Spécial élections : témoignages de veneurs conseillers municipaux

A la veille du premier tour des élections municipales, nous avons posé trois questions à cinq veneurs conseillers municipaux ou maires de leur commune. Leurs réponses sont encourageantes.

Que pensent vos administrés de vos activités de veneur ?

Christian (Maine et Perche) : « Je ne fais pas mystère de mon activité de veneur mais le contexte ne me donne pas souvent l’occasion d’échanger sur ce sujet. J’en parle principalement avec les chasseurs à tir nombreux dans la commune qui s’intéressent à la vie cynégétique en général. Lors de mes conversations sur la chasse, je rencontre une curiosité pour la vènerie. Cela ne préjuge en rien de leur opinion mais on peut imaginer une certaine bienveillance, de la part des chasseurs en tout cas. »

Jérôme (Nouvelle Aquitaine) : « Ils n’en pensent que du bien ; notre implication au sein de notre conseil municipal est historique comme notre chenil au milieu de notre exploitation agricole très voisine de notre village. Toutes nos vieilles familles du village sont très au courant de notre activité et souvent présentes pour quelques-uns à nos laisser-courre. Concernant les nouveaux habitants, il y a toujours de la pédagogie à faire, beaucoup de questionnement sur les différents bruits du chenil et en expliquant la vènerie dans son ensemble tout se passe bien. Pour l’instant nous ne connaissons aucun problème autour de chez nous. Les a priori négatifs contre cette pratique sont très souvent inversés et oubliés lors de la visite du chenil et une invitation à un laisser-courre. Je leur dis souvent que je peux comprendre leurs critiques mais à une seule condition de venir découvrir et ensuite on en rediscute. La majorité du temps, les préjugés sont oubliés et les gens demandent à revenir. »

Bruno (Nouvelle Aquitaine) : « À priori, ni chaud ni froid. Ce qui est sûr, c’est qu’ils ne m’en tiennent pas rigueur puisque je suis maire depuis vingt-cinq ans ! Je n’ai jamais eu de piqueur, je trie mes chiens et les récupère à pas d’heure quand ils manquent. Je conduis mon camion, paie de ma personne. Cela aide pour détruire l’image d’Epinal du seigneur d’autrefois. »

Véronique (Bretagne) : « Dans une commune rurale, la chasse fait partie intégrante de la vie de la commune. Les habitants comprennent parfaitement bien le rôle des chasseurs dans la gestion des espèces tels que les sangliers, renards, ragondins…. Les chasseurs font donc partie de la vie de la commune. Cela se vérifie d’ailleurs par leur présence fréquente lors des manifestations estivales. Mais la chasse « loisir » est plus difficilement comprise et acceptée par les nouveaux habitants et les nouvelles générations. Concernant la vènerie, peu de mes concitoyens connaissent ma passion ; certains la soutiennent pour sa beauté, la présence des chevaux, la beauté des tenues des veneurs, la sagesse et gentillesse de la meute et les fanfares de trompe. Les autres l’ignorent par désintérêt. »

Quelles facilités, rencontres, opportunités vous offrent vos fonctions d’élu pour défendre la chasse à courre ?

Louis (Bourbonnais) : « Le statut de maire facilite tous les contacts auprès des administrations et services de l’Etat : sénateurs, députés, préfète, sous-préfète, comcom, gendarmeries, RG, DDT, louveterie, FDC.  Le maire, identifié comme veneur, se révèle être un interlocuteur plus accessible pour tout ou partie des instances citées. Un exemple : je suis identifié d’abord en tant que maire par les services de Gendarmerie – locaux et départementaux.  Un autre exemple : celui de la comcom qui réunit les maires, tous riverains du massif forestier et qui en profitent pour poser des questions à propos de notre mode de chasse. »

Christian (Maine et Perche) : « La fonction d’élu facilite les prises de contact avec les autres élus députés, sénateurs, maires, conseillers départementaux et aussi fédérations départementales de chasse. Les rencontres sont une occasion de défendre la vènerie de manière conviviale, car les élus sont également intéressés par la vie de la circonscription. Vis à vis des services de l’Etat (préfecture, gendarmerie notamment), ma fonction d’élu et de responsable de la communication de la Vènerie me désigne naturellement comme leur interlocuteur privilégié. »

Jérôme (Nouvelle Aquitaine) : « Les facilités sont très simples : une ouverture directe et très facile sur tous les élus de notre département et tous les services administratifs au-dessus de nous (préfet, ainsi que tous les services de l’administration, gendarmerie, etc.). Le fait d’être un élu à la plus haute marche de sa commune reste une responsabilité que toutes les instances respectent énormément. La fonction et l’autorité de maire permettent une meilleure écoute qu’une personne quelconque. »

Bruno (Nouvelle Aquitaine) : « Nous ne chassons qu’en territoire privé. Le fait d’être vice-président de notre Communauté de Communes (27 municipalités) permet de tutoyer tous les maires et de bien connaître présidents de sociétés de chasse, propriétaires et régisseurs. Ils sont évidemment tous au courant de notre passion. Aucun commentaire agressif jamais, la plupart indifférents, beaucoup rigolards, pas dangereux, « t’es fou », « t’as vu le temps », « vous êtes des malades ». Excellents rapports avec la Fédération, admirative du nombre de jeunes qui nous suivent, avec nos sénateurs, avec la gendarmerie. Autant d’occasions d’évoquer une vènerie discrète et bien élevée, méthode de chasser comme une autre, intégrée sur notre territoire, immense. »

Véronique (Bretagne) : « En tant que vice-présidente du Conseil Départemental des Côtes d’Armor, chargée de l’environnement, j’ai été amenée de très nombreuses fois à soutenir la chasse et plus particulièrement la vènerie. Le département des Côtes d’Armor a la particularité d’être propriétaire d’un massif forestier sur lequel un partenariat existe avec la fédération départementale des chasseurs pour la gestion du gibier. Sur ce massif tous les modes de chasse sont pratiqués. Ma passion pour la vènerie a, localement, été le sujet de nombreuses attaques et le prétexte trouvé par les extrémistes de tous bords pour s’offrir des tribunes médiatiques. Mais cela reste sans conséquence ; la très grande majorité des costarmoricains ne s’intéressent aucunement à la vènerie. Devant les élus régionaux, départementaux, et les agents du conseil départemental, je ne cache pas ma passion pour la vènerie, et la chasse plus généralement, et n’hésite jamais à la rappeler. Cela me permet parfois d’adapter certaines mesures qui auraient pu être prises, dans le domaine de l’environnement, par le département voire la région.  J’ai ainsi pu demander à ce que les associations de chasseurs soient présentes dans la mise en place de structures qui pourront avoir un rôle important pour notre avenir, telles que l’Agence Bretonne de la Biodiversité. Par ailleurs, j’ai beaucoup plus facilement la possibilité de rencontrer les députés, sénateurs de mon département ou autres, et d’être écoutée, voire parfois entendue ! »

Quel message essentiel faîtes-vous passer sur la vènerie, dans le cadre de vos fonctions d’élus ?

Louis (Bourbonnais) : « Un message de normalité d’un mode de chasse strictement encadré qui apporte des retombées économiques sur le plan local et qui participe à la régulation du cheptel pour le plus grand bien des cultures environnantes. Le maire-veneur, puisqu’il est de son rôle de faire respecter la loi, apporte sa pierre à la légitimité de la chasse à courre. Sans doute plus aisé dans un milieu rural que dans le milieu péri-urbain. »

Christian (Maine et Perche) : « Par mon comportement, j’essaie de communiquer les valeurs de la vènerie, comme l’attention portée aux animaux, la connaissance de la nature, la courtoisie, la mixité sociale. Pour moi, être veneur oblige. »

Jérôme (Nouvelle Aquitaine) : « Faire découvrir nos traditions. A chaque fois, l’objectif est simple : faire comprendre nos valeurs et nos coutumes, afin d’être défendus, le cas échéant. Les messages sont simples : nous sommes de la terre depuis plusieurs générations, nous sommes très simples et accessibles. Une pratique très noble, l’amour de nos animaux, de nos chiens et de nos chevaux. »

Bruno (Nouvelle Aquitaine) : « Désamorcer immédiatement, par une visite, toute rumeur de contrariété ou de doléance à l’égard de l’équipage. Si besoin, pour le grand public, quelques explications argumentées, bien connues : ponction hypothétique de la vènerie sur le cheptel, jamais eu autant de grand gibier, nécessité de réguler puisque plus de grands prédateurs, brassage des populations permettant une bonne génétique, respect et célébration de l’animal à la curée. »

Véronique (Bretagne) : « La vènerie est un mode de chasse comme tous les autres ; elle doit être respectée en tant que tel. Elle permet la conservation et le développement de races de chiens, et de chevaux. Elle génère une réelle activité économique. Mais le message le plus important pour moi est que la vènerie est une chance ; elle permet de conserver et transmettre des traditions ancestrales mais surtout des valeurs humaines. Elle fait partie intégrante de notre patrimoine.  Face à de nouvelles générations qui ont perdu leurs repères, qui s’opposent à toute forme de contrainte et d’autorité, nous sommes fiers de voire nos enfants vouloir perpétuer ces traditions, cette école de la rigueur et de l’humilité devant la nature. »

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