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A la Une, cette semaine

Cette intersaison est marquée par deux phénomènes dont les médias se font l’écho. D’une part des fêtes de la chasse et/ou de la ruralité à travers toute la France, auxquelles la vènerie prend une part toujours très appréciée du public. D’autre part, des études de mieux en mieux documentées sur les fondements de l’antispécisme, dont les opposants à la chasse à courre sont tous les agents, plus ou moins occultes. Le monde médiatique mettant à jour le sectarisme de nos adversaires et démontrant leurs véritables intentions : on ne saurait rêver mieux. Vous apprécierez sans doute tout particulièrement, comme nous, l’entretien entre Jean-Pierre Elkabbach et le fondateur de L214 : jubilatoire !

[Tribune Hebdo]
« Les femmes, une vraie dynamique pour la chasse »
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Les femmes s’imposent, c’est vrai. Il y a une association de chasse au féminin, et c’est une vraie dynamique. Pour ce qui est des nouveaux chasseurs, la traditionnelle chasse à la cocotte du dimanche matin, c’est fini. C’est la diversité des modes de chasse qui les attirent : vènerie, chasse au vol, à l’arc… Ce sont des modes de chasse qui se développent de près de 10 % par an ! Il y a également un vrai intérêt pour la nature et la connaissance du biotope. L’objectif n’est plus forcément le tableau de chasse à la fin. + Lire la suite

[Hors-série Le Journal de la Sologne]
« Nos opposants confondent vie sauvage et cruauté »
 
Si l’hostilité à la chasse à courre s’exprime plus fortement aujourd’hui, elle reste selon lui le fait de quelques opposants trouvant une chambre d’échos à travers les médias et les réseaux sociaux. Et ceux-ci auraient bien du mal à différencier « vie sauvage » et « cruauté ». Pour moi, la cruauté, c’est mettre un animal dans des conditions auxquelles il ne peut faire face. Vous enfermez votre cheval dans un box pendant plusieurs jours sans eau et sans nourriture : ça, oui, c’est cruel !  + Lire la suite

[Le Parisien]
« Ce sont des chasseurs, pas des fanatiques. Et ils doivent supporter des gens liberticides »
 
Les AVA font de la provocation, comme d’habitude, dénonce Me Stéphane Guillou, l’avocat d’un des suiveurs qui ont reconnu les faits tous les deux. Ils les filment, les traitent de tueurs et se mettent en scène. Les suiveurs les supportent tous les samedis depuis le début de la saison, et là, ça a marché. Ce sont des chasseurs, pas des fanatiques. Et ils doivent supporter des gens liberticides qui provoquent en essayant de les empêcher de pratiquer un loisir parfaitement légal. + Lire la suite
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[La république du Centre]
« Présentation de la plus grande meute de chiens courants »
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Il s’ouvrira avec le show aérien, se poursuivra par un concert de trompes de chasse, un spectacle équestre maro­cain, la présentation du Vautrait de Banassat, con­nu pour avoir la plus gran­de meute de chiens cou­rants. Le Game Fair accueillera aussi on traditionnel vi­de ­greniers consacré à la chasse et à la nature lors de la journée de diman­che. Enfin, à11heures sur le ring d’honneur, une messe dominicale de Saint-­Hubert sera célébrée au son des trompes de chasse. + Lire la suite
[Haute Gironde]
Rétablissons certaines vérités !
 
Alors que les débats font rage autour de la chasse et de la faune en danger, avec la possible installation d’éoliennes, Jacky Jonchère a tenu à rétablir « certaines vérités ». Si ces 2 jours permettent de découvrir la pratique de la chasse et de la pêche, ils permettent aussi aux visiteurs, souvent des familles avec enfants, de se plonger dans la nature et sa biodiversité. Chasse et pêche est donc une manière de faire comprendre la nécessité de la chasse pour préserver un équilibre écologique, nécessaire à toute vie sur Terre. + Lire la suite
[Public Sénat]
« les entraves à la chasse, vont jusqu’à mettre en danger les hommes et les animaux »
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« Des antispécistes perturbent les chasses à courre ; en Bretagne, ils ont fait tomber un homme à cheval. Deux membres fracturés, des mois à l’hôpital. Certains empoisonnent les chiens, d’autres sabotent les miradors, qui servent à la chasse à l’affût, et les huttes, pour la chasse au gibier d’eau. Chacun ses idées mais nous sommes dans un État de droit et la chasse est légalement autorisée. » + Lire la suite
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[Marianne]
« Les milieux végans ont avec eux la grande industrie et contre eux les écolos de toujours »
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Nous n’avons sûrement pas besoin de nier que les animaux sont des êtres sentients pour soutenir l’idée d’une nouvelle alliance nécessaire entre les animaux, les éleveurs et les mangeurs. Nous militons depuis toujours pour l’amélioration d’existence des animaux d’élevage mais la logique abolitionniste n’est pas la bonne car elle conduirait à un monde sans animaux. + Lire la suite
[Les Echos]
« Alimentation 100% végane : la fausse bonne idée pour sauver la planète »
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Si une réduction drastique de notre consommation de viande s’impose pour des raisons sanitaires et pour lutter contre le réchauffement climatique, les animaux d’élevage vont rester indispensables pour leur apport à l’environnement. A condition de revoir nos modes de production. La viande est dans la ligne de mire des spécialistes de la nutrition, comme de ceux de l’environnement. + Lire la suite
[TV5 Mondes Info]
« Comment se financent les associations véganes »
 

 

Alerte canicule : prenons soin de nos chiens !

Météo France annonce une semaine caniculaire avec des températures dépassant les 40°C à l’ombre dans la plupart de nos régions. Il n’est pas impossible que ces phénomènes se multiplient ; nous devons en tenir compte pour le confort de nos meutes.

Les mesures à prendre :
– La ventilation des locaux est essentielle. Ils doivent être aérés et ventilés comme on le constate souvent dans les chenils lorsque nous les visitons. Nous vous recommandons d’arroser le sol plusieurs fois par jour pour apporter un peu de fraicheur aux bâtiments. Il convient donc de maintenir les chiens à l’ombre ; la présence d’auvent est dans ce cas précieuse.
– Il faut abreuver les chiens abondamment. Nous vous conseillons de laisser couler un filet d’eau dans l’auge ; les chiens apprécient l’eau fraiche et boivent de ce fait davantage. Sinon changez l’eau deux à trois fois par jour pour éviter qu’elle soit à chaleur ambiante.
– Baignade recommandée. L’idéal serait de pouvoir les rafraîchir en les faisant se baigner ou sinon avec de l’eau en arrosant les arrosant. Il est vrai que beaucoup de chenils sont équipés d’arroseurs automatiques pour lutter contre le bruit, peut-être pourriez-vous les faire fonctionner lors des pics de chaleur.

Comment les chiens vivent les fortes chaleurs :
Nos chiens vont souffrir de ces températures élevées car ils peinent à réguler leur température en raison de l’absence quasi totale de glandes sudoripares dans le derme de leur corps. Ils ne transpirent en effet presque pas par la peau. C’est par les coussinets que les glandes sudoripares produisent de la sueur. Pour cette raison, lors d’une journée très chaude, ou après un grand effort, le chien peut laisser des empreintes humides sur le sol en marchant.

La langue est également un organe par lequel le chien peut dissiper la chaleur interne, ce qui, chez l’humain, est la fonction de la sueur sur le corps (elle sécrète des toxines). La langue du chien elle-même ne transpire pas comme ses coussinets, mais l’eau évaporée refroidit le corps du chien. Quand il fait chaud ou après un exercice qui augmente la température de son corps, la circulation sanguine envoie un important flux de sang vers la langue du chien, et les glandes salivaires produisent une humidité abondante qui participe à la régulation de la température du chien. C’est la raison pour laquelle il sort sa langue de sa gueule. La combinaison de hoquets et de la langue pendante constitue une partie intégrante du système de thermorégulation canin. La température du corps du chien se trouve entre 38° à 39°. Ne pas oublier que le halètement est donc très important.

La tête et les oreilles du chien participent également à la régulation de la température. En repérant l’augmentation de la température du cerveau, les veines du visage se dilatent et s’élargissent pour mieux irriguer les oreilles, le visage et la tête afin de réduire la température excessive.

Enfin les grands chiens ont plus de mal à se refroidir que ceux de petite taille. Parfois, ils ne sont pas en mesure d’expulser toute la chaleur générée par leur corps. Cependant, les petits chiens supportent moins bien la chaleur ambiante. Soyez très attentifs pendant cette période délicate, nos chiens ont besoin qu’on leur apporte toute notre attention.

Bien-être animal : épisode #3

Deux questions se posent. En absence de prédation, l’animal sauvage peut-il conserver sur le long terme son intégrité physique, physiologique et comportementale pour la transmettre à sa descendance, et les carnivores domestiques peuvent-ils solliciter utilement ces aptitudes ? Les carnivores sauvages, eux, se sont également adaptés en adoptant diverses stratégies pour capturer leurs proies, notamment les canidés ou des familles proches. Chez certains, la technique s’apparente à la chasse individuelle à l’approche ou à l’affût, chez d’autres davantage à la chasse collective, ce qui leur permet d’attaquer des proies plus lourdes et potentiellement plus fortes. Ainsi apparaît la notion de meute pour laquelle on observe un phénomène de convergence à travers les continents. Dans ce type de prédation, la meute chasse en jouant sur les complémentarités entre individus, mélangeant la menée à vue, le pistage par l’odorat ou l’embuscade. Cette prédation participe donc à la régulation des populations dans le cadre d’une sélection naturelle en éliminant prioritairement les sujets les plus faibles, ceux dont la transmission des gènes n’est pas souhaitable.

Une meute de chiens courants peut-elle jouer un rôle identique tout en contribuant au maintien des aptitudes de l’animal sauvage proie dans son environnement ?

Dans la plupart de nos forêts, en raison de la proximité d’activités humaines, les cervidés sont confrontés à de fréquents dérangements envers lesquels ils réagissent différemment. Très vite ils apprennent à anticiper le danger et détectent immédiatement tout changement dans un environnement qu’ils connaissent comme sécurisé. Ils distinguent par exemple d’emblée et de loin la randonnée sonore sur des sentiers connus de l’intrusion discrète d’individus sous-bois. Fréquentant des gagnages découverts, ils semblent indifférents au passage d’un flux de véhicules mais perçoivent le moindre ralentissement suspect et adaptent leur distance de fuite en conséquence.

Ces diverses sollicitations, si elles ne sont ni permanentes ni violentes contribuent à maintenir un niveau de vigilance élevé mais supportable que l’on a qualifié de stress doux, état lui-même préparatoire au stress violent nécessaire à la survie. Elles induisent le comportement de prudence permanente qui caractérise les cervidés et les herbivores en général : depuis leur plus jeune âge, guidés par leur mère, puis au sein de regroupements familiaux et de hardes d’adolescents, en même temps qu’un comportement d’éveil, de détection du prédateur, ils emmagasinent une connaissance des lieux, des saisons et une expérience collective qui détermine toutes leurs activités : leur façon de se rembucher, de se coucher en sécurité le vent dans le dos, de se fier à la femelle meneuse etc.

Extrait d’un article paru dans la revue N°209 – Mars 2018  |  Photo : Florian Guin

Hommage aux Marcheurs

Samedi 25 mai 2019. Le Grand Parquet vibre, comme chaque année à pareille époque, au son des trompes et des récris des chiens présents à Nature et Vènerie en Fête organisée comme chaque année depuis 18 ans par la famille Prioux. Le temps est instable en cette fin d’après-midi ; une pluie fine et heureusement passagère tombe sur le terrain d’honneur : pas de quoi arrêter ceux qui s’apprêtent à entrer en piste, et qui sont habitués à des temps hivernaux autrement rigoureux. À 19h20, ce sont 200 marcheurs revêtus de leur gilet « j’aime la chasse » qui s’avancent, emmenés par Pierre de Roüalle, notre Président.

Le public est présent, nombreux, pour saluer ceux qui sont un peu les héros du jour. Les Marcheurs – comme on les appelle – ont consacré l’essentiel des journées qu’ils passaient à la chasse, à encadrer la présence de nos opposants sur le terrain, là où ceux-ci tentaient, avec plus ou moins d’adresse mais toujours dans un climat de grande tension, de perturber les laisser-courre. Tous n’ont pu faire le déplacement jusqu’à Fontainebleau, mais leur présence cependant massive fait chaud au cœur du public qui les acclame. Dix équipages se sont joints à eux, faisant pour certains jusqu’à 6 heures de route pour saluer leur dévouement. Maîtres d’équipages et piqueux défilent à cheval, suivis de 200 de leurs chiens.

Les équipages picards entrent en premier : Rallye Nomade, La Futaie des Amis, Rallye Trois Forêts et Équipage de Rivecourt. Pierre de Roüalle évoque les difficultés nombreuses de la saison, provoquées à l’instigation de très rares meneurs en mal de reconnaissance. Il évoque aussi la formidable solidarité des marcheurs qui ont su, autant que de besoin, se porter aux quatre coins de la Picardie, là où apparaissaient nos opposants.

Les deux équipages bretons sabotés entrent ensuite : Rallye Bretagne et Rallye Armor. En Bretagne, les tensions ont été extrêmes, face à des opposants dont le discours incohérent témoigne surtout d’une volonté nihiliste prononcée.

Viennent ensuite les équipages de Touraine : l’Équipage Champchevrier puis le Rallie Touraine. L’Équipage de Bonnelles-Rambouillet et le Rallye Roumare ferment la marche.

Chaque évocation est saluée par la fanfare des équipages entonnée par les veneurs auxquels répondent 25 trompes éclatantes. La cérémonie est, tout à la fois, digne et chaleureuse. L’émotion est palpable de part et d’autre, chez les veneurs comme chez les marcheurs. Les dix maîtres d’équipage viennent ensuite se placer face aux 200 marcheurs. En signe d’hommage, ils se découvrent devant eux au moment où résonne la fanfare des honneurs. Plus d’une personne dans l’assistance avouera avoir écrasé une petite larme à cet instant. Aux maîtres d’équipages succèdent les piqueux, précédant leurs 200 chiens, réunis comme pour mieux signifier l’unité de la vènerie, d’autant plus forte lorsqu’elle est attaquée. Le spectacle est magnifique ; la joie de cette célébration et la reconnaissance se lisent sur les visages des cavaliers. Ceux-ci vont encore effectuer quelques tours de piste, à la demande insistante d’un public lui-aussi gagné par l’émotion.

Pour conclure cet hommage, les Marcheurs de façon très symbolique quitte le terrain d’honneur en premier, formant à leur tour, à la sortie du terrain central, une haie d’honneur pour leurs veneurs qu’ils applaudiront longuement sur leur passage. Tous se retrouveront un peu plus tard pour partager un moment de convivialité autour d’un dîner joyeux.

C’est assurément dans la difficulté que se révèlent les hommes, leur force de caractère comme leur générosité et leur capacité d’engagement. Cet hommage aux marcheurs fut beau de tout cela et ceux qui y ont assisté ne sont pas près de l’oublier.

Pourquoi chasse-t-on ?

Comment justifier la mort d’un animal sauvage autrement que par l’indispensable régulation de sa population ? Que faire face à ceux qui récusent aujourd’hui jusqu’à l’existence même du chasseur ? Rien, sans doute, tant notre société rejette avec violence ce qu’elle refuse de voir ou d’accepter. Sujet clivant, la chasse fait l’objet d’un long procès en sorcellerie où s’épuisent ses défenseurs et ses détracteurs, sur fond de spécisme et d’antispécisme, d’écologie hors-sol, de ruralité en crise, de morale et de radicalité politique.

Dans le canton de Genève, en Suisse, où l’on s’enorgueillit de l’avoir interdit, les autorités ont fini par engager des « Gardes-Faune » payés par le contribuable pour contrôler l’explosion du grand gibier. En Hollande, pris souvent comme exemple des bonnes pratiques écologiques, des fonctionnaires gazent chaque année des milliers d’oies épargnées en France au nom de la protection des milieux agricoles. En Afrique, dès que la chasse n’est plus encadrée, le braconnage s’installe même dans les réserves les mieux protégées, comme au Kenya ou en République démocratique du Congo.

La moralisation des équilibres naturels, le refus obstiné de la mort, le rêve dangereux d’une nature sans hommes et l’explosion des cultures urbaines, associés à une étrange logique à la fois technocratique et compassionnelle, ont fini par forger une image désincarnée du monde sauvage où les espèces sont désormais classées selon des critères anthropomorphiques et souvent fictionnels. Le faon est mignon, l’ours balourd, le loup inoffensif, le lion majestueux, la hyène cruelle, le vautour sans pitié et le phacochère jovial… Au mieux l’on s’accorde pour laisser le droit de chasse aux derniers peuples autochtones de la planète. Au pire on rêve à sa disparition pure et simple, au profit d’une forêt idéale et essentialisée dont l’homme, foncièrement mauvais, doit impérativement être exclu.

Pourtant, quand José Ortega y Gasset publie Sur la chasse en 1942, « la chasse n’est pas considérée comme une chose sérieuse », mais comme un passe-temps, un loisir ou une simple distraction, entre bonheur au sens philosophique, plaisir, nécessité, raison et atavisme. Un univers complexe, profane et sacré, où s’entremêlent à l’infini la morale et l’immoral, la violence et ce qui la canalise, la société et la sauvagerie. Le philosophe, qui n’est pas chasseur, s’efforce de confronter les passions cynégétiques avec ce qu’il sait de l’Humanité. Les modes de chasse – vènerie, approche, piégeage, fauconnerie –  le grand ou le petit gibier tout comme les armes utilisées le passionnent bien moins que ceux qui s’y adonnent ou les utilisent. Il n’est ni pour ni contre. Il ne juge ni ne condamne, mais cherche du sens. Sa force est son universalisme. Il nous entraîne dans la Préhistoire, l’Antiquité, le Moyen Âge et le Monde Moderne et fait s’entrechoquer les peintures rupestres de la grotte d’Altamira avec la course folle de Dionysos. Il raconte la battue mieux que ne le ferait un traqueur. Il est à la fois le cerf et celui qui le tue, la forêt et la meute qui la force. La tête froide, il convoque l’Histoire et les arts, en appelle à Nietzsche, à Washington Irving, à Descartes et à La Chronique latine des rois de Castille. Sensuel, précis, instinctif et érudit, Ortega analyse la grande mécanique qui se déroule devant ses yeux. Il fait sienne l’émotion de l’approche, la tension joyeuse des chiens, le plaisir de la traque et la mise à mort pour mieux les mettre en abîme. D’un revers de la main, il renvoie dos à dos les opposants à la chasse et les chasseurs eux-mêmes, tous deux dépassés par l’ampleur du rituel immémorial qu’ils perpétuent chacun à leur manière sans vraiment le comprendre. Car la question n’est plus ici de savoir s’il faut chasser ou non, mais de saisir comment et pourquoi la chasse a fait l’Homme. Bien sûr, libre à chacun de le nier. Le philosophe n’est pas un moraliste et ne cherche nullement à convaincre. Mais son raisonnement est implacable. Oui « le chasseur est porteur de mort » mais il offre sans doute à la nature l’éthique et la dignité qui lui font tant défaut. Pour lui, « la chasse n’est pas quelque chose qui arrive à l’animal par hasard car dans les profondeurs instinctives de sa nature il a déjà prévu le chasseur ». Et de fait, ce jeu de prédation qui unit le chasseur à sa proie a aussi quelque chose de liturgique et de spirituel. Chaque geste compte. Chaque respiration est pesée. Le corps tout entier est tendu. La chasse n’est pas une pulsion, mais un acte de raison d’une légitimité bouleversante. À l’opposé de la guerre, elle est sans cruauté et obéit à des règles très strictes assurant l’abondance du gibier qui procure au chasseur la nourriture et la vie.

Il faut lire et relire Sur la chasse. Ce texte essentiel n’a aujourd’hui rien perdu de sa vérité. Il y apparaît en pleine lumière la folie qui nous a conduits à mettre les hommes d’un côté et la nature de l’autre ! À rebours, il nous plonge dans une passion paradoxale et retend ce lien si fragile qui unit l’homme à l’animal… jusqu’au drame.

Préface du livre « Sur la chasse » de José Ortéga Y Gasset, publié aux Éditions Atlantica  |  Photo : Jérôme Morland, Objectif Vènerie