Dunning et Kruger : surconfiance et vènerie

Les psychologues Dunning et Kruger ont travaillé, dans les années 1990, sur l’effet de « surconfiance », par lequel les moins qualifiés dans un domaine surestiment leur compétence. Ainsi qu’on va le voir, si elle n’est pas la seule, la vènerie nous offre de nombreux exemples de cet effet, modélisé par les deux chercheurs.

L’hypothèse démontrée est que l’ignorance engendre plus fréquemment la confiance en soi que ne le fait la connaissance. Ainsi en est-il du veneur débutant, qui, après quelques laisser-courre suivis avec fougue, émet rapidement des avis définitifs sur la qualité des chiens, le moment où ils ont fait change, là où reste l’animal que nous avons manqué, et la (piètre) qualité de ses comparses veneurs. Ainsi en est-il aussi, dans un autre registre, de nos opposants qui ne viennent vérifier sur le terrain que les théories qu’ils ont échafaudées dans l’abstrait et estiment valider leurs hypothèses pour avoir tenté de suivre de loin des équipages auxquels ils n’ont pas même daigné parler. C’est le moment, décrit par l’étude Dunning-Kruger, où la compétence est faible et la confiance en soi énorme, bien nommée « montagne de la stupidité » par certains.

Mais ceux qui veulent bien faire montre du doute et de la curiosité nécessaires à la véritable découverte de toute chose, vont bientôt progresser, pas à pas, dans l’expertise. Le jeune veneur comprendra que l’erreur d’appréciation le guette, lui-aussi, à chaque coin de bois, que les mystères de la voie sont insondables, qu’il serait vain, en vènerie, de prétendre trouver réponse à toute question, et que l’incertitude de ses comparses est bien souvent la preuve de leur sagesse. Avec l’autoévaluation réaliste de ses compétences, il apprendra l’humilité.

De même, celui qui, bardé de certitudes, prétendait s’opposer à la chasse à courre en agissant « sur le terrain », découvrira bientôt, s’il y met du doute et de la curiosité, une réalité tout autre des clichés dont on lui avait bourré le crâne ; et l’excellent témoignage d’Aimy recueilli en vidéo démontre bien le tissu d’invraisemblances dont sont abreuvés les militants embrigadés par nos opposants.

Ce deuxième temps où l’expertise s’accroit et où la confiance en soi diminue est qualifié de « vallée de l’humilité » par les mêmes commentateurs de l’étude Dunning-Kruger.

S’ensuit alors la phase de la maturité, celle où l’expertise et, peu à peu, la confiance en soi augmentent. Le veneur, au prix de longues journées d’hiver passées avec les chiens, comprendra progressivement mieux leur langage et les messages qu’ils lui envoient. De nombreuses retraites manquées auront forgé sa connaissance des ruses des animaux, sans jamais être certain de celles qu’ils ont employées pour le dépister à nouveau. Peu à peu, doutant toujours, il apprendra à faire humblement confiance en son expertise croissante. Quant à l’opposant converti, ses goûts le porteront, au choix, à rejoindre les rangs des veneurs (c’est le cas d’Aimy), ou à porter ailleurs les pas de son ardeur militante, là où de vrais combats sont à mener.

L’humble confiance ou l’humilité confiante : un programme de vie !

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