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Hugo, le nez au vent

Dans nos vallons, Hugo, grand Anglo-Français et fin limier, quête puis requête, espérant humer une de ces subtiles senteurs asphaltées. Que le temps soit à la grappille des abeilles, à la pluie qui sans cesse se déverse, ou à la tombée des flocons jonchant les arêtes, il explore sous des saules ou des Sudètes*.

Dans nos vallons, Hugo porte fièrement en son prénom, une âme de garçon.
Il acquiesce de nombreuses câlineries contredisant ainsi avec sa prestance et sa nonchalance. Approchant sa truffe pour tenter de chérir ou de remercier peut-être, en glissant un petit coup de langue, il laisse paraître son œil borgne de naissance, blanchi partiellement.
Il épanche, toujours de la même manière, son dépit, son entrain ou sa colère. De son regard, il fixe l’être qui lui est le plus cher, s’exprimant dans son langage que nul Homme, par le passé, n’eut déchiffré.

Dans nos vallons, Hugo, le nez au vent, s’exhale hardiment : « AOOOOOH » ! D’un ton rocailleux, la voix, se laissant porter par le vent, stagne et s’oppose au silence qui en devenait presque pesant.
Maîtres, piqueux et boutons le savent, devant lui, ils sont là, les sangliers qu’ils eurent tant désirés.
Comme un modèle, un patriarche, un véritable chef de clan, il attend patiemment. Il attend, pour l’épauler, que ses compagnons de meute le rejoignent pousser de joyeuses menées.

Dans nos vallons, Hugo demeure et demeurera, un chien de foi, un chien des bois, un chien d’abois.

Le vieux Hugo, chien des « grands devants », appartient à l’un de mes proches amis passionnés. Il est le fruit de générations d’élevage, de sélections génétiques et de dressage. L’amour qu’il émet se ressent à travers lui et ne manquent que les mots pour qu’il le retranscrive…

Déc[O]uplons les savoirs de la nature. J’accour[R]e.

*variété de Mélèze (Larix Decidua)

Si ça branche, c’est que c’est bon !

« Si ça branche, c’est que c’est bon ! »

Se lever avant l’aurore, la bouche brumant encore par ce temps quelque peu clément. Crépitante et scintillante, la couche blanchâtre qui jonche le sol prédit le déroulé de cette longue journée.

Seul pour trouver la brisée, le bouton s’en remet à la symbiose et à son instinct naturel pour observer les traces de la gambade nocturne du ragot se nourrissant. Déjouer le hourvari, identifier les boutis ou trouver la souille de cet animal si intelligent sont les objectifs afin de rapporter une attaque précise et détaillée.

Deux fidèles compagnons, dont les paroles ne sont qu’une encyclopédie, un véritable recueil de méthodes de dressage et d’histoires de chiens courants, sont impatients.

Deux fidèles compagnons, dont la passion n’est marquée que par l’amour de la chasse et du sanglier, s’empressent de mettre sur cette voie froide, très froide, quelques fins limiers.

Les valets s’appliquent, divaguent méthodiquement et s’expriment d’un ton rauque. Le défilé s’annonce à la fois compliqué et prometteur… Soudain, survient le défaut, une ruse, nul ne sait sa volonté, qui ralentit la quête déjà bien engagée. Au retour, barre, rattache – chacun est libre de cette expression – sur la dernière odeur criante qui fût marquée.

Une chienne s’éloigne, quête, sillonne et s’applique. Sans plus attendre, confiant et déterminé, l’un des deux compères fait raisonner sa joie : « Si ça branche, c’est que c’est bon ! ». Avec un entrain sans pareil, la meute embraye et contrecarre ainsi les crochets de ce sus scrofa jusqu’aux abois.

Le rapprocher est une phase cruciale et passionnante. Les chiens ayant les capacités de pratiquer cela constituent le prolongement du corps et de l’esprit de leur maître. La fusion des deux êtres reflète le travail exceptionnel et quotidien de personnes véhémentes.

Déc[O]uplons les savoirs de la nature.
J’accour[R]e.