7 juillet 2021 – Fermeture avec les Rallyes Chapeau et Piqu’Avant Bourgogne

En ce 31 mars 2021, jour de fermeture, le Rallye Chapeau découple en forêt de Jaligny-sur-Besbre dans l’Allier avec un invité de marque : le Rallye Piqu’Avant Bourgogne.

Rendez-vous a été donné très tôt pour cet ultime laisser-courre de la saison, à 7 h 30. Il est vrai que la météo n’est guère favorable, avec des températures anormalement élevées pour ce mois de mars, en tout cas bien trop hautes pour que les chiens chassent correctement dès la fin de matinée.

La plupart des boutons du Rallye Chapeau sont réunis pour la circonstance, dont le maître d’équipage Henri Tobie de Monspey et son remplaçant régulier quand il se trouve occupé à ses affaires en Russie, Stéphane Devaulx de Chambord , master de l’équipage. Un autre vautrait réputé est convié ce jour-là : le Rallye Piqu’Avant Bourgogne, dont le maître d’équipage, Michel Monot, est présent, accompagné de son fils Tristan qui mène les chiens et de quelques boutons.

Le rendez-vous est fixé devant le corps de ferme des gardes, situé à deux pas de la forêt de Jaligny-sur-Besbre. Au rapport, Jacques Laboue, l’un des boutons du Rallye Chapeau, dit avoir rembuché une compagnie. À 8 h 15, les cavaliers sont à cheval et la meute est découplée. Les chiens, qui ne trouvent pas les animaux indiqués au rembuché, rapprochent bientôt une autre compagnie cantonnée dans une enceinte voisine. Ils bousculent les animaux et ne tardent pas à trier un sanglier, qu’ils attaquent puis mènent très vite, si vigoureusement que l’animal de chasse, d’une centaine de livres, est rapidement pris au lieu-dit des Bessays. L’hallali est sonné au bout d’à peine une demi-heure de chasse, après que le sanglier couru a eu tout juste le loisir de sauter au « Chêne du rond ».

Une attaque bien menée

Il est donc environ 9 heures quand les deux équipages remettent leurs chiens à la voie. Après un court rapproché, ils attaquent vite un joli ragot de 160-180 livres au lieu-dit La Chaumière, qui vide son enceinte et débuche en plaine directement, droit vers le sud. Il s’engage à travers prés et cultures sur les propriétés du Vieux Chambord puis sur celles du Verger. C’est alors que la meute tape au change dans une compagnie de dix-huit sangliers baugés dans un bosquet. La voie devenant extrêmement mauvaise en raison de l’élévation de la température, un seul chien se maintient sur le cheminement de l’animal de chasse, qui poursuit son débuché droit devant avant de franchir d’un trait la route départementale de Cindré, où nous nous trouvons, juste devant nous. Son poursuivant est stoppé, et l’animal abandonné.

Dernière curée avant la saison prochaine

Suit une grosse bande d’animaux bien regroupés autour de la laie meneuse, sans doute ceux appartenant à la compagnie lancée au Verger, qui butent sur la route et reculent pour se caler dans un couvert d’épines noires en fleurs. Quant au joli mâle de 180 livres, il se serait ensuite esquivé par la Besbre en empruntant un pertuis, étroiture de la rivière entre un pan de forêt riveraine et un îlot sableux. Si la chasse est arrêtée alors qu’il est à peine 11 heures du matin, c’est encore une fois parce que les hautes températures du jour gênent considérablement le travail des chiens, qui sont en outre exposés à des coups de chaleur. Ceux qui viennent de taper au change ont reculé en forêt de Jaligny, où ils sont progressivement récupérés par des suiveurs. Même si le plus bel animal chassé s’est échappé, les deux équipages peuvent organiser la curée avec leur première prise. La cérémonie a lieu en fin de matinée dans le parc du château du Vieux Chambord, ancienne et superbe forteresse médiévale, construite au siècle et réaménagée en résidence d’habitation au siècle, qui appartient à la famille Devaulx de Chambord. Elle donne lieu à un petit festival de trompes de chasse, différentes fanfares étant sonnées par les deux équipages après que Tobie de Monspey a sacrifié au rite des honneurs du pied. Ce jour-là, deux pieds sont offerts à deux charmantes invitées. De nombreux suiveurs sont présents, à qui le meilleur accueil est réservé. Ils sont même invités pour un pot de l’amitié suivi d’un casse-croûte servi au pied du donjon, dans le respect des gestes barrières, bien sûr. Chacun y va de ses commentaires sur le déroulement de la chasse du jour et de la saison qui vient de se clore, dans une ambiance conviviale et fraternelle.

Le Rallye Chapeau

L’équipage, créé en 1904 par M. Michel Beauchamp, se distingue par une tenue verte à parement vert. Six ans avant la disparition du maître d’équipage, soit en 1960, le Rallye Chapeau fut repris par M. Henri de Monspey, puis, après son décès en 1983, par son épouse, Mme Monique de Monspey. Aujourd’hui, cette dernière, qui a conservé la présidence du vautrait, a donné le fouet à MM. Georges de Montlaur et son fils Henri Tobie de Monspey. Le Rallye Chapeau effectue une cinquantaine de sorties par an, auxquelles tout le monde peut assister, l’un des credo de l’équipage étant de mieux faire connaître – et apprécier ! – la vénerie. Parmi les boutons à cheval, au nombre d’une quinzaine, et auxquels s’ajoute une vingtaine de boutons dits « bénévoles », il y a des jeunes, bien sûr, dont Stéphane Devaulx de Chambord, le master de l’équipage, qui peut se prévaloir d’une solide expérience, notamment des chiens, à la fois en tant que bouton d’équipage dans le vautrait et en tant que veneur sous terre, un art que lui a enseigné son père. Stéphane est né dans la vénerie et espère bien lui consacrer l’essentiel de son existence.

Au Rallye Chapeau, on offre souvent le bouton à titre gracieux aux plus jeunes, en contrepartie de travaux d’entretien ou de rénovation effectués au chenil et d’une assistance à la chasse, surtout pour récupérer les chiens le soir. « La vénerie plaît aux jeunes », indique Stéphane, qui insiste sur l’ambiance sympathique et conviviale de ces journées ouvertes à tous, sans souci d’âge ou de classe sociale.

Une affaire de chiens

Mais la vénerie du sanglier offre une dimension supplémentaire : « C’est vraiment une chasse magnifique ! s’enthousiasme notre veneur. Rien n’est plus beau que les premiers abois sur un grand vieux sanglier à la bauge. Il y a de l’effervescence, de l’adrénaline. Une sensation très forte, car c’est la première confrontation entre le chien et l’animal, et cette dimension liée au danger quand vous vous apprêtez à servir l’animal, qui donnent toute son intensité à l’instant ! »

La meute du Rallye Chapeau comporte une centaine de chiens appartenant tous à la souche sélectionnée par M. Michel Beauchamp. Au début, il s’agissait pour une part de français blanc et noir, accompagnés d’un petit lot de grands griffons originaires du Rallye Bourbonnais et d’anglo-français tricolores. Tous ces chiens ont été croisés pour obtenir la meute que nous connaissons aujourd’hui, y compris avec des fox-hounds et des black and tan que Mme de Monspey est allée chercher en Écosse chez Sir Rupert Buchanan-Jardine. Mais elle a cessé depuis d’infuser ce sang, qui décuplerait l’agressivité au chenil.

Les anglo-français sont d’excellents rapprocheurs, qui apportent la vitesse, la finesse de nez et la gorge, tandis que les grands griffons donnent la robustesse, le courage aux abois et le mordant, aptitudes très importantes.

Ces qualités sont bonifiées par un entraînement quotidien au chenil et régulier à la chasse (le Rallye Chapeau découple chaque mardi et samedi), tâche dont s’acquitte, entre autres, Michel Villemon dit Découplé. Car la vénerie est d’abord une affaire de chiens qui font le spectacle. Les récris puissants de la meute qui rapproche, les attaques musclées, les superbes débuchés, cette notion d’espace et de liberté… C’est tout cela à la fois, le plaisir de chasser le sanglier à courre en Bourbonnais.

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