Bien-être animal : épisode #3

Deux questions se posent. En absence de prédation, l’animal sauvage peut-il conserver sur le long terme son intégrité physique, physiologique et comportementale pour la transmettre à sa descendance, et les carnivores domestiques peuvent-ils solliciter utilement ces aptitudes ? Les carnivores sauvages, eux, se sont également adaptés en adoptant diverses stratégies pour capturer leurs proies, notamment les canidés ou des familles proches. Chez certains, la technique s’apparente à la chasse individuelle à l’approche ou à l’affût, chez d’autres davantage à la chasse collective, ce qui leur permet d’attaquer des proies plus lourdes et potentiellement plus fortes. Ainsi apparaît la notion de meute pour laquelle on observe un phénomène de convergence à travers les continents. Dans ce type de prédation, la meute chasse en jouant sur les complémentarités entre individus, mélangeant la menée à vue, le pistage par l’odorat ou l’embuscade. Cette prédation participe donc à la régulation des populations dans le cadre d’une sélection naturelle en éliminant prioritairement les sujets les plus faibles, ceux dont la transmission des gènes n’est pas souhaitable.

Une meute de chiens courants peut-elle jouer un rôle identique tout en contribuant au maintien des aptitudes de l’animal sauvage proie dans son environnement ?

Dans la plupart de nos forêts, en raison de la proximité d’activités humaines, les cervidés sont confrontés à de fréquents dérangements envers lesquels ils réagissent différemment. Très vite ils apprennent à anticiper le danger et détectent immédiatement tout changement dans un environnement qu’ils connaissent comme sécurisé. Ils distinguent par exemple d’emblée et de loin la randonnée sonore sur des sentiers connus de l’intrusion discrète d’individus sous-bois. Fréquentant des gagnages découverts, ils semblent indifférents au passage d’un flux de véhicules mais perçoivent le moindre ralentissement suspect et adaptent leur distance de fuite en conséquence.

Ces diverses sollicitations, si elles ne sont ni permanentes ni violentes contribuent à maintenir un niveau de vigilance élevé mais supportable que l’on a qualifié de stress doux, état lui-même préparatoire au stress violent nécessaire à la survie. Elles induisent le comportement de prudence permanente qui caractérise les cervidés et les herbivores en général : depuis leur plus jeune âge, guidés par leur mère, puis au sein de regroupements familiaux et de hardes d’adolescents, en même temps qu’un comportement d’éveil, de détection du prédateur, ils emmagasinent une connaissance des lieux, des saisons et une expérience collective qui détermine toutes leurs activités : leur façon de se rembucher, de se coucher en sécurité le vent dans le dos, de se fier à la femelle meneuse etc.

Extrait d’un article paru dans la revue N°209 – Mars 2018  |  Photo : Florian Guin

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