Pourquoi le veneur est un homme heureux

Le veneur, par nature enraciné, assiste avec étonnement aux bouleversements d’un monde livré aux tentations d’un progressisme effréné dans lequel sa place serait remise en cause. Cependant, ces tendances suscitent aussi l’émergence de réflexions brillantes destinées à en comprendre les fondements. Parmi celles-ci, citons le livre que Paul-François Schira vient de faire paraître*. Pour l’Homme du XXIe siècle, libre de ses choix, l’auteur identifie le besoin fondamental d’une triple quête : le sens, l’appartenance et la reconnaissance. Et voilà pourquoi le veneur est un homme heureux !

Le sens, tout d’abord, doit être pris dans sa double définition : la signification et la direction. Tant sur la raison d’être de la chasse à courre que sur ses origines, le veneur, apprenti ou confirmé, a tôt fait de comprendre, de défendre et d’assumer la légitimité de la prédation par le chien courant : sa signification. Quant à la direction qu’indique la chasse à courre, le veneur, attentif à ne pas chasser le contre, sait bien que la réussite est à rechercher dans le droit.

L’appartenance est un sentiment qui se manifeste dès lors qu’un veneur en croise un autre. Il suffisait, pour s’en convaincre, de visiter Nature & vènerie en fête à Fontainebleau en mai ou le Game Fair à Lamotte-Beuvron en juin. Au hasard des allées ou sur le stand de la Société de Vènerie, qu’on se connaisse ou pas, dès lors qu’on s’identifie veneur, la conversation s’engage, les anecdotes s’échangent, le sentiment d’avoir vécu les mêmes aventures suscite immédiatement des connivences. Pour ceux qui n’ont pas pu venir nous rencontrer dans ces deux manifestations, nous vous donnons rendez-vous à Moulins** en juillet et à Sully-sur-Loire*** en septembre.

La reconnaissance, enfin, est le nouveau combat du veneur du XXIè siècle. Ses ancêtres cultivaient la fameuse maxime « pour vivre heureux, vivons cachés » ; la société médiatique nous impose aujourd’hui de nous faire reconnaître de nos contemporains, d’assumer et d’expliquer les ressorts de notre passion. Dans un cercle amical ou professionnel, affirmer qu’on chasse à courre n’est pas neutre. Nourrie par des a priori ou par une connaissance plus précise, la discussion s’engagera aisément, voire passionnément.

Voilà donc satisfaite la triple quête ; mais elle ne suffit pourtant pas au bonheur du veneur, qui se réalise essentiellement dans une journée de chasse. Ce bonheur-là est constitué d’un savant cocktail, où se mêlent la rigueur de la quête, le courage de l’effort, l’incertitude du défaut, l’émotion du relancé, la complicité avec les chiens, l’amitié entre les hommes. Partout où l’on chasse à courre en France, le bonheur du veneur se conjugue ainsi.

Quelques semaines nous séparent encore de la reprise. La Lettre des Amis de la Vènerie vous souhaite de les passer agréablement et vous donne rendez-vous à la rentrée.

La demeure des hommes : pour une politique de l’enracinement de Paul-François Schira

** 30 ans de la FACCC, hippodrome de Moulins, les 13 & 14 juillet

*** Fête de la Sange, Sully-sur-Loire, les 7 & 8 septembre

Photo : André Aublanc, Objectif Vènerie

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