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Une chasse à courre avec 23 chiens a eu lieu samedi

24 janvier 2024

Malgré le froid, la chasse a été suivie par plus de 50 personnes, samedi. Organisée pour la première fois par la société de chasse communale, chasseur ou non chasseur, chacun pouvait suivre l’évènement à pied ou à vélo. La chasse à courre a débuté vers midi et rapidement un lièvre est parti devant les 23 chiens beagle de l’équipage du marais de Redon. Ce premier lièvre a échappé aux chiens. Plus tard, deux autres lièvres ont démarré devant les chiens mais aucun n’a été attrapé. La chasse s’est terminée en fin d’après-midi, tous les participants ont été satisfaits de cette journée. L’expérience sera donc renouvelée.

L’expression expliquée…à cor et à cris

29 janvier 2024

Nous avons parfois tendance, le rédacteur de ceci le premier, à vouloir écrire cette expression, à corps et à cris. Réclamer à corps et à cris voudrait dire réclamer en faisant de grands gestes et en parlant fort. Ce qui se tient.

Sauf que l’expression nous vient de vénerie et veut tout simplement dire chasser en utilisant un cor et poussant des cris. A cor et à cris.  Nous sommes donc sur un cas d’orthographe erronée, par méprise sur le sens et déformation de l’expression correcte, à cor et à cri, résultant de l’homophonie de cor et de corps.

Une artiste à la découverte de la vènerie

Liska Llorca est une artiste aux multiples talents. Un peu par hasard, elle a récemment assisté à sa première chasse à courre. Cela lui a inspiré quelques dessins et les quelques mots qui suivent. Quand la sensibilité d’une artiste rencontre le noble déduit.

« J’ai eu la chance et l’honneur d’être invitée à une chasse à courre il y a quelques jours. Passionnant, surprenant. Beaucoup d’énergies échangées et la communauté animal-humain « déroutante. » L’échec est parfois là, comme la réussite, la réflexion, la mise en défaut, la technique et la stratégie. Les chiens admirables. Les chevaux passionnés. Les hommes respectueux de la vie. Et une chose surprenante m’est apparue : c’est le son qui permet la chasse, celui des chiens, des trompes et des hommes ; tout n’est encore ici que vibrations, langage sans lequel rien ne serait possible. J’ai essayé de gribouiller aux recoins des forêts sur le vif, rapide. Exercice difficile mais très intéressant. Et puis écouter ces mélodies, les larmes viennent aux yeux par la beauté. »

Liska Llorca
Artiste peintre & plasticienne
Le 14 janvier 2024

Interview croisée des piqueurs de chevreuil

Les hommes de vènerie consacrent leur vie à la passion qu’ils partagent avec des milliers de veneurs. Ils la vivent au quotidien. Leur métier est exigeant ; cependant, peu d’entre eux en changeraient. Ça s’appelle une vocation. Vènerie a souhaité leur donner la parole pour faire mieux connaître les ressorts et les exigences de leur activité. Les interviewés d’aujourd’hui chassent le chevreuil. Leurs parcours sont variés : l’arrière-grand-père de l’un était déjà piqueur, l’autre a découvert la chasse à courre dans sa jeunesse ; l’un chasse dans les forêts picardes, d’autres dans l’Ouest de la France. Ils nous disent d’une même voix le bonheur de leur métier.

Antoine Gallon : Comment avez-vous découvert la vènerie ?

Débuché – Rallye Chouan : Je suis issu d’une famille de chasseurs ; en revanche ni mes parents, ni mes grands-parents n’étaient veneurs, mais lorsque j’étais adolescent, je suivais à pied les chasses à courre au chevreuil du Rallye Chouan qui se déroulaient à côté de la maison. Avec l’accord du maître d’équipage, je suivais les chiens en débucher, faisant parfois des parcours de plus de 10 kilomètres en courant. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle mon maître d’équipage m’a donné « Débuché » comme nom de vènerie.

Laverdure – Rallye Oléronnais : Arrière-petit-fils de Louis Brousseau et petit-fils de Guy Brousseau, je ne peux pas vraiment dire que j’ai découvert la vènerie ; je suis né dans une famille de veneurs en pleine saison de chasse ; j’ai donc assisté à mon premier laisser-courre à l’âge de 5 jours, qui plus est dans l’équipage où je suis actuellement piqueur car mon père y était bouton.

Vol au Vent – Rallye Pic’Hardi Chantilly : J’ai découvert la vènerie dans mon enfance grâce à ma famille qui m’emmenait en forêt voir, durant les vacances, l’Équipage Vénerie du Berry. Puis un ami me fit découvrir la vènerie du lièvre avec le Rallye Plaisance où j’ai beaucoup appris sur les chiens.

La Feuille – Équipage Brissac : J’ai toujours connu la vènerie parce que mon père était second à l’Équipage Champchevrier et ma mère a chassé toute sa vie. Au fil des années, je n’ai pas pu m’en passer, fasciné par le travail des chiens. J’ai d’abord suivi mon père, puis des louvetiers, avant de suivre Olivier de La Bouillerie pendant une dizaine d’années.

A. G. : Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce mode de chasse ?

Débuché : Le travail des chiens, le défi. Les difficultés auxquelles nous sommes confrontés pour prendre un chevreuil sont nombreuses. J’aime aussi beaucoup la trompe que je pratique depuis mon adolescence.

Laverdure : Je suis avant tout un grand passionné de chiens, de génétique. Ce qui me fait le plus vibrer avant l’acte de chasse en lui-même, c’est le travail du chien, voir les chiots de lignées sélectionnés devenir de bons chiens de vènerie. Je suis, je le pense, plus éleveur que chasseur.

Vol au Vent : J’ai été séduit tout d’abord par la chasse puis, les années passant, par le travail du chien et le contact avec le cheval.

La Feuille : J’ai participé à beaucoup de chasses à tir, au déterrage, et j’ai été plus particulièrement attiré par le chien et son travail !

A. G. : À quel moment et pourquoi avez-vous décidé d’en faire votre métier ?

Débuché : À 18 ans, après avoir suivi un apprentissage et obtenu un BEP de menuiserie, je suis parti dans une usine dans laquelle j’effectuais du montage de meuble. Travailler entre quatre murs, ce n’était pas vraiment mon truc, j’avais envie de grand air ; c’était il y a 30 ans. Cette année-là, Robert Rochais confia le fouet du Rallye Chouan à Henry Séchet qui devint alors maître d’équipage et qui me recruta au début comme valet de chiens, puis comme piqueur.

Laverdure : Depuis tout petit, je savais que je voulais être au contact des chiens. J’ai fait des études car mes parents le souhaitaient et je me suis donc naturellement orienté vers la filière forestière où j’ai passé un Bac Scientifique Biologie-Écologie puis un BTS Gestion Forestière. Les épreuves de BTS se terminant fin juin, le 1er juillet, à 20 ans, j’avais mon premier contrat de piqueur dans un équipage sans que ma famille soit au courant.

Vol au Vent : J’ai décidé à la fin de mes études, l’opportunité s’en présentant, d’en faire mon métier au grand désespoir de mes parents ; à la fin de mes études, je n’ai pas passé mon examen, car la place était à prendre à l’équipage mi-juin.

La Feuille : À l’âge de travailler, j’ai, comme mon frère, été engagé dans l’armée, et par chance, au même moment, une place s’est libérée dans un équipage plus au sud de la Touraine. Encouragé par mes parents, je me suis porté volontaire pour rentrer dans l’Équipage de Neubourg à Hervé de Boisset et découvrir le métier.

J’ai postulé pour faire le métier qu’au fond de moi, j’avais toujours eu envie de faire, comme Olivier Carré chez Champchevrier ou la Branche au Rallie Touraine. J’adore ce métier parce que le plaisir est dans le travail. Le matin lorsque je sors, je ne vais pas au travail, je vais voir mes chiens !

A. G. : Vous vivez chaque journée de l’année auprès de la meute ; qu’est-ce qui vous intéresse le plus dans la relation privilégiée que vous entretenez avec les chiens ?

Débuché : Les nourrir chaque jour, leur apporter le meilleur confort et les meilleurs soins possibles au plan sanitaire. Mais ce qui me procure les plus grandes sensations, c’est de les voir chasser. Pouvoir les observer, les entendre crier, les voir progresser.

Laverdure : C’est difficile pour moi d’expliquer la relation avec mes chiens, c’est un ressenti propre à chacun. Je sais que je ne pourrais pas vivre sans eux, ils sont tous différents, chacun a sa personnalité, sa susceptibilité. Quand on me demande combien j’ai de chiens au chenil, je réponds toujours : « Les chiens ce n’est pas un nombre ; si vous voulez le nom de chaque chien, je peux vous le dire et vous comptez ».

Vol au Vent : Ce qui m’intéresse, avec la meute, c’est son bien-être, que tout soit dans le calme au chenil et, à la chasse, que l’union fasse la force.

La Feuille : Pour moi, les meilleurs moments sont les matins de chasse, lorsque je fais le chenil, ou que je nourris les chiens. Ce sont des moments de complicité avec mes chiens que je n’ai pas à la chasse. Je préfère être seul le matin au chenil. C’est un moment précieux que j’ai du mal à partager. Pendant ces moments, je peux percevoir leur regard et la tendresse qu’ils me manifestent.

L’élevage est aussi une période magique. Ce sont des semaines très stressantes pour moi. Il faut toujours être sur le qui-vive, en surveillance. Je n’ai pas le droit à l’erreur. Si on loupe l’élevage, on loupe une saison. Nous choisissons les reproducteurs un an à l’avance avec des qualités de chasse, d’élégance et une bonne capacité de récupération.

A. G. : L’équipage qui vous emploie chasse le chevreuil ; qu’est-ce qui vous intéresse plus particulièrement dans la chasse de cet animal ?

Débuché : Le chevreuil est un animal difficile, d’une résistance incroyable, doté d’un instinct de survie que l’on ne peut imaginer. Au chevreuil, ce n’est jamais gagné, la moindre erreur des chiens ou des hommes peut être fatale.

Laverdure : J’ai chassé un peu tous les animaux, sauf le renard que je ne connais pas. Je trouve que la vènerie du chevreuil et celle du lièvre (dont je suis maître d’équipage avec des Beagles d’ailleurs) sont les plus techniques et subtiles. Au chevreuil, je mets entre 20 et 25 chiens, pas plus, c’est souvent les mêmes qui sortent deux fois la semaine, on les connaît par cœur, on est proche d’eux. Je dis souvent, je préfère en mettre 20 bons seulement que 20 bons et 10 moyens, c’est plus facile à gérer et il y a moins d’erreurs. Le chevreuil est un animal rusé, avec lequel il faut en permanence se torturer l’esprit. Le change est difficile à gérer avec des populations d’animaux qui explosent.

Une anecdote : on chasse un gros brocard, une chasse rondement menée pendant 3 heures sans défaut ; notre brocard est hallali courant à vue des chiens dans une futaie claire, et soudain, volatilisé, impossible de le retrouver malgré nos efforts, « rosalie ». C’est ingrat pour la meute et les hommes qui s’y sont donnés toute la journée, mais c’est la vènerie du chevreuil !

Vol au Vent : Ce qui m’attire dans la vènerie du chevreuil, c’est que je trouve un mixte entre la technicité de la vènerie du lièvre et le chassé de celle du cerf.

La Feuille : J’ai beaucoup chassé le lièvre dans mes premières années. La chasse au chevreuil se rapproche beaucoup de celle du lièvre. C’est un animal à la fois magnifique et très difficile à chasser. Ses ruses m’étonnent toujours.

Dans cette chasse, le travail du chien est passionnant. Il faut en permanence tenter de savoir ce que l’animal aurait pu faire et s’efforcer d’anticiper. Il faut réfléchir avant de tomber en défaut en fait.

A. G. : L’exercice de la chasse à courre au XXIe siècle conduit la Société de Vènerie à donner des recommandations et des consignes aux équipages. Comment recevez-vous ces recommandations ? Comment influent-elles sur votre manière de chasser ?

Débuché : C’est vrai, nous ne pratiquons plus la vènerie comme autrefois. Désormais, il faut faire preuve de prudence en toutes circonstances. Lors de l’hallali mais aussi durant la chasse, la traversée des routes, les droits de suite, les débuchés : tout devient « sensible ». Il faut parfois savoir renoncer et éviter de prendre le moindre risque, car, avec les réseaux

sociaux, le moindre incident, y compris en pleine campagne, peut se retrouver au journal télévisé le soir même. Mon maître d’équipage est très attaché au respect de toutes ces consignes et recommandations, mais, malgré les plus grandes précautions, nous ne sommes jamais à l’abri d’un incident.

Laverdure : Nous sommes encore assez privilégiés dans nos forêts, car nous avons les droits de suite en extérieur ; les anti-chasses sont bien venus quelques fois, mais ils ne comprennent pas trop la vènerie du chevreuil. En ce qui concerne les habitations, on a une zone un peu à risque au centre de la forêt dont les cavaliers ne s’approchent pas. Pour l’instant tout se passe bien, on passe en essayant d’être discret, poli et courtois. Il arrive que l’on prenne des chevreuils non loin de ces habitations, je reprends la meute et on se retire rapidement en forêt sans sonner.

Vol au Vent : Pour ce qui est de la vènerie au XXIe siècle, nous sommes obligés de s’adapter au nouvel environnement qui entoure et influe sur nos territoires. Nous ne pouvons plus laisser chasser nos chiens comme il y a encore quelques années. Nos chiens sont obligés d’être de vrais chiens d’ordre, chasseurs mais toujours sous la main, prêts à être repris à l’approche d’une ville, d’une route.

La Feuille : Cette année, nous avons dû arrêter 4 ou 5 fois. C’est stressant pour nous, mais l’urbanisation nous contraint à le faire. C’est très frustrant d’arrêter, pourtant il faut le faire. On arrive à s’en remettre mais les chiens ne comprennent pas. Arrêter, c’est dévastateur pour une meute qui est calée.

A. G. : Hormis l’entretien de la meute et votre participation à la chasse, quelles autres responsabilités vous incombent en qualité d’homme de vènerie ? Vous semblent-elles importantes ?

Débuché : J’essaie d’entretenir de bonnes relations avec tous les riverains des forêts dans lesquelles nous chassons, tout notre environnement mais aussi avec les supermarchés et les usines qui nous fournissent la nourriture pour les chiens. Compte tenu du nombre de chiens, notre chenil est soumis à « enregistrement » à la DDTM, ce qui exige un vrai suivi des procédures administratives.

Laverdure : J’ai la chance d’être dans un équipage qu’on pourrait dire familial, constitué en association, où chacun participe à sa manière avec un maître d’équipage très présent pour le bon déroulement de la vie de l’équipage. Hors l’entretien du chenil, l’élevage et l’action de chasse, je fais, avec l’accord de l’ONF, un peu de broyage en forêt dans les cloisonnements sylvicoles et d’ouverture d’allées pour le confort des laisser-courre et faciliter l’accès aux jeunes chiens.

Vol au Vent : Les autres responsabilités que nous pouvons avoir sont le relationnel avec l’environnement autour de nos territoires, comme les droits de suite qui sont très importants pour les laisser-courre de l’équipage dans nos petits territoires.

La Feuille : En plus des chiens, je m’occupe de trois chevaux. Je m’occupe aussi des relations avec les riverains. Il faut aller voir les gens, discuter, faire découvrir ce que l’on fait et comment on le fait. C’est aussi connaître son territoire. J’aime partir à la découverte de la forêt et de ses animaux, avant la saison, à pied, à vélo ou à cheval. Le mieux est d’y aller à cheval parce que les animaux ne voient pas l’humain en premier.

A. G. : Dans la société contemporaine, la vènerie est contestée par l’opinion, parfois jusqu’au cœur de nos forêts. Quelles vous semblent être les conditions de sa persistance ?

Débuché : Tout d’abord continuer à rendre la vènerie populaire et accessible aux jeunes, respecter les consignes et les recommandations, les faire respecter par les boutons et les suiveurs. Pour résumer, être respectueux de notre environnement, tout en respectant les traditions de la vènerie.

Laverdure : Le président de la Fédération Nationale des Chasseurs dit : « on ne doit plus vivre caché » et « la chasse, on ne doit pas la défendre, on doit l’expliquer ». Je pense qu’il a raison. Ça va être dur de faire changer l’opinion de la société actuelle « anti-tout » qui vit loin de la nature. Mais il est important de nous ancrer dans le paysage, montrer qu’on est là, qu’on existe, essayer d’attirer les personnes les plus ouvertes d’esprit. Et puis, je fais confiance à la Société de Vènerie qui a bien compris le tournant de notre existence et qui est de plus en plus présente sur le front.

Vol au Vent : À mon avis, il faut que nous soyons irréprochables aussi bien sur notre tenue, que vis-à-vis de nos animaux. Il faut que notre manière de chasser s’adapte même si c’est déstabilisant et pas du tout évident.

La Feuille : Je formule le vœu qu’il n’y ait pas d’incartade et que chacun respecte les directives de la Société de Vènerie. Il faut aussi expliquer la vènerie à ceux qui la critiquent et ne connaissent que ce qu’en disent les réseaux sociaux. Pour moi, nous sommes dans la beauté et la légalité, et il faut le dire.

A. G. : Quelles sont les qualités principales qui caractérisent un bon piqueur ?

Les réponses de nos interviewés se recoupent ; en voici donc la synthèse : Courage et passion, l’un sans l’autre ne suffit pas ; bon éleveur ; bon cavalier ; bon sonneur ; ponctualité ; bonne présentation ; respect, courtoisie et diplomatie envers les boutons, les propriétaires et les riverains ; bonne tenue du chenil ; soin et affection pour les chiens et les chevaux. Le travail au quotidien avec les chiens est un atout primordial pour la réussite à la chasse.

Et pour finir, trois qualités pour réussir : la confiance envers ses chiens ; l’écoute de ses chiens d’abord et ensuite des hommes ; la connaissance du territoire.

Lettre ouverte à Alain Finkielkraut

Cher Alain Finkielkraut,

Cher Maître,

C’est un honneur pour les chasseurs en général et les veneurs en particulier que vous ayez consacré à la chasse votre émission Répliques du samedi 13 janvier. Chaque semaine sur France Culture, vous vous faîtes, avec le soutien d’invités de haut niveau, un observateur remarquable du monde tel qu’il va. Pétri de culture littéraire et philosophique, vous faîtes résonner, au long de vos émissions, les vérités profondes d’une analyse éloignée des idées préconçues et de la doxa dominante.

Avec l’audace qui vous caractérise, vous avez choisi d’aborder ce sujet immémorial, la chasse, où l’homme rencontre l’altérité : le monde sauvage. Le risque était de vous voir chausser les lunettes de l’intellectuel urbain bien éloigné de cette rencontre fascinante de l’homme-chasseur avec la nature. Tel ne fut pas le cas. Votre émission fut passionnante ; elle m’inspire quelques commentaires.

Vous vous interrogez, avec votre invité vétérinaire, sur la sensibilité des animaux et leurs souffrances. Il est légitime qu’un praticien s’attache à réduire la souffrance. Mais la souffrance va de pair avec la sensibilité. La souffrance est l’expression extrême d’une sensibilité en alerte ; on ne se brûle que parce qu’on perçoit la chaleur. Tout organisme vivant est animé par une sensibilité : le tournesol qui suit le parcours du soleil pour s’en nourrir, comme la vache – que vous aimez tant – qui recherche le courant d’air plus que l’ombre par temps de canicule, ou la mousse qui se cache au Nord du tronc des arbres. La sensibilité, et donc la souffrance, c’est la vie. Tout être vivant ne doit sa survie qu’à sa capacité à ressentir. Qui ressent souffrira ; et c’est d’autant plus vrai dans la nature.

Avec votre amie Elisabeth de Fontenay, vous embrassez « les animaux » dans une condition unique et généralisante ; la chasse vous invite à un distinguo déterminant. Il n’est pas possible d’évoquer la « cause animale » comme une globalité. L’être humain entretient avec le règne animal des relations extrêmement variées selon la catégorie à laquelle appartiennent ses espèces : les animaux de compagnie, les animaux de rente, les animaux sauvages. Mieux, les devoirs de l’homme ne sont pas de même nature selon que les animaux appartiennent à l’une ou l’autre de ces catégories.

  • Pour son plaisir, l’homme fait naître les animaux de compagnie (chiens, chats, chevaux, etc.) ; ses devoirs sont donc immenses vis-à-vis de ces êtres vivants, ses « compagnons » : soins, alimentation, confort, relation, activité.
  • Les animaux de rente sont destinés à l’alimentation de l’homme tant qu’il sera carnivore. Ils lui fournissent aussi la matière de ses vêtements. L’homme, qui les fait naître également, leur doit les soins nécessaires à leur meilleure productivité, dans le respect de conditions sanitaires strictes.
  • La reproduction des animaux sauvages, quant à eux, n’est pas contrôlée par l’homme, qui doit donc assurer leur régulation pour rendre leurs populations compatibles avec ses activités (agricoles, routières, urbaines) ; cette régulation passe par la chasse, qui est aussi le point de connexion ultime avec la partie du monde que l’homme n’a pas domestiquée. Cette chasse doit être éthique, c’est-à-dire respectueuse de l’animal chassé. Parce qu’elle est le mode de chasse le plus proche de la prédation naturelle, la vènerie est, à ce titre, la plus éthique.

Point n’est utile de stigmatiser les chasseurs par l’évocation des mauvais comportements de certains ; ceux-ci existent dans toutes les activités humaines. Le football n’est pas mauvais, même si les supporters de la tribune Nord de Boulogne ne sont pas des anges. Le transport automobile n’est pas condamnable, même si des milliers de personnes meurent encore chaque année sur les routes de France victimes de chauffards.

Avec la chasse, vous abordez la relation des hommes avec les animaux dans sa dimension la plus tragique, mais peut-être aussi la plus authentique. La curiosité et l’intérêt que vous avez manifestés tout au long de l’émission témoignent de ce que vous y êtes sensible ; soyez-en à nouveau remercié. Les chasseurs comme les veneurs forment des vœux pour avoir su piquer votre curiosité et vous donner l’envie d’aller plus loin dans votre connaissance de leur monde.

Veuillez croire, cher Alain Finkielkraut, cher Maître, en l’expression de la plus profonde considération d’un de vos fidèles auditeurs.

Ecoutez l’émission du 13 janvier 2024, consacrée à la chasse

Antoine Gallon
Société de Vènerie
La Société de Vènerie est l’association qui regroupe tous les veneurs de France

La chasse en chiffres

  23 janvier 2024 – L’Auvergne-Rhône-Alpes, troisième région cynégétique de France, compte 138.000 chasseurs, toutes pratiques confondues. La chasse génère 0,1 % du PIB régional, soit 258 millions d’euros par an.

10.000, c’est le nombre de chasseurs à courre, ou veneurs, en France. Accompagnés de 100.000 « sympathisants », selon la Société de vénerie. Soit environ 390 équipages.

97,8 % des chasseurs français sont des hommes. Il y aurait en revanche 28 % de femmes dans la chasse à courre. Enfin, 53 % ont plus de 55 ans. La plupart des chasseurs sont des cadres et des professionnels libéraux.

Les prélèvements effectués par la vénerie représentent 1 % des animaux tués par la chasse dans l’Hexagone tous les ans. Soit environ 4.000 animaux contre 22 millions par an en moyenne, selon l’Office français de la biodiversité (OFB), pour la chasse à tir.

La vénerie, ou « chasse à la française », une tradition séculaire

23 janvier 2024 – Andrée Corvol Dessert est historienne, spécialisée dans l’histoire des forêts au CNRS (Centre national de la recherche scientifique) et membre du conseil scientifique de l’ONF (Office national des forêts).

Elle revient sur l’histoire de la vénerie. Pourquoi la chasse à courre est considérée comme française ? À ses débuts, elle est appelée « chasse à la française » dans les autres pays. Dans l’Hexagone, les bois de feuillus et les plaines permettent à la pratique de se développer dans les meilleures conditions.

Quelle influence la vénerie a-t-elle eue sur nos forêts ? C’est la chasse à courre qui a formé les forêts telles que nous les connaissons. Les ronds et les allées ont été façonnés pour favoriser cette pratique.

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L’art cynégétique honoré par les chevaliers du Tastevin

7 janvier 2024

La célébration du 1 249e chapitre de la confrérie des chevaliers du Tastevin, appelé chapitre de la Saint-Hubert, organisé dans le cellier cistercien du château du Clos de Vougeot, a mis à l’honneur l’art cynégétique sous deux modes : la chasse à courre avec l’équipage Piqu’avant Bourgogne (qui a pour cadre, depuis 1963, l’abbaye du Val des Choues, située à Essarois dans le Châtillonnais) et la fauconnerie avec Fauconnerie Team, de Labergement-lès-Seurre.

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Qui sont ces personnes pratiquant la chasse à courre ?

6 janvier 2024

L’institut CSA Research a mené, en 2023, une étude sur la sociologie des personnes adeptes de la chasse à courre. Vingt-cinq mille veneurs ont ainsi été sollicités sur un total de cent mille pratiquants membres d’équipage, suiveurs et sympathisants, dont mille sept cents en Bourgogne-Franche-Comté et sept cents en Côte-d’Or avec sept équipages. (suite…)

2 janv. 2024 : Qu’est ce que Fonds Vénerie ?

Assurer la pérennité de la vénerie et le rayonnement de la chasse à courre. Voilà à quoi sert Fonds Vénerie, une sorte de fondation où tout le monde peut apporter son soutien.

Avec 10 000 pratiquants et 100 000 sympathisants répartis dans 390 équipages partout en France, la vénerie est un mode de chasse partie prenante de la chasse Française. Les 218 équipages de vènerie à pied et 172 équipages de vènerie à cheval représentent aussi 30 000 chiens et 7 000 chevaux présents sur 70 départements. Fonds Vénerie est important pour promouvoir ce mode de chasse qui a toute sa place sur le territoire. (suite…)