Chasse à courre et bien être animal #2 : la mutation fantasmée du règne animal

Nous avons rompu avec les bêtes réelles, qu’elles soient sauvages ou domestiques. Et, à la place de celles-ci, s’est développé […] un nouveau type de faune, d’où est né un nouveau rapport à l’animalité : les animaux de compagnie, au travers desquels est vu tout le règne animal.  Francis Wolf, philosophe 

Si la question du bien-être animal est devenue un sujet de société, elle le doit essentiellement à des raisons démographiques qui se sont précipitées au cours des dernières décennies : le nombre des ruraux ne cesse de décroitre. Au début du XXème siècle, les deux tiers de la population française vivaient à la campagne ; ils ne sont plus que 19%. Les agriculteurs représentent aujourd’hui 1,5% des actifs. Ils en représentaient encore 7,1% en 1982 (source INSEE). 

C’est dire qu’avec le lien à la vie rurale s’est perdu, chez nos contemporains, une sensibilité aux phénomènes de la nature et à l’altérité animale. Il y a quarante ans, on concevait encore la condition animale dans sa diversité, animaux domestiques (et non de compagnie, on y reviendra), animaux de labeur et faune sauvage, elle-aussi très diverse. Les animaux domestiques avaient une utilité : le chat éloignait rats et souris et le chien gardait les troupeaux. Les animaux de labeur étaient encore ceux de la ferme, qu’on voyait naître, grandir et nourrir les humains sous des formes variées (lait et viande). Et la faune sauvage, dans sa diversité, cohabitait avec les activités humaines. Une grande partie de la population, qui peuplait ou visitait nos campagnes, était le témoin de cette vie animale. C’était il y a quarante ans et même un peu plus. 

A cette vie animale réelle, s’est substituée, dans l’inconscient collectif une vie animale fantasmée. Elle est constituée du bestiaire de Walt Disney, où les oiseaux parlent à Cendrillon et où le lionceau est l’ami du phacochère, et des animaux de compagnie. La compagnie : étymologiquement, ceux avec qui on partage le pain. Cela dit tout de la place prise par ces animaux d’un nouveau type dans la vie de ceux qui les adoptent ; celle d’un compagnon (ce même terme par lequel on identifie désormais son partenaire de vie, autrefois conjoint, mari ou époux). On comprend mieux pourquoi s’y est associé rapidement un anthropomorphisme ravageur, qui conduit à prêter aux animaux « de compagnie » les mêmes besoins et sensations que les humains. Et ainsi à les associer aux besoins des humains, à les humaniser : l’anthropomorphisme sous-jacent prépare ainsi le terrain à l’antispécisme, cette idéologie qui ne distingue pas les animaux des hommes. 

Dès lors qu’on identifie les animaux aux humains, l’élevage, les zoos et les cirques, la corrida ou la chasse, ne paraissent plus que comme une immense barbarie, sentiment fondé sur le fantasme originel évoqué ci-dessus. Les hommes politiques et les « influenceurs » sont sommés de se positionner par rapport à cette question. On évoque le « bien-être » animal, comme une nécessité absolue. Quand le bien-être des humains lui-même s’avère si difficile à satisfaire entre la guerre, les maladies et la soif insatiable d’un « bonheur jamais atteint », quelle définition du bien-être animal pourrait-on donner ?  

A suivre… 

Un document, intitulé « Vènerie & bien-être animal », réunit les principaux arguments sur ce thème. Il est disponible sur simple demande à agallon@venerie.fr

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