11 décembre 2021 – Le cheval de chasse à courre, résistant et respectueux

Après avoir évoqué la place du chien dans la pratique de la chasse à courre, zoom aujourd’hui sur le cheval avec le Vautrait de Ragy qui chasse le sanglier dans les forêts de la région chalonnaise.

Le Vautrait de Ragy, dont les maîtres d’équipage sont Pierre Ackermann et Céline Vogel, secondés par Mathieu Guignier, a obtenu son certificat de vénerie en 2012. L’équipage est composé de 40 membres.

« En moyenne, nous sommes 7 à 8 cavaliers, des cyclistes et beaucoup de suiveurs à pied car l’intérieur de la forêt et les chemins ruraux sont interdits aux véhicules à moteur », explique Pierre Ackermann. En revanche, deux routes traversent la forêt pour le plus grand bonheur des suiveurs en voitures.

« C’est avec la domestication du cheval qu’est née la chasse à courre telle qu’elle est connue aujourd’hui et qui bénéficie d’un réel engouement », précise Pierre Ackermann. « Les maîtres d’équipage souhaitent que le Vautrait de Ragy reste un équipage convivial, familial, accessible à tous, notamment aux jeunes afin de pouvoir assurer la relève et de faire perdurer la vénerie. »

La chasse à courre, une seconde carrière pour les chevaux de course

L’équipage utilise deux types de chevaux, des trotteurs et des pur-sang, qui passent toute l’année au pré. « La vénerie offre une deuxième carrière aux chevaux de course. Ces chevaux ont l’endurance et le caractère pour cette nouvelle activité. L’équitation de vénerie est une discipline reconnue par la Fédération française d’équitation », souligne Céline Vogel. « La chasse à courre est une activité équestre d’extérieur, pratiquée sur un territoire varié et parfois accidenté. Il est primordial d’avoir un cheval bien entraîné qui doit être en confiance avec son cavalier. »

Quelles sont les caractéristiques d’un cheval de chasse à courre. « Il doit avoir un bon dos, un rein court, des aplombs impeccables, des attaches basses », répondent les professionnels du secteur. « L’entraînement est celui de l’endurance et du concours complet. Le cheval doit être calme, accepter la présence des chiens et l’harmonie des fanfares sonnées pendant la chasse par le cavalier. Il doit aussi pouvoir isoler le claquement du fouet. Il bénéficie de l’équitation propre au cavalier qui, en libérant l’encolure, met le cheval dans un équilibre naturel. »

De son côté, Céline Vogel, estime que « le cheval a, grandement favorisé la féminisation de la chasse à courre. À cheval, derrière sa meute, Marguerite de Bourgogne, dès le XIV e siècle, a ouvert la voie ». Pratiquer la chasse à courre « c’est vibrer au son des trompes, au récri des chiens et au rythme des sabots des chevaux ».

Afin de garantir le bien-être de leurs chevaux, le Vautrait de Ragy applique à la lettre la charte des cavaliers de chasse à courre dont voici un extrait.

Au quotidien

« J’adopte une attitude respectueuse envers mon cheval. Mon cheval de chasse reçoit les soins indispensables : il est vermifugé ; il est à jour de vaccinations ; ses pieds sont régulièrement curés et graissés ; il est ferré entre 6 et 8 semaines. Le dentiste, passe tous les ans. L’ostéopathe * passe systématiquement une fois ou deux par an.

Un entraînement adapté

« Mon cheval de chasse fait l’objet d’un entraînement adapté avant de démarrer la saison de chasse ; il est tondu ; sa crinière est faite ou tondue ; sa queue est brossée ; il arrive propre au rendez-vous ; il est ferré au moins des antérieurs. »

Avant de partir à la chasse

« Je veille avant d’aller à la chasse à ce qu’il ne soit pas agressif avec les autres chevaux ; qu’il ne tape pas les chiens ni les personnes.

Mon équipement est adapté : le mors correspond à la bouche du cheval et à ma main ; il est parfaitement ajusté ; tout mon matériel est propre et adapté à mon cheval. »

Pendant la chasse

« Mon cheval part tranquillement au pas du rendez-vous le temps de s’échauffer ; il ne sort à aucun moment de son train sans mon autorisation.

Je rentre au pas au lieu du rendez-vous. Je desselle, retire la bride et lui mets un licol une fois arrivé au camion. Je suis attentif à ce que mon cheval ne soit pas dans un courant d’air et lui mets rapidement une couverture (en fonction de la température extérieure). Je lui propose de l’eau en veillant à ce qu’il n’en boive pas trop et à ce qu’elle ne soit pas trop froide. »

Une fois rentré à l’écurie

« Je vérifie que mon cheval n’ait pas d’atteintes et, au cas où, je fais immédiatement le nécessaire. Je n’hésite pas à faire un cataplasme d’argile sur ses membres pour une meilleure récupération. Je m’assure qu’il ait bien uriné et mangé (au moins son foin). Je le rentre au box propre. Je m’assure qu’il ait de l’eau pour la nuit. »

Une fois la saison terminée

« Je baisse progressivement l’alimentation pendant trois semaines avant de mettre mon cheval au repos en pâture. Au préalable, j’ai pris soin de le vermifuger, de le déferrer (au moins des postérieurs) et de parer ses pieds. Je lui rends régulièrement visite au pré pour m’assurer qu’il va bien et qu’il ne manque de rien. »

La chasse à courre est encadrée par des règles strictes. La question du droit de propriété est intimement liée à cette pratique. Un animal chassé peut diriger sa course hors des limites du territoire où il est attaqué, et la chasse partir dans des propriétés riveraines. C’est la raison pour laquelle le Vautrait de Ragy paie une location pour le droit d’attaque sur son territoire et sollicite un droit de suites autour dudit territoire. Cette autorisation a été d’autant plus facile à obtenir que les loueurs sont convaincus que la vénerie est capable d’assurer une gestion naturelle et qualitative de la faune sauvage. Par ailleurs, Pierre Ackermann assure « qu’il faut toujours rester vigilant sur le comportement des veneurs et des suiveurs, mais surtout rester conscient que lorsqu’on déborde du territoire d’attaque notre attitude doit être irréprochable puisque nous sommes tolérés ».

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