La vènerie, école de tempérance et de tolérance

Que nous apporte la pratique de la chasse à courre, par-delà les émotions du noble déduit ? Qu’apprend-on et que transmet-on à ses enfants, quand on a la chance de leur faire partager sa passion pour la vènerie ? Parmi les nombreux enseignements, le respect paraît bien avoir une place particulière.

Respect de l’expertise des hommes, tout d’abord, tant sont diverses et complémentaires les compétences auxquelles il est fait appel pour chasser à courre. L’expertise de ceux qui servent les chiens, bien sûr ; ils bénéficient d’une grande partie du prestige associé au succès d’une journée ou de la responsabilité de son échec ; mais aussi, expertise de ceux qui soignent, nourrissent et dressent les meutes et les chevaux ; de ceux qui font le bois et donnent une brisée précise, déterminante pour la suite de la journée.

Respect de l’âge des hommes, pas le respect distant de qui ne veut pas se mélanger, mais bien plutôt celui de la considération et de l’amitié vraies, générées par le partage de la même passion et l’intérêt pour l’expérience acquise. A mes débuts, mes « copains » de chasse avaient 30 ans de plus que moi ; aujourd’hui, c’est le contraire, avec le même bonheur et la même richesse de ces rencontres intergénérationnelles.

Respect de l’opinion des gens, car la cohabitation harmonieuse avec les riverains de nos forêts et de nos prairies nous fait un devoir de prendre en compte leur sensibilité par rapport à la chasse à courre.

Le respect, c’est aussi celui des chiens, dont le nez incomparable affronte les ruses de l’animal chassé. Et pourtant, ils ne sont pas infaillibles ! Et il appartient bien souvent au veneur de les « servir » pour les aider dans la difficulté, dans une complémentarité dont dépendra l’issue de la journée. Où l’on voit que le respect n’est pas synonyme d’admiration béate.

Le respect, c’est aussi celui des chevaux que l’on monte. L’effort demandé au cheval est long, les conditions géographiques et climatiques souvent difficiles ; nos chevaux sont de véritables coureurs de fond. Dans ce contexte, le veneur-cavalier, à l’écoute de sa monture, saura la solliciter avec mesure, afin qu’elle le conduise sans encombre jusqu’au bout de la journée.

Le respect, c’est enfin celui de l’animal chassé, celui de l’animalité sauvage, à laquelle l’homme occidental est aujourd’hui si déshabitué. Comprendre et admirer les ruses de nos animaux de vènerie, confrontés à leurs prédateurs depuis des centaines de milliers d’années et aujourd’hui aux chiens de meute, dans un combat d’où leur instinct les fait sortir vainqueur 3 fois sur 4. Mais aussi respect de l’animal s’il est vaincu par les chiens, salué et célébré au moment de sa mort : seule la vènerie ouvre les portes de ces mystères.

En résumé, le respect du veneur, c’est d’abord celui de la différence : humain ou animal. Tu es différent de moi, par tes aptitudes, tes goûts, tes gènes mêmes ; la pratique de la chasse à courre m’enseigne à te respecter. Ce respect de l’altérité n’est pas très à la mode actuellement, tant, dans de nombreux domaines, chacun semble vouloir imposer aux autres sa propre vision moralisante et tyrannique, sans nuance ni discussion. La vènerie, école de tempérance et de tolérance : qui l’eut cru ?

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