Victoire pour la corrida

Ce jeudi 24 novembre après-midi, ils étaient des centaines de milliers d’amoureux de la corrida à retenir leur souffle. L’animaliste Aymeric Caron, député de La France Insoumise, portait devant l’Assemblée nationale une proposition de loi demandant l’abolition de la corrida dans le cadre de la niche parlementaire réservée à son groupe ; ç’aurait pu, tout autant, être la chasse à courre. Il ne s’agit donc pas ici de déterminer si on est « pour » ou « contre » la corrida, mais bien plutôt d’analyser la façon dont nos députés ont accueilli l’idéologie animaliste.

Programmée en deuxième position parmi les propositions du groupe, l’interdiction de la corrida prévalait aux yeux des insoumis sur des sujets plus proches d’enjeux économiques ou sanitaires ; cette « fuite en avant sociétale » fut d’ailleurs dénoncée par le député LR de l’Ain, Xavier Breton. Aux alentours de 17h00, le rapporteur Caron exposa donc les motivations de sa proposition dans une envolée rhétorique soigneusement étudiée pour « fendre l’âme. »

Dominique Faure, secrétaire d’Etat chargée de la ruralité, lui succédait à la tribune pour faire valoir l’avis défavorable du gouvernement. Assurant respecter l’émotion de ceux qui sont « pour » tout autant que de ceux qui sont « contre », elle évoqua la culture ancestrale qui relie chaque territoire à son histoire, précisant que la pratique de la tauromachie n’était autorisée que dans cinquante villes. Surtout, le gouvernement n’entendait pas fracturer le pays en temps de crise, à des fins politiciennes, bien d’autres préoccupations (pouvoir d’achat, énergie, guerre, déserts médicaux) animant légitimement nos concitoyens. Elle vanta les mérites d’une France plurielle, et la nécessité de respecter nos différences en démocratie.

Cette approche nuancée ouvrait la porte à un débat dont plusieurs députés ont regretté qu’il ne se tienne finalement pas car à 17h32, le député Caron, tel un enfant capricieux à qui on refuse un jouet, jeta l’éponge. Il retirait sa proposition de loi. Il en va ainsi du totalitarisme animaliste ; il ne débat pas, il ne concède pas ; il interdit, il sanctionne, il abolit.

Il faut revenir sur les jours qui ont précédé ce 24 novembre, au cours desquels les animalistes ont multiplié les tentatives d’intimidation, envahissant les messageries des députés, menaçant ceux qui ne voteraient pas la proposition abolitioniste. Beaucoup d’élus ont ainsi pris conscience que, bien au-delà de la corrida, c’est à une entreprise de dépossession du patrimoine matériel et immatériel que conviait Aymeric Caron. Dans le JDD du dimanche précédent, 217 élus s’étaient clairement prononcés : « nos traditions doivent résister à l’éco-totalitarisme »

Par son sectarisme radicalisé, le député Caron a fini par convaincre une majorité de députés de voter contre sa proposition. Ainsi que le soulignait Alexis Brézet dans sa chronique sur Europe 1 le matin-même, les afficionados peuvent lui dire merci.

Finalement, la corrida ressort probablement plus forte et plus légitime de cet épisode parlementaire, qui a mis à nu l’intransigeance animaliste, incompatible avec la vie démocratique. La corrida a su aussi faire comprendre ses spécificités, entre autres par la voix d’El Rafi, un jeune torero de 23 ans, dont il faut avoir entendu l’interview sur France Inter, plein d’une flamme et d’un charme auxquels la journaliste Sonia Devillers qui l’interrogeait ne fut pas insensible.

Pour cette fois, les éco-dingos ont perdu et nos élus ont démontré, dans leur grande majorité, leur sagesse et leur sens de la mesure ; mais l’idéologie animaliste n’a pas disparu pour autant. Restons mobilisés sans relâche pour en dénoncer les outrances.

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