A travers les siècles, bien des veneurs s’emploient à faire connaître et partager leur passion pour la chasse à courre. Traités de vènerie, romans, essais, mémoires, ces témoignages sont divers dans leur forme et s’attachent à formuler, dans des écrits, des émotions qui parlent au cœur. La finalité de l’exercice est claire : transmettre. Transmettre des connaissances, faire découvrir et partager une passion, à ceux qui nous sont proches ou moins proches. Tout veneur n’est pas un écrivain, mais, presque tous, nous avons eu l’opportunité de faire découvrir la chasse à courre à des amis, notre conjoint, nos enfants.

Nos opposants exprimaient récemment dans une de leurs publications leur déplaisance de voir une jeune cavalière d’une dizaine d’années accompagner son père à la chasse, et stigmatisaient l’éducation à la barbarie à laquelle nous condamnons ainsi nos enfants ; n’ayant rien compris des richesses et des enseignements de la vènerie – et pour cause ! – il ne leur reste que l’indignation pour unique ressort intellectuel ; ils font donc, une fois de plus, erreur.

Nous sommes nombreux à avoir vécu ces instants qui constituent un des grands bonheurs de la vènerie. Ce jour où votre enfant vous accompagne à sa première chasse, précédée de bien des explications simples dès le plus jeune âge : les détails de l’action, la finesse du nez des chiens, les ruses de l’animal ; sa mort et la curée lorsque les chiens en triomphent.

Dès leurs premiers pas, ces découvreurs de la chasse à courre auront appréhendé les différentes étapes du cycle si naturel de la prédation avec d’autant moins de difficultés qu’ils s’y trouvaient confrontés jeunes et sans a priori ; dès leur plus jeune âge aussi, ils auront compris les vertus de l’effort, de la patience et de l’écoute, l’acceptation de l’échec, et la capacité à repartir stimulée par l’enthousiasme toujours renouvelé que procure la passion.

Le moment où votre enfant vous accompagne à la chasse pour la première fois, c’est celui où il a acquis la force physique – et l’expertise équestre pour ceux qui chassent à cheval – pour y participer. J’ai ainsi le souvenir de ma fille âgée de cinq ans, lâchée derrière un lièvre dans un labour bien gras de la terre bourbonnaise, et bientôt abandonnée par son indigne père. Bien sûr, elle fut récupérée par un suiveur bienveillant ; remise dans la course, elle repartit de plus belle, ayant compris que la suite de l’histoire se jouait « devant », et non pas dans un désespoir momentané d’arrière-garde ; quelle belle initiation ! 18 ans plus tard, elle est à la chasse tous les week-ends ; elle y connaît sans doute quelques-unes de ses plus grandes joies.

Les leçons de vie que nous procure le spectacle de la prédation naturelle de nos chiens sont d’une richesse énorme pour faire face aux défis du monde moderne. Alors, oui, nous autres veneurs avons le devoir de transmettre à ceux qui nous sont les plus chers les mille secrets de cet art incomparable.

Photo : Pascale Lajeunesse

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