction – on s’intéresse à sa pratique, la sérénité et la tolérance refont surface. Pas un cas sur cent où l’interlocuteur reparte en campant sur une attitude hostile. La vérité de notre pratique repose sur la relation la plus naturelle et la plus respectueuse de l’homme aux animaux, sauvages et domestiques.

Respect, respect des animaux dans leur vraie nature, des non-veneurs dans leur mode de vie et de la vérité dans son exigence : voilà bien les conditions qui assureront à la vènerie un avenir serein, n’en déplaise aux propagateurs de haine qui s’opposent à nous.

« La vérité, vous le savez, c’est ce qui simplifie le monde et non ce qui crée le chaos. »

Antoine de Saint-Exupéry

Chasse à courre et bien-être animal #3 : la mutation fantasmée du bien-être animal

Dès lors qu’on identifie les animaux aux humains, l’élevage, les zoos et les cirques, la corrida ou la chasse, ne paraissent plus que comme une immense barbarie, sentiment fondé sur le fantasme originel évoqué ci-dessus. On évoque le « bien-être » animal, comme une nécessité absolue, quand le bien-être des humains lui-même s’avère si difficile à satisfaire.

Notons au passage que ces théories nouvelles émergent au sein de populations douillettement installées dans un paisible confort. Pour ces populations, Dieu est mort, Marx est mort, plus de guerre ou de famines (ou si loin), de maladie ou de catastrophe (quoique…) ; dès lors, comme le dit Voltaire dans sa tragédie justement nommée « Le fanatisme » : « Il faut un nouveau culte, il faut de nouveaux fers ; Il faut un nouveau dieu pour l’aveugle univers. » Ce sera l’animalisme.

Pour autant, on ne saurait nier la responsabilité des hommes vis-à-vis du règne animal, qu’il soit domestique ou sauvage, puisque, depuis Descartes, l’Homme tend à se rendre « maître et possesseur de la nature. » Et même si chaque jour démontre que cette maîtrise et cette possession sont loin d’être intégrales, la responsabilité des hommes, pour bien réelle qu’elle soit, n’est pas indifférenciée. Le chien, le rat – désormais nommé « surmulot » (sic) par les animalistes – le crocodile ou le porc ne sont pas tous de la même sorte ; les Hommes n’entretiennent pas le même rapport avec chacun d’eux. L’Homme, « cet être relationnel » comme le définit le Pape François (Parlement européen de Strasbourg – novembre 2014), doit réfléchir à ses connexions aux autres êtres vivants dans leur diversité. Les nécessités de l’alimentation d’une population mondiale dont la croissance galope imposent des règles plus strictes à l’élevage intensif, dans l’objectif premier de garantir notre saine alimentation. La place croissante faite à l’urbanisation nous fait un devoir d’assurer à la faune sauvage des espaces de vie non pas « tranquilles », car la « tranquillité » ne ressort pas de la vie sauvage, mais aussi naturels que possible. Le nombre toujours plus important des animaux de compagnie oblige ceux qui les adoptent à s’engager pour connaître et satisfaire leurs véritables besoins premiers tout le temps de leur vie.

La chasse invite particulièrement à cette réflexion, et la chasse à courre plus encore qui entretient avec les animaux une relation intense. Pour les animaux que chassent les veneurs, leur observation et leur connaissance concourent à la prise et donc à la mort ; c’est l’objectif de la chasse. Pour les chiens, et les chevaux, le soin qui leur est apporté constitue la condition de leur capacité à chasser. L’ambiguïté de ces relations, qui font que la connaissance des uns conduit à leur mort et celle des autres à leur performance, n’est qu’apparente. Car dans cette affaire, l’homme-veneur n’est que le témoin actif d’un phénomène naturel bien antérieur à son existence-même : celui de la prédation.

De l’antispécisme, de la cohabitation des hommes et des animaux, du devoir de préserver la faune sauvage, du bien-être de nos chiens et de nos chevaux, et de la prédation nous reparlerons dans les prochains épisodes de cette chronique.

Un document, intitulé « Vènerie & bien-être animal », réunit les principaux arguments sur ce thème. Il est disponible sur simple demande à agallon@venerie.fr

Les élèves ostéopathes au chenil du Rallie Touraine

Nos chevaux et nos chiens sont des athlètes au service de la vénerie ; comme tout athlète, ils doivent bénéficier de tous les soins pré et post activité sportive. 

Les 10 et 12 octobre 2022, 36 étudiants et 4 enseignants de Bioproxia – école d’ostéopathie animale – ont été accueillis au Rallie Touraine, afin de tester leurs techniques et pratiques in vivo. Ils ont ainsi pu manipuler, toute la journée, 15 chiens et 12 chevaux, percevoir tous les soins apportés par les veneurs pour respecter leurs partenaires et complices de chasse et de passion, et comprendre les contextes dans lesquels ils pratiquent leur activité. 

Une occasion pour des praticiens et futurs praticiens de mieux comprendre les soins que prodiguent les veneurs à leurs compagnons avec un éclairage différent de celui qu’une certaine idéologie voudrait bien leur donner. 

Cette expérience devrait se répéter tous les ans pour le bien-être de tous. 

Victoire pour la corrida

Ce jeudi 24 novembre après-midi, ils étaient des centaines de milliers d’amoureux de la corrida à retenir leur souffle. L’animaliste Aymeric Caron, député de La France Insoumise, portait devant l’Assemblée nationale une proposition de loi demandant l’abolition de la corrida dans le cadre de la niche parlementaire réservée à son groupe ; ç’aurait pu, tout autant, être la chasse à courre. Il ne s’agit donc pas ici de déterminer si on est « pour » ou « contre » la corrida, mais bien plutôt d’analyser la façon dont nos députés ont accueilli l’idéologie animaliste.

Programmée en deuxième position parmi les propositions du groupe, l’interdiction de la corrida prévalait aux yeux des insoumis sur des sujets plus proches d’enjeux économiques ou sanitaires ; cette « fuite en avant sociétale » fut d’ailleurs dénoncée par le député LR de l’Ain, Xavier Breton. Aux alentours de 17h00, le rapporteur Caron exposa donc les motivations de sa proposition dans une envolée rhétorique soigneusement étudiée pour « fendre l’âme. »

Dominique Faure, secrétaire d’Etat chargée de la ruralité, lui succédait à la tribune pour faire valoir l’avis défavorable du gouvernement. Assurant respecter l’émotion de ceux qui sont « pour » tout autant que de ceux qui sont « contre », elle évoqua la culture ancestrale qui relie chaque territoire à son histoire, précisant que la pratique de la tauromachie n’était autorisée que dans cinquante villes. Surtout, le gouvernement n’entendait pas fracturer le pays en temps de crise, à des fins politiciennes, bien d’autres préoccupations (pouvoir d’achat, énergie, guerre, déserts médicaux) animant légitimement nos concitoyens. Elle vanta les mérites d’une France plurielle, et la nécessité de respecter nos différences en démocratie.

Cette approche nuancée ouvrait la porte à un débat dont plusieurs députés ont regretté qu’il ne se tienne finalement pas car à 17h32, le député Caron, tel un enfant capricieux à qui on refuse un jouet, jeta l’éponge. Il retirait sa proposition de loi. Il en va ainsi du totalitarisme animaliste ; il ne débat pas, il ne concède pas ; il interdit, il sanctionne, il abolit.

Il faut revenir sur les jours qui ont précédé ce 24 novembre, au cours desquels les animalistes ont multiplié les tentatives d’intimidation, envahissant les messageries des députés, menaçant ceux qui ne voteraient pas la proposition abolitioniste. Beaucoup d’élus ont ainsi pris conscience que, bien au-delà de la corrida, c’est à une entreprise de dépossession du patrimoine matériel et immatériel que conviait Aymeric Caron. Dans le JDD du dimanche précédent, 217 élus s’étaient clairement prononcés : « nos traditions doivent résister à l’éco-totalitarisme »

Par son sectarisme radicalisé, le député Caron a fini par convaincre une majorité de députés de voter contre sa proposition. Ainsi que le soulignait Alexis Brézet dans sa chronique sur Europe 1 le matin-même, les afficionados peuvent lui dire merci.

Finalement, la corrida ressort probablement plus forte et plus légitime de cet épisode parlementaire, qui a mis à nu l’intransigeance animaliste, incompatible avec la vie démocratique. La corrida a su aussi faire comprendre ses spécificités, entre autres par la voix d’El Rafi, un jeune torero de 23 ans, dont il faut avoir entendu l’interview sur France Inter, plein d’une flamme et d’un charme auxquels la journaliste Sonia Devillers qui l’interrogeait ne fut pas insensible.

Pour cette fois, les éco-dingos ont perdu et nos élus ont démontré, dans leur grande majorité, leur sagesse et leur sens de la mesure ; mais l’idéologie animaliste n’a pas disparu pour autant. Restons mobilisés sans relâche pour en dénoncer les outrances.

Chasse à courre et bien être animal #2 : la mutation fantasmée du règne animal

Nous avons rompu avec les bêtes réelles, qu’elles soient sauvages ou domestiques. Et, à la place de celles-ci, s’est développé […] un nouveau type de faune, d’où est né un nouveau rapport à l’animalité : les animaux de compagnie, au travers desquels est vu tout le règne animal.  Francis Wolf, philosophe 

Si la question du bien-être animal est devenue un sujet de société, elle le doit essentiellement à des raisons démographiques qui se sont précipitées au cours des dernières décennies : le nombre des ruraux ne cesse de décroitre. Au début du XXème siècle, les deux tiers de la population française vivaient à la campagne ; ils ne sont plus que 19%. Les agriculteurs représentent aujourd’hui 1,5% des actifs. Ils en représentaient encore 7,1% en 1982 (source INSEE). 

C’est dire qu’avec le lien à la vie rurale s’est perdu, chez nos contemporains, une sensibilité aux phénomènes de la nature et à l’altérité animale. Il y a quarante ans, on concevait encore la condition animale dans sa diversité, animaux domestiques (et non de compagnie, on y reviendra), animaux de labeur et faune sauvage, elle-aussi très diverse. Les animaux domestiques avaient une utilité : le chat éloignait rats et souris et le chien gardait les troupeaux. Les animaux de labeur étaient encore ceux de la ferme, qu’on voyait naître, grandir et nourrir les humains sous des formes variées (lait et viande). Et la faune sauvage, dans sa diversité, cohabitait avec les activités humaines. Une grande partie de la population, qui peuplait ou visitait nos campagnes, était le témoin de cette vie animale. C’était il y a quarante ans et même un peu plus. 

A cette vie animale réelle, s’est substituée, dans l’inconscient collectif une vie animale fantasmée. Elle est constituée du bestiaire de Walt Disney, où les oiseaux parlent à Cendrillon et où le lionceau est l’ami du phacochère, et des animaux de compagnie. La compagnie : étymologiquement, ceux avec qui on partage le pain. Cela dit tout de la place prise par ces animaux d’un nouveau type dans la vie de ceux qui les adoptent ; celle d’un compagnon (ce même terme par lequel on identifie désormais son partenaire de vie, autrefois conjoint, mari ou époux). On comprend mieux pourquoi s’y est associé rapidement un anthropomorphisme ravageur, qui conduit à prêter aux animaux « de compagnie » les mêmes besoins et sensations que les humains. Et ainsi à les associer aux besoins des humains, à les humaniser : l’anthropomorphisme sous-jacent prépare ainsi le terrain à l’antispécisme, cette idéologie qui ne distingue pas les animaux des hommes. 

Dès lors qu’on identifie les animaux aux humains, l’élevage, les zoos et les cirques, la corrida ou la chasse, ne paraissent plus que comme une immense barbarie, sentiment fondé sur le fantasme originel évoqué ci-dessus. Les hommes politiques et les « influenceurs » sont sommés de se positionner par rapport à cette question. On évoque le « bien-être » animal, comme une nécessité absolue. Quand le bien-être des humains lui-même s’avère si difficile à satisfaire entre la guerre, les maladies et la soif insatiable d’un « bonheur jamais atteint », quelle définition du bien-être animal pourrait-on donner ?  

A suivre… 

Un document, intitulé « Vènerie & bien-être animal », réunit les principaux arguments sur ce thème. Il est disponible sur simple demande à agallon@venerie.fr

Incohérences animalistes

Le rédacteur de ces lignes s’est récemment trouvé à débattre avec une jeune vétérinaire, une représentante de PETA (People for the Ethical Treatment of Animals) et Muriel Fusi, co-présidente du parti animaliste et candidate malheureuse à plusieurs élections. Le débat, qui portait spécifiquement sur les chiens de chasse, était conduit par un éducateur canin qui, selon ses dires, ne prenait pas position, mais était totalement ignorant des spécificités des chiens de meute. Ce débat, capturé en vidéo, a duré près d’une heure ce qui a laissé tout le temps aux parties de s’exprimer. Qu’en ressort-il ? 

L’animateur du débat, éducateur canin, exprima tout d’abord l’inquiétude des populations face à une chasse à courre. La meute est-elle dangereuse ? Doit-on craindre pour soi-même ou pour son propre chien ? Il faut sans doute y voir l’effet persistant de la malheureuse affaire Pilarski, survenue en novembre 2019 dans l’Aisne, dans laquelle les chiens de vènerie, un temps suspectés, furent bientôt innocentés. Les veneurs devront longtemps encore expliquer que leurs chiens ne sont pas dangereux. Les présentations de meutes dans les fêtes de la chasse, où les enfants sont conviés au milieu des chiens, contribuent pour une part significative à en faire la démonstration. 

Au premier rang des arguments qui nous sont opposés viennent les conditions de vie des meutes, et notamment leur hébergement : il est aisé d’y répondre par les normes imposées par les services de l’Etat à la construction d’un chenil. Cette contrainte réglementaire était inconnue de mes contradictrices, qui, dans le souci de polémiquer, en furent réduites à s’enquérir de la fréquence des visites de contrôle des services vétérinaires… 

Les unes et les autres se sont également appliquées à multiplier les exemples de chiens maltraités par des chasseurs : la vétérinaire qui les soigne après des blessures de chasse comme les deux militantes animalistes, évoquèrent de nombreux « témoignages de terrain. » Et quand bien même elles allaient chercher leurs exemples jusque dans l’Aude, où on ne chasse pas à courre, tout mauvais traitement de chiens de chasse rejaillit sur l’ensemble de la communauté des chasseurs, veneurs compris. Une seule solution en ce cas, faire écho à leur dénonciation. 

Nous en arrivions donc, peu à peu, à un moment du débat où nos points de vue, nos sentiments et les contraintes réglementaires qui venaient les appuyer auraient pu nous conduire vers une sorte de concorde inattendue. Par affection pour leurs chiens d’abord, par la connaissance aigüe de la relation particulière qui les lie au « meilleur ami de l’homme », et aussi par simple souci d’efficacité (des chiens maltraités ne chassent pas bien), les veneurs prennent le plus grand soin de leurs meutes.  

Cette issue du débat était insatisfaisante pour deux de mes interlocutrices, dont le fond de commerce consiste à ne pas aimer les chasseurs. A bout d’arguments, Muriel Fusi, co-présidente du parti animaliste, dégaina les deux charges qui devaient, à son sens, lui valoir la « victoire » : nous marquions nos chiens au fer rouge et nous les affamions les veilles de chasse, « afin qu’ils chassent mieux » (sic). Muriel Fusi, qui venait de prétendre avoir déjà suivi des chasses à courre, démontrait ainsi le contraire. Au mépris de toute galanterie, je fus contraint de le lui faire remarquer. 

La seule barrière qui se dresse entre les veneurs et les « amis des animaux » est celle de l’idéologie animaliste. Notre souci du chien est fondamentalement le même, mais il serait intolérable pour les animalistes d’en convenir, puisque leur but irraisonné est l’interdiction de la chasse. Continuons donc inlassablement d’y opposer la vérité irréprochable de nos chenils et aimons nos chiens ! 

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Vènerie & Bien-être animal

Le bien-être animal s’est invité dans le débat de société. Les veneurs refusent d’abandonner cette thématique à la vision doctrinale des écolos ; nous voulons même en faire notre cheval de bataille. Nul mieux que nous ne connait nos chiens, nos chevaux et les animaux que nous chassons ; nous devons faire savoir pourquoi et comment nous respectons concrètement leur condition animale et sommes les meilleurs garants de leur intégrité ; une écologie de terrain, bien loin de la vision fantasmée des « zamis des zanimos ».

Plusieurs aspects seront abordés dans les prochains numéros de la lettre des amis :

  1. Le bien-être animal est devenu une question majeure de la société ; s’en gausser, serait aller à rebours de l’opinion et signer notre exclusion du monde moderne alors que la vènerie s’est toujours attachée à trouver sa place dans son époque.
  2. Le lien homme/animal a été et demeure vital pour l’évolution de l’espèce humaine ; c’est au contact des bêtes et avec elles que l’homme a connu un développement spécifique qui fait de lui une espèce à part. Comme le dit la philosophe Bérénice Levet, « un homme sans contact avec le monde sensible est un homme mutilé ». Il est donc vital de conserver ce lien.
  3. Les activités humaines se sont développées au détriment de la nature sauvage et des animaux qui l’habitent ; il est de la responsabilité patrimoniale de l’homme de conserver des espaces dans lesquels la faune sauvage subsiste à côté des activités humaines.
  4. L’antispécisme est une idéologie iconoclaste qui n’intéresse, sans les convaincre, que les trend-setters de tout poil qui ne voudraient surtout pas être en retard d’une mode ; de plus en plus de penseurs du monde contemporain en dénoncent les dérives, les incohérences et les dangers.
  5. C’est avec chiens – et chevaux pour certains – que les veneurs chassent des animaux sauvages. Il nous faudra expliquer comment et pourquoi la vie que les veneurs offrent aux uns et aux autres est une belle vie, pourquoi un chien est plus heureux lorsqu’il court en forêt, serait-ce pour y rencontrer les dangers propres au noble déduit, que dans le confort douillet des canapés d’un salon, interrompu seulement pour un petit tour en laisse sur des trottoirs citadins.

Nous démontrerons pourquoi les veneurs sont les vrais amis des animaux, en ceci que nous respectons leur vraie nature. Nous expliquerons notre fascination pour la ruse des animaux que nous chassons, qui constitue notre principale motivation à les chasser, bien loin de l’obsession morbide que nos détracteurs voudraient nous prêter. Nous dirons aussi notre admiration pour l’intelligence de nos chiens et la vigueur de nos chevaux. Nous dirons notre amour de la vraie nature, que tout néophyte perçoit dès sa première rencontre avec la chasse à courre.

C’est à ce programme que nous vous convions dans les prochains numéros de la lettre des amis. Un document a été rédigé pour synthétiser cette argumentation. Il est disponible sur simple demande à communication@venerie.fr