16 septembre 2021 – Pourquoi, de la Sibérie aux chasseurs du Perche, l’homme est un « prédateur empathique »

L’anthropologue Charles Stépanoff est spécialiste des nomades de Sibérie. Mais la maladie et la pandémie l’ont obligé à se concentrer sur un terrain proche : les chasseurs du Perche. Il en tire un livre fascinant sur des aspérités animistes survivant au « grand dépeuplement » des campagnes.

Les chasseurs ont-ils raison de dire qu’ils sont les « premiers écologistes de France » ? Trouve-t-on encore dans les campagnes françaises des regards animistes proches de ceux des Indiens d’Amazonie ? Comment les habitants du monde rural vivent-ils la disparition rapide des oiseaux ? C’est un livre original, protéiforme, que publie l’anthropologue Charles Stépanoff, connu pour ses travaux sur le chamanisme sibérien (partant de l’opposition entre deux sortes de rituels, ceux de la « tente obscure » et ceux de la « tente claire », il a montré l’importance des images qui guident l’imagination et hiérarchisent les sociétés).

Habitant dans le Perche, il s’est immergé dans le milieu des chasseurs-paysans pour tenter de comprendre un rapport au monde. Avec une question sous-jacente : comment se fait-il que nos sociétés massacrent des animaux en grande quantité dans les abattoirs tout en dénonçant la chasse et les chasseurs ? « L’animal et la mort. Chasses, modernité et crise du sauvage », par Charles Stépanoff, La Découverte, 400 pages, 23 euros. L’OBS. Votre précédent livre, « Voyager dans l’invisible », portait sur le chamanisme en Sibérie. Pourquoi vous rendre, en ethnologue, dans le Perche, à 120 km de Paris ? Charles Stépanoff. J’ai étudié pendant quinze ans les relations des nomades de Sibérie avec leur milieu vivant. J’y ai exploré un univers dépaysant, impliquant des esprits et des lieux sacrés, très différent du rapport à la nature en Occident. Puis, soigné pour un cancer, je ne pouvais plus aller en Sibérie et j’ai eu le désir d’en profiter pour faire un usage de l’anthropologie qui éclaire le proche par le lointain et le lointain par le proche, comme disait Lévi-Strauss. Je suis allé enquêter avec un regard sibérien dans ma région, dans le Perche où j’habite depuis dix ans, et aux alentours. Le milieu de la chasse en France, ses logiques et ses systèmes de valeurs, m’étaient totalement étrangers, parfaitement exotiques ; je pouvais les aborder avec un regard d’ethnologue et c’est ce que j’ai commencé à faire. Qu’est-ce que votre expérience sibérienne vous a permis de rendre visible sur ce territoire plus familier ? Il y a d’abord eu les clichés que j’ai dû abandonner : l’idée que les peuples traditionnels chassent pour leur subsistance quand les Français chassent pour le plaisir. Sur le terrain, je me suis rendu compte que la consommation du gibier reste centrale dans l’éthique paysanne : on prépare des pâtés, on s’échange des recettes. Les réseaux d’amitié et de parenté sont entretenus par la circulation de la viande. Mon expérience sibérienne m’a rendu sensible à un aspect qui, à ma connaissance, n’avait pas été étudié auparavant : l’importance du rêve. Chez les peuples du Nord, la chasse est intimement liée à l’imaginaire. Ayant cela en tête, j’ai posé la question à mes interlocuteurs, aux chasseurs du Perche : « Est-ce que vous rêvez du gibier ? »Tous font des rêves liés à la forêt et aux animaux sauvages. Certains se figurent le monde à travers les yeux d’un sanglier. D’autres ont des visions prémonitoires qui anticipent sur la chasse du lendemain. C’est très semblable à ce que l’on peut repérer chez les animistes…Il faut peut-être préciser ce que vous entendez par « animiste »… L’anthropologie cartographie les diverses façons dont les hommes se figurent le monde et leurs relations avec les non-humains. Après ses enquêtes en Amazonie, l’anthropologue Philippe Descola a identifié quatre grandes ontologies, dont le naturalisme, qui est notre manière moderne de concevoir la « nature » comme un décor inerte, et l’animisme, présent en Sibérie et en Amazonie, qui envisage au contraire que les animaux et les plantes sont dotés d’une intériorité propre, semblable à celle des humains. Dans le Perche, un animisme en mode mineur Et vous êtes partie à la recherche de « petites Amazonie et de Sibérie discrètes cachées en terre naturalistes » Il est intéressant d’utiliser ces notions d’animisme et de naturalisme pour comprendre les frictions et les transformations entre visions du monde. Comment s’impose une manière d’habiter le monde ? Dans le cas d’une colonisation, le rapport de force est évident. Des colons débarquent chez des « Indiens », qui entretiennent des relations de compagnonnage subtiles avec les animaux et les plantes. Les nouveaux venus tentent d’imposer, par la violence, l’exploitation d’une « nature » conçue comme ressource et matière première. Or cette confrontation s’est aussi produite en Occident, sous des modalités différentes. La modernité n’est pas née d’un seul bloc : la cosmologie naturaliste s’est diffusée à partir du XVIIe siècle, depuis les élites vers le peuple, depuis les villes vers les campagnes. Cet imaginaire, bien que dominant, n’a jamais été hégémonique. Il subsiste, dans les plis du naturalisme, des poches d’animisme : dans certains rituels de chasse en France, on nourrit le gibier mort. Dans les traditions paysannes, il est courant de considérer que les animaux ont une vie de famille, que la perdrix fait semblant d’être blessée pour éloigner le prédateur de ses petits… On le comprend de la part de paysans-chasseurs, qui vivent toute l’année avec la faune sauvage, qui peuvent apercevoir une compagnie de faisans, le matin, au bord d’un champ, et la revoir la semaine suivante. De l’intelligence animale, on infère des phénomènes d’éducation et de transmission culturelle, bref des agencements sociaux semblables à ceux des humains. C’est un animisme en mode mineur. Le cas de l’hirondelle est intriguant : cet oiseau suscite les mêmes mythes en Europe et en Sibérie ! Les personnes que je rencontrais m’en parlaient comme d’un oiseau sacré, un oiseau du « bon Dieu » qui apporte la bénédiction dans la maison. On ne cherche pas à l’éloigner, comme on le fait avec le moineau. Il est vrai que les hirondelles sont insectivores quand les « piafs » sont granivores et peuvent se nourrir des récoltes… En fouillant dans la littérature, j’ai trouvé des mythes qui font de l’hirondelle un oiseau civilisateur qui a apporté le feu aux humains. Ces récits se retrouvent jusque dans l’Altaï : la vie domestique a pour fondement l’apport d’un oiseau migrateur lointain, qui en échange peut s’installer aux abords des habitations. La diffusion de ces histoires est certainement liée aux anciennes migrations humaines dans cette immense plaine ouverte qu’est l’Eurasie. C’est un héritage très ancien qui continue d’animer les perceptions contemporaines et rend tragique pour les gens la disparation des hirondelles. L’homme est un « prédateur empathique », écrivez-vous. Comment cette tension éclaire-t-elle l’organisation des sociétés humaines ? Nous ne sommes pas des prédateurs terribles : nous ne courons pas très vite et nous n’avons ni griffes ni crocs. En revanche, nous avons une arme très puissante : l’imagination. L’homme est capable de se mettre à la place de la bête chassée, d’imaginer ses réactions, ses chemins de fuite dans la forêt ; bref, de se projeter dans son monde. L’inconvénient, c’est qu’il est sensible à son sort, ce qui en fait un prédateur empathique. Dans les sociétés traditionnelles, cette tension est prise en charge par le rituel. Celui-ci met en scène la complémentarité entre des modes de relation contradictoires : d’un côté, l’agressivité et la violence ; de l’autre, la gratitude et l’hospitalité. Après avoir tué du gibier, les animistes lui manifestent de la reconnaissance pour ce qu’ils considèrent comme un don de sa part par des offrandes ou des spectacles. Ils donnent à voir tout un système de relations sociales avec ces êtres qui nous permettent de vivre parce qu’ils nous donnent leur chair comme nourriture. Ce n’est pas ainsi que cela se passe dans nos sociétés modernes… Quand on regarde comment cette tension est traitée en Occident, on est frappé par un dualisme très accentué. D’un côté, une puissance de destruction de la nature sans commune mesure avec les sociétés traditionnelles. De l’autre, une sensibilité à l’égard de la violence tout aussi singulière : tuer le cochon à la maison est devenu impensable. Ce paradoxe est bien visible dans le cas des animaux domestiques, dont une partie a été transformée en animaux-matière, élevés en cage et abattus dans des abattoirs-usines, et une autre en animaux-enfants, dépendants, cajolés et adorés. Cette contradiction est en même temps une complémentarité inavouée : nous ne pourrions pas avoir des chiens et des chats en appartements si nous ne produisions pas de la viande bon marché pour les nourrir. Ce régime d’exploitection (contraction d’exploitation et de protection) se constitue à la sortie du Moyen-Âge. Dans son « Utopie » (1516), Thomas More rêve de reléguer les abattoirs en dehors des villes, ce qui va progressivement être le cas : la présence animale est confinée dans des espaces fermés. Les animaux restant dans les villes changent de statut : ils ne sont plus sources de gains, mais support de dépenses. C’est l’animal de compagnie, d’abord associé au prestige de la noblesse, qui se démocratise par la suite. Etudes de boucherie sur la ZAD Il y a tout de même des chasseurs français qui essaient de renouer avec les rituels de socialisation de la violence… Oui, ça a été une grande surprise pour moi de découvrir que la ritualité cérémonielle est un phénomène croissant en France. J’ai étudié le baptême du chasseur qui consiste à maculer de sang le visage d’un chasseur ou chasseresse après sa première prise. On peut aussi le ou la vêtir de la peau de l’animal ou lui demander de faire des cris, comme si la personne devenait le support de l’âme du cerf ou du sanglier. Cette mise en scène des relations de respect et d’identification avec les animaux sauvages fait directement écho à ce que l’on peut observer en Afrique, en Amérique ou en Eurasie. Sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, j’ai rencontré des jeunes issus des milieux urbains qui deviennent éleveurs paysans et font des études de boucherie pour ne plus avoir à déléguer la violence anthropique envers l’animal. On pense aux chasseurs sibériens pour qui être incapable de tuer et découper l’animal que l’on mange serait une humiliation. C’est pourquoi l’enquête sur la chasse m’a mené dans ce livre à la question du statut éthique et politique la violence anthropique envers l’animal. Avez-vous des animaux ? J’ai appris en Sibérie à vivre entouré d’animaux. Ne pouvant pas posséder de rennes ici, j’ai maintenant des moutons, des canards et des poules qui me nourrissent et que je nourris. Et vous les tuez vous-même ? Oui, c’est important, les canards et les poules, les moutons, pas encore. Comment avez-vous appris à le faire ? En Sibérie et auprès de mes voisins dans le Perche. Plumer un canard implique une esthétique du geste, un respect de l’animal et une revendication d’autonomie alimentaire. Il y aurait des thèses à écrire là-dessus ! Pourquoi, dans la chasse à courre, la relation de l’homme et du chien vous paraît-elle témoigner également d’une forme de porosité entre espèces ? Je m’intéresse depuis longtemps aux pidgins trans-espèces, les codes de communication partagés entre hommes et animaux. C’est connu en Amazonie et en Sibérie, mais ce type de communication existe aussi en France. Les premiers manuels de vénerie datent du XIIIe siècle : on y explique comment communiquer avec les chiens. Cela implique une hybridation entre la parole humaine, les aboiements et le cor de chasse. Il faut inventer un code différent qui va « prendre » des deux côtés, avec des huchements, comme « taïaut ». Ce langage participe de la frénésie très particulière qui saisit la meute, les chevaux, les chasseurs, aux moments les plus intenses de la traque. Cette communion, qui dissout les frontières entre les espèces, me paraît être l’un des grands plaisirs qu’éprouvent les chasseurs. Il suffit de voir l’électricité qui traverse la forêt lorsqu’un chien retrouve la piste du cerf, y compris chez les militants animalistes qui suivent les chasses pour les perturber. Souvent les veneurs les narguent : « Vous allez voir, petit à petit, vous allez vous y mettre ». D’ailleurs les militants disent qu’ils vont « à la chasse aux chasseurs ». Ils circulent en voitures sur les routes forestières, près du chenil, pour essayer de suivre le camion transportant la meute. Quand ils ont identifié le quartier de la forêt où la chasse va se dérouler, ils font passer le mot sur WhatsApp, se retrouvent sur un parking et sortent les vélos et tentent de les retrouver…Les animalistes se confrontent alors aux « suiveurs », des passionnés de chasse à courre. Comment avez-vous intégré ces deux groupes qui se détestent ? Mon enquête a été plus approfondie sur la chasse à courre car c’est un milieu très étrange et même barbare d’un point de vue moderne et le rôle de l’ethnologie est d’aider à rendre intelligible la diversité des conceptions du monde, qu’elles soient marginales ou apparemment inadmissibles, des chamanes aux cannibales. Mais je désirais tout de même passer du temps avec les animalistes pour mieux saisir ce qui se joue en profondeur derrière ce conflit. Hélas, on s’est vite aperçu que je naviguais entre les camps et l’on m’a pris pour un espion, on m’a dit : « Il faut que tu choisisses ton camp ». Il y a de l’espionnage actif entre chasseurs et animalistes, avec des infiltrations sur Facebook, mais aussi sur le terrain en forêt. Il a fallu que le CNRS m’imprime un ordre de mission avec le drapeau tricolore pour que la méfiance retombe… Conflit de classes autour du cerf Depuis le livre des Pinçon-Charlot sur la chasse à courre, on sait que ce n’est plus une activité aristocratique : vous décrivez la guerre de classes qui se noue dans cette bataille entre animalistes et suiveurs… Les veneurs de cerf appartiennent à la bourgeoisie provinciale. Quant aux veneurs de lièvres et aux suiveurs, ils sont issus de ce « monde rural dépaysanné » dans lequel on trouve des ouvriers, des artisans, des commerçants, des forestiers. Les animalistes que j’ai pu croiser venaient d’horizons plus diplômés, beaucoup d’employés de bureau, d’artistes, de cinéastes. Mais ce ne sont pas uniquement des urbains, contrairement à la caricature qui en est faite par les chasseurs. Les études sur le vote animaliste aux européennes montrent un enracinement dans les zones périurbaines et pavillonnaires. A Rambouillet, certains militants s’étaient installés là pour profiter de la forêt dans laquelle ils voient un espace de contemplation. Pour les suiveurs, au contraire, la forêt est un espace entretenu, il n’y a pas de différence marquée entre lieu de loisir et de travail, entre culture et nature. Chasseurs et animalistes se mettent à la place de l’animal, mais, là aussi, de façon différente. Les premiers s’intéressent à l’organisation sociale des cerfs, à un collectif d’animaux en relation avec un milieu particulier. Les seconds insistent sur l’intériorité et la sensibilité de l’animal, conçu comme un individu en détresse, à protéger. Cela donne une troupe très bigarrée : on les voit à vélos, se distinguant par leurs vêtements, les animalistes habillés chez Decathlon, les suiveurs chez Gammvert. Charles Stépanoff Est-ce que les chasseurs ont raison de dire qu’ils sont « les premiers écologistes de France » ? C’est une campagne de communication lancée par Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs. Sa stratégie est d’unifier un monde éclaté. En réalité, il n’y a pas une chasse, mais des chasses, avec des intérêts parfois concurrents. Une chasse terrestre et une chasse hors-sol. Qu’y a-t-il de commun entre des bourgeois urbains qui paient un forfait pour faire du tir dans des parcs où le gibier est élevé et des paysans qui pratiquent encore une chasse vivrière ? Les institutions de la chasse créées au moment des Trente Glorieuses ont contribué au désastre écologique en industrialisant l’élevage du gibier : on a créé des perdrix et des faisans inadaptés à la vie sauvage, on a favorisé l’expansion du sanglier pour satisfaire une chasse de loisir. Mais il est vrai aussi que les chasseurs ont été les premiers à alerter sur les dangers de l’arséniate de plomb, utilisé pour traiter les pommes de terre, ou des néonicotinoïdes, qui ont dévasté les campagnes françaises. Dévastation que vous appelez le« grand dépeuplement » Les statistiques sont connues : en France, les oiseaux ont perdu un tiers de leurs effectifs en seulement quinze ans. Nous entrons dans l’âge de la solitude. La sociabilité rurale liée au petit gibier se délite. Un compagnonnage s’interrompt : il y a un rapport d’identification profond entre le paysan et la perdrix, un oiseau rusé, tapi dans le paysage. Avec la disparition de la perdrix grise, c’est aussi un monde sonore qui disparaît : elle avait un cri particulier que l’on entendait le soir. La France est en train de vivre son printemps silencieux, pour reprendre le titre du célèbre livre de Rachel Carson. C’est une mosaïque de milieux diversifiés qui cède à la simplification : quand un milieu se simplifie, des espèces disparaissent, comme le râle des genêts, qui était associé à la jachère et aux landes ouvertes, l’hirondelle qui appréciait les prairies et la perdrix les haies. Peut-on lier ce lissage des paysages à la simplification cosmologique, à la disparition de ces aspérités animistes que vous décrivez ? Oui. Le dualisme nature-culture a été projeté dans l’espace lorsqu’on a commencé à arracher les haies. Il y a désormais la forêt-bloc, en expansion, et la plaine nue dédiée à l’exploitation productiviste, les deux séparées par des grillages pour empêcher les sangliers de circuler. Le désenchantement de la terre prépare sa mise au travail capitaliste. Le bocage, au contraire, est un entrelacement sauvage-domestique. La forêt pénètre dans les cultures grâce aux haies, peuplées par toute une faune d’oiseaux et d’insectes. Et ce foisonnement, cette épaisseur, donne davantage prise à une perception de l’invisible échappant au naturalisme moderne. Dans le Cotentin, où le bocage a moins souffert du remembrement, la biodiversité est mieux préservée et l’on voit aussi que les cultes des puissances sacrées de la terre, des arbres et des sources miraculeuses sont restés vivants. Il y a des rubans attachés aux branches (et même des masques anti-Covid)… Parfois on se croirait en Sibérie ! Une biodiversité riche est liée à une cosmologie riche, les études le montrent dans le monde entier : simplification du vivant et appauvrissement culturel vont de pair. Charles Stépanoff, bio express L’anthropologue Charles Stépanoff est directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales et membre du Laboratoire d’anthropologie sociale du Collège de France. Il a notamment publié « Voyager dans l’invisible. Techniques chamaniques de l’imagination » (Les Empêcheurs de penser en rond/La Découverte, 2019).
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