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La chasse à courre sort renforcée d’une saison agitée

La saison de chasse à courre s’achève demain, mercredi 31 mars. Pratiquée, à pied ou à cheval, dans 70 départements par 390 équipages, la chasse à courre a, sur le terrain, subi des attaques plus rares mais aussi plus violentes de la part de saboteurs radicalisés. Les tentatives de remise en cause législative ont toutes échoué. En revanche, ces attaques ont déclenché un soutien de l’ensemble des acteurs de la chasse, de la ruralité et de nombreux parlementaires. La chasse à courre en sort renforcée.

 

  • Division et radicalisation des militants anti-chasse

 Le mouvement AVA (Abolissons la Vènerie Aujourd’hui) a fortement reculé : fin des sabotages en Touraine et Grésigne et quasi-disparition en Bretagne. Avec un leader, Stanislas Broniszewski, de plus en plus contesté en interne, le mouvement s’est également divisé, donnant naissance à des sous-groupes, Amis des bois, PACCT, auxquels s’ajoutent des individus beaucoup plus radicalisés, comme la Section anti-chasse. Les opposants à la chasse à courre sont désormais majoritairement concentrés sur deux massifs forestiers : Compiègne et Rambouillet. La méthode est toujours la même : provocations, harcèlements, arrêt des chiens, montages d’images hors contexte avec une mise en scène angoissante,

plaintes factices déposées à la gendarmerie, diffamation sur les réseaux sociaux, et envoi quotidien de communiqués pour des incidents créés de toute pièce.

Le mouvement anti-chasse s’inscrit dans une idéologie antispéciste plus large (qui s’est notamment illustrée ces dernières semaines par des attaques de L214 contre la viande, ou de Peta contre le lait). Cette opposition a déclenché une solidarité nouvelle de l’ensemble des acteurs de la chasse et de la ruralité (agriculteurs, éleveurs, sylviculteurs, cavaliers, etc.).

 

  • Elisa Pilarki : après un an de lynchage, la chasse à courre mise hors de cause

En novembre 2019, dans la forêt de Retz (Aisne), une femme enceinte était découverte morte de morsures de chien. Durant un an, la chasse à courre a été présentée comme responsable de ce drame et lynchée sur les réseaux sociaux et dans certains médias. Le rapport de deux vétérinaires, experts indépendants mandatés par les cours d’appel de Reims et Toulouse, concluait pourtant « Le chien Curtis est l’unique auteur des morsures ayant causé le décès ». En novembre 2020, l’instruction a révélé qu’aucune trace ADN de chiens de chasse à courre n’avait été retrouvée sur le corps et que seules celles de Curtis, le pitbull de son compagnon Christophe Ellul, y étaient présentes. Christophe Ellul, propriétaire de Curtis, qui ne cessait d’accuser la chasse à courre pour tromper la justice, a depuis lors été mis en examen pour homicide involontaire. La Société de Vènerie poursuivra en justice ceux qui ont diffamé la chasse à courre et ses pratiquants.

 

  • Attaques politiques contre la chasse à courre

Au cours de l’année 2020, trois initiatives parlementaires ont tenté de faire interdire la chasse à courre : le Référendum d’Initiative Partagée pour les animaux, et deux propositions de loi, l’une à l’Assemblée Nationale et l’autre au Sénat. Aucune de ces initiatives n’a abouti. Les élus ont ainsi majoritairement démontré leur attachement à protéger cette chasse naturelle, faisant partie intégrante du patrimoine historique et culturel de la France ; la Société de Vènerie salue cet élan spontané. Elle s’est exprimée pour dénoncer les dérives de l’idéologie antispéciste qui ne correspond pas aux attentes de nos concitoyens.

Toutefois, à l’approche des échéances électorales, certains candidats et partis attaquent de nouveau la chasse à courre pour « verdir » leur programme politique.

« Le bien-être animal devient un thème politique majeur, remarque Pierre de Roüalle, président de la Société de Vènerie. La caricature de la chasse à courre est courante, pourtant c’est le mode de chasse le plus naturel et le plus écologique qui soit. Dès lors qu’elles s’inscrivent dans le respect de plans de chasse légalement établis, les chasses traditionnelles, mêmes minoritaires, ont le droit d’exister. Les divergences d’opinions sont légitimes en démocratie ; elles n’impliquent cependant pas de vouloir faire disparaître ses contradicteurs ».

 

Déraison et ridicule

Un veneur agressé en pays Nantais par un automobiliste qui tentait de dérober un chien de meute aux cris de « On va te crever. Vous allez tous y passer. » Un autre veneur qui termine à l’hôpital, volontairement percuté par un automobiliste. Une armée de black blocs se déplaçant à 150 km de leur base pour aller, de Normandie à Rambouillet, perturber la chasse de l’équipage de Bonnelles-Rambouillet et agresser physiquement les veneurs et leurs sympathisants ; la police qui intervient pour éviter une bagarre générale. Une faction AVA qui surgit face à des veneurs piqueniquant en forêt du Gavre après la chasse, prétendant avoir « des ordres du chef » et entamant une bagarre qui conduit quatre d’entre nous à se voir prescrire un Incapacité Temporaire Totale, l’un d’entre eux ayant été gazé par une bombe lacrymogène.

Mais tout ça pour quoi ? Qu’est-ce qui a bien pu conduire ces gens à de telles extrémités ? Qui sont les propagandistes qui portent la responsabilité d’avoir ainsi exacerbé les désaccords pour les transformer en lutte frontale ?

Quelle perversion habite le cerveau malade de ceux qui ont voulu tirer prétexte de la mort affreuse d’une jeune femme en forêt de Retz pour accuser les chiens de meute, et jeter le discrédit sur la vènerie tout entière ? On sait ce qu’il en est de cette terrible affaire, le compagnon de la victime venant d’être mis en examen pour homicide involontaire. Au cours des quinze mois de l’enquête il aura, à plusieurs reprises, accusé lui-aussi les chiens de meute ; on comprend bien quel était son intérêt…

Cette hystérisation du désaccord relève d’abord de la déraison. Dans un temps où les enjeux sanitaires, économiques, et sociétaux constituent les véritables questionnements politiques du moment, attiser la haine de l’autre en créant de toutes pièces des clivages sans réel fondement, par le mensonge, la calomnie et l’ignorance, échappe à l’entendement. S’engager dans une lutte sans enjeu révèle la grande vacuité qui habite ces militants de l’inutile. Leur démarche sans rime ni raison est, à proprement parler, déraisonnable.

Mais cette hystérisation est également ridicule. Les militants anti-chasse disent tenter de « sauver un cerf » quand les nécessités de l’équilibre agro-sylvo-cynégétique mettent au plan de chasse 60 000 cervidés chaque année en France. Il s’agit donc de prélever, durant la période de chasse, 300 cerfs, biches et faons par jour ! Et quand bien même les équipages ne prendraient pas leur quota, les bracelets qui leur sont affectés seraient donnés aux chasseurs à tir, et les animaux seraient prélevés.

Sans compter les centaines de milliers de sangliers et chevreuils que les chasseurs doivent aussi réguler, afin de permettre la coexistence de la faune sauvage et des activités humaines, sur un territoire, la France, où l’emprise des espaces urbanisés a triplé en cinquante ans.

En attendant la suite, on redoute le pire, tant ces extrémistes semblent n’avoir fixé aucune limite à leur délire. Bien sûr, face à leurs exactions croissantes, les veneurs sont soutenus par des acteurs de la ruralité toujours plus nombreux qui entendent manifester ainsi leur refus de la dictature de la pensée que veulent imposer ces khmers verts. Mais il faut aussi tout le sang-froid, le sens des responsabilités, la volonté de prévenir tout risque et la cohésion des veneurs et de leurs sympathisants pour ne pas céder aux provocations dont ils sont, sans cesse, l’objet. Jusqu’à quand l’incident sera-t-il évité ? Combien d’entre ces guerriers du néant se jetteront-ils dans l’eau des étangs pour s’interposer entre les veneurs et le cerf chassé avant un grave choc thermique ou la charge de l’animal qu’ils entendent « protéger » et qui est et demeure sauvage ?

« L’odieux est la porte de sortie du ridicule », disait Victor Hugo. A n’en pas douter nos opposants se sont emparés de la clé de cette porte, à moins qu’ils n’en aient fabriqué la serrure…

Une vie de chien : Lancosme, chien sans papier !

Au cours d’une vie de veneur, beaucoup de chiens nous ont accompagnés et quelques-uns restent gravés dans notre mémoire pour différentes raisons. Lancosme est l’un d’eux, un chien unique par son histoire et ses qualités.

Kerry Beagle de race, tu es né chez l’un de mes amis irlandais. Les voyages ont forgé ta jeunesse puisque que tu es parti en Hollande où tu as été primé pour ta beauté. Désigné « trop chasseur », tu as pris racine en France à l’aube de ta seconde année, bien loin de tes origines.

Dès lors, impressionnant par ta prestance et ta puissance, tu t’adaptais d’une façon remarquable au sein de la meute. Remarquable par tes qualités, ta fougue et ton caractère t’emportaient cependant quelques fois sur tous les animaux de la forêt. Fort de ton intelligence, quelques laisser-courre t’ont permis de comprendre ce pourquoi tu chassais.

Aujourd’hui, Lancosme, tu es l’un des leaders de la meute qui, de jour en jour, s’améliore et se perfectionne. Ton élégance et ta vélocité se lient à tes capacités de lanceur hors-pair, de meneur criant ou encore de compagnon d’ordre. Exceptionnel dans le défaut, tu es l’espoir d’un équipage qui attend, impatient et ébahi, ton si reconnaissable récris.

Lorsque notre honorable goupil est terré, tu l’attends patiemment, d’un regard vif portant sur les terriers, doué d’être souvent le premier à signifier un relancer.

Que le temps soit changeant ou que les sentiments animant la voie soient estompés, tu chasses de manière hardie, sans relâche, afin de pousser tes confrères vers le succès. Malgré bon nombre de sorties, ta récupération, aussi prompte qu’absolue, est, sans nul doute, ce qui te permet de maintenir cette ardeur ainsi que cette vitalité.

De ce portrait élogieux, le plus inouï demeure ton intelligence. Subtile, malin, perçant, tu es l’un des chiens qui, de ma propre histoire de veneur, me fascine le plus.

Le renard, en réalité, j’ai cru t’apprendre à le chasser mais c’est toi qui, par ton savoir, m’enseigne sa vènerie, ses rouages ainsi que ses subtilités.

Mon chien, mon fidèle compagnon, nous ne parlons pas et pourtant nous communiquons avec une telle intensité qu’elle pourrait être qualifiée de communion. Te voilà maintenant dans tes vieux jours et inéluctablement nous savons que le vivant n’est pas éternel. Rassure-toi, ta descendance figure déjà parmi les exceptions qui continueront de perdurer tes origines au combien admirables.

Lancosme, mon Lancosme, pense à bien te reposer, demain nous chassons.

Bruno FAUVET

Equipage des Beaux Couverts

Hommage à Jacques Bizard

Monsieur Jacques Bizard nous a quittés. Il représentait pour nous un certain idéal de la vènerie du cerf. Même si nous l’avions suivi et rencontré plusieurs fois en forêt de Bercé et de Château-la-Vallière, c’est par ses écrits et les récits qu’en faisait notre ami Olivier de La Bouillerie qu’il était devenu pour nous la figure tutélaire des veneurs de cerf. Il faut lire et relire le premier chapitre de l’excellent « Voix dans voies » de  Hervé d’Andigné. Morceaux choisis.

« Je ne suis pas un homme de présentation ni de concours. Ce qui m’intéresse c’est la chasse. »

« Ainsi ai-je commencé avec exactement 23 chiens, soigneusement sélectionnés…À cette époque, chiens et chevaux arrivaient à pied au rendez-vous, fût-il à plusieurs dizaines de kilomètres du chenil. »

« Je laissais avant tout mes chiens chasser. Je suivais avec attention le déroulement des opérations  mais je laissais faire. »

« La réussite d’un équipage consiste à découpler et, de l’attaque à l’hallali, laisser vos chiens faire, sans intervenir. »

« En vènerie, ce sont les chiens qui chassent et l’homme qui aide et non l’inverse. »

« Le soir, je refaisais la chasse, enceinte après enceinte, y consacrant une partie de la nuit s’il le fallait. Je voulais comprendre ce que nous avions fait de correct et peut-être déterminer les moments où nous avions commis une erreur…Pour moi, le parcours de chasse se refait sérieusement, avec deux ou trois personnes qui savent vraiment de quoi on parle. »

« Malgré les difficultés grandissantes, notre équipage a toujours su se maintenir dans la tranche des 35 à 55 animaux pris par an. Comment ne pas mentionner la saison 1998/99! Nous avons pris 70 cerfs (21 daguets) en 76 chasses, dont 25 de suite. J’avais des chiens exceptionnels. »

« Le poids de chiens, je suis contre, absolument contre. »

« Je suis moins attaché à la race qu’aux qualités individuelles du chien. »

« On ne peut chasser sans chien de change, sur lesquels s’appuyer lors des difficultés. Vous devez leur faire une absolue confiance, ils sauront trier votre animal.

Un chien né avec de bonnes origines de change devrait montrer cette qualité plus facilement.

« En début de saison, réduire le nombre de chiens et faire confiance aux bons est finalement la seule attitude payante. Ce n’est que lorsque le lot est fait qu’on l’agrandit en ajoutant au compte-gouttes de nouvelles recrues. En milieu de saison, si pour une raison ou une autre l’équipage ne prend plus, il est nécessaire de revenir à ce principe de base de la vènerie et ne découpler que les bons. »

« J’exigeais des boutons la plus grande prudence car l’œil est trompeur: seuls les bons chiens doivent guider leurs actions. Ils devaient donc les connaître et leur faire confiance. »

« Il ne faut pas confondre le relais et l’usage de la camionnette. Lorsque la chasse croise des routes dangereuses, des chiens doivent être ramassés par la camionnette et remis à un cavalier. Mais le ramassage systématique pour remettre en meute doit être prohibé. Aussi, hormis le cas de force majeure que je viens de citer, j’interdis la camionnette. »

« Il n’y a pas de mauvaise voie, il n’y a que de mauvais chiens. »

« Face à des personnes intelligentes, on peut toujours avancer. La vènerie a encore toute sa place dans notre pays et notre société moderne. Reste à savoir l’expliquer. C’est notre défi pour les années à venir. »

Merci Monsieur Jacques Bizard. Saint Hubert vous entende.