Hommage à Jacques Bizard

Monsieur Jacques Bizard nous a quittés. Il représentait pour nous un certain idéal de la vènerie du cerf. Même si nous l’avions suivi et rencontré plusieurs fois en forêt de Bercé et de Château-la-Vallière, c’est par ses écrits et les récits qu’en faisait notre ami Olivier de La Bouillerie qu’il était devenu pour nous la figure tutélaire des veneurs de cerf. Il faut lire et relire le premier chapitre de l’excellent « Voix dans voies » de  Hervé d’Andigné. Morceaux choisis.

« Je ne suis pas un homme de présentation ni de concours. Ce qui m’intéresse c’est la chasse. »

« Ainsi ai-je commencé avec exactement 23 chiens, soigneusement sélectionnés…À cette époque, chiens et chevaux arrivaient à pied au rendez-vous, fût-il à plusieurs dizaines de kilomètres du chenil. »

« Je laissais avant tout mes chiens chasser. Je suivais avec attention le déroulement des opérations  mais je laissais faire. »

« La réussite d’un équipage consiste à découpler et, de l’attaque à l’hallali, laisser vos chiens faire, sans intervenir. »

« En vènerie, ce sont les chiens qui chassent et l’homme qui aide et non l’inverse. »

« Le soir, je refaisais la chasse, enceinte après enceinte, y consacrant une partie de la nuit s’il le fallait. Je voulais comprendre ce que nous avions fait de correct et peut-être déterminer les moments où nous avions commis une erreur…Pour moi, le parcours de chasse se refait sérieusement, avec deux ou trois personnes qui savent vraiment de quoi on parle. »

« Malgré les difficultés grandissantes, notre équipage a toujours su se maintenir dans la tranche des 35 à 55 animaux pris par an. Comment ne pas mentionner la saison 1998/99! Nous avons pris 70 cerfs (21 daguets) en 76 chasses, dont 25 de suite. J’avais des chiens exceptionnels. »

« Le poids de chiens, je suis contre, absolument contre. »

« Je suis moins attaché à la race qu’aux qualités individuelles du chien. »

« On ne peut chasser sans chien de change, sur lesquels s’appuyer lors des difficultés. Vous devez leur faire une absolue confiance, ils sauront trier votre animal.

Un chien né avec de bonnes origines de change devrait montrer cette qualité plus facilement.

« En début de saison, réduire le nombre de chiens et faire confiance aux bons est finalement la seule attitude payante. Ce n’est que lorsque le lot est fait qu’on l’agrandit en ajoutant au compte-gouttes de nouvelles recrues. En milieu de saison, si pour une raison ou une autre l’équipage ne prend plus, il est nécessaire de revenir à ce principe de base de la vènerie et ne découpler que les bons. »

« J’exigeais des boutons la plus grande prudence car l’œil est trompeur: seuls les bons chiens doivent guider leurs actions. Ils devaient donc les connaître et leur faire confiance. »

« Il ne faut pas confondre le relais et l’usage de la camionnette. Lorsque la chasse croise des routes dangereuses, des chiens doivent être ramassés par la camionnette et remis à un cavalier. Mais le ramassage systématique pour remettre en meute doit être prohibé. Aussi, hormis le cas de force majeure que je viens de citer, j’interdis la camionnette. »

« Il n’y a pas de mauvaise voie, il n’y a que de mauvais chiens. »

« Face à des personnes intelligentes, on peut toujours avancer. La vènerie a encore toute sa place dans notre pays et notre société moderne. Reste à savoir l’expliquer. C’est notre défi pour les années à venir. »

Merci Monsieur Jacques Bizard. Saint Hubert vous entende.

Contactez-nous

Commencez à taper et appuyez sur Entrée pour lancer la rechercher

Abonnez-vous