21 octobre 2021 – Plus que jamais, le lobby des chasseurs met la pression sur les candidats

Plus que jamais, le lobby des chasseurs met la pression sur les candidats. Le président de la Fédération Nationale des Chasseurs confie son envie de peser sur la présidentielle. En face, les animalistes réagissent. La date est cochée sur le calendrier. Trois semaines avant la présidentielle, le 21 mars 2022, les chasseurs ont prévu de faire passer un grand oral à tous les candidats. C’est ce qu’ils avaient déjà fait lors du congrès de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) en mars 2017. Interrogés tour à tour, Emmanuel Macron et François Fillon s’étaient pliés à l’exercice. «On veut à nouveau peser, c’est notre rôle », résume Willy Schraen, le puissant patron de la FNC.

Sans attendre, les politiques manifestent leur intérêt pour cet électorat rural — on compte en France plus de 1 million de détenteurs de permis de chasse. « Depuis des semaines, je rencontre avec plaisir et intérêt tous les candidats potentiels qui me sollicitent, souligne Willy Schraen. Je l’ai fait avec les candidats à la primaire de la droite Michel Barnier ou Éric Ciotti. Mais aussi avec Jean Lassalle. Je le ferai demain avec le communiste Fabien Roussel. Ou encore avec Éric Zemmour qui a demandé par deux fois à me voir. »

 

Mais il y a des exceptions. « Je suis sidéré de l’absence de volonté de dialogue de la part de Jean-Luc Mélenchon et de Yannick Jadot qui demandent notre disparition, poursuit Willy Schraen. Et même de Marine Le Pen qui préfère parler de ses chats. » Depuis quelques mois, le Rassemblement national est divisé en interne sur la question animale.

Le premier des chasseurs met la pression sur les candidats. Aux régionales, il avait apporté son soutien à Xavier Bertrand, qui lui avait proposé en vain une place sur sa liste. « Les Hauts-de-France, c’est ma région, se justifie-t-il. J’ai fait campagne pour défendre la ruralité, et j’ai soutenu Xavier Bertrand. Il a été réglo avec les chasseurs pendant tout son mandat. Mais je ne voudrais pas qu’on fasse un raccourci. Les régionales n’ont strictement rien à voir avec la présidentielle. »

Les sujets épineux se dénouent à l’Élysée

D’autant qu’en 2022 devrait concourir un certain Emmanuel Macron. Les deux hommes s’appellent, se textotent, se voient « deux fois par an ». Prochaine rencontre en novembre. Le chef de l’État, natif d’une terre de chasse populaire (la Somme), a lancé pendant son mandat une réforme de la chasse et la réduction de moitié du prix du permis national. Elle a provoqué indirectement le départ du gouvernement de Nicolas Hulot. « Emmanuel Macron est le seul président de la V e République à avoir fait autant pour la chasse française. Il a osé entreprendre des réformes courageuses. Il a défendu la chasse à courre et les chasses traditionnelles, y compris contre ses ministres de l’Écologie », s’enthousiasme le président de la FNC.

C’est d’ailleurs à l’Élysée que se dénouent les sujets épineux. En août dernier, alors que le Conseil d’État vient d’annuler les arrêtés sur plusieurs chasses aux oiseaux dites traditionnelles, Emmanuel Macron réunit ministres et conseillers pour demander une nouvelle rédaction des arrêtés. Ils viennent d’être publiés vendredi. « Lamentable ! » a réagi le député proche de Nicolas Hulot, Matthieu Orphelin, qui accuse le gouvernement de vouloir « faire plaisir aux chasseurs et à leur patron, Willy Schraen, à six mois de la présidentielle ». Lequel Schraen se félicite pleinement : « Quand c’est compliqué avec la ministre Barbara Pompili ou sa secrétaire d’État à la Biodiversité, Bérangère Abba, le chef de l’État reprend les dossiers en main. »

« Qu’on arrête de faire chier les ruraux »

Depuis quelques semaines, le chef de l’État prend — « en même temps » oblige — soin d’envoyer des signaux aux défenseurs de la cause animale. Il s’est rendu début octobre dans un refuge de la SPA. Au Parlement, le député LREM Loïc Dombreval est en train de faire adopter une proposition de loi sur le bien-être animal. Car le camp animaliste se mobilise aussi en vue de 2022 : Hélène Thouy, coprésidente du Parti animaliste, s’est déclarée candidate à la fonction suprême.

Une action incohérente de la part du chef de l’État ? Pas vraiment, assurent les porteurs de fusil. « Lorsque le président veut lutter contre la maltraitance animale et contre les 100 000 abandons d’animaux par an, nous soutenons son initiative car nous avons presque tous des chiens qui sont nos compagnons de chasse et de vie, au quotidien, douze mois par an », rétorque Willy Schraen. Lequel conclut : « Ce qu’on demande, c’est juste qu’on arrête de faire chier les ruraux. »

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