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Élevage et soins des meutes

Le vendredi 2 juillet dernier, une trentaine de veneurs participaient à la formation en vue d’obtenir l’Attestation de Connaissance pour les Animaux de Compagnie d’Espèces Domestiques (ACACED). Cette attestation est aujourd’hui requise pour toute personne qui élève et vend plus d’une portée de chiens par an. Les équipages ne vendant pas de chiens, elle n’est pas obligatoire pour les personnes gérant les meutes de vènerie ; néanmoins les autorités de la vènerie et le Club du Chien d’Ordre recommandent vivement aux équipages de faire suivre cette formation à leurs piqueurs et à toute personne soignant la meute. Elle présente un double intérêt.

D’une part, elle dispense des connaissances scientifiques sur les différents thèmes abordés, résultant d’études menées par des experts vétérinaires et de recherches approfondies dans les écoles vétérinaires. Nos pratiques s’en trouvent améliorées sur nombre de points : logement des chiens, alimentation, santé, élevage.

D’autre part, elle démontre aux pouvoirs publics (Ministères de l’Agriculture, de l’Environnement, politiques) et au monde cynophile, que les veneurs possèdent toute la compétence pour élever et soigner des chiens. Elle apporte un démenti aux accusations de nos opposants qui invoquent la prétendue maltraitance dont nos chiens seraient victimes.

Cette formation, dispensée par un vétérinaire, est placée sous l’égide et le contrôle de la Société Centrale Canine. Elle est en partie financée par le Fonds Vènerie.

La passion du chien

C’est Pierre Astié qui tient la plume de cet éditorial. Veneur passionné et grand amateur de chiens, il a présidé longtemps le Club du Chien d’Ordre. Il nous livre ici une présentation très complète du chien de meute. Le lecteur y trouvera à la fois des conseils techniques, et un descriptif plus « affectif » de la relation du veneur et de ses chiens. Un témoignage forgé au long d’années d’observation attentive.

L’essence de la vènerie est une lutte loyale entre un animal sauvage et un autre animal, autrefois sauvage et aujourd’hui domestiqué, le chien. Le premier est doté d’un instinct de survie qui lui permet d’échapper à la poursuite du second ; le second est doté de facultés de poursuite exceptionnelles. Dans ce combat naturel – on dirait aujourd’hui écologique – qui remonte à la nuit des temps, le veneur n’intervient que pour constater quel est le gagnant et se satisfait de la victoire de sa meute quand elle réussit à déjouer les ruses de l’animal sauvage.

La clé de la réussite est d’avoir de bons et beaux chiens. C’est ce à quoi s’emploie le veneur, homme de chien avant tout. Avoir de bons chiens de vènerie, que l’on peut comparer à des marathoniens, nécessite d’avoir des chiens en parfait état pour jouer à armes égales avec leur adversaire. Le préalable est d’avoir des chiens bien installés dans un chenil bien aéré et suffisamment vaste, comportant des locaux isolés du froid et de la chaleur, de grandes cours d’ébats pour qu’ils puissent s’y détendre entre deux chasses. Jouxtant le logement des chiens, des locaux annexes abritent l’infirmerie et l’élevage.  Les chiens sont correctement nourris chaque jour avec une alimentation à base de viande, de légumines et de féculents (orge, maïs, triticale) ; celle-ci est donnée le plus souvent sous la forme d’une soupe, chaude en hiver, tiède ou froide l’été. La meute dispose à volonté d’une eau propre et saine pour s’abreuver. Le suivi sanitaire de la meute est effectué deux ou trois fois par an : vaccination, vermifuges, fortifiants. En cas de maladie ou d’accident, les chiens font immédiatement l’objet de soins vétérinaires. Un livre de chenil est tenu ; il comporte les origines de chaque chien, son numéro de tatouage, sa race, son suivi sanitaire, ses caractéristiques.

Pour que le chien soit apte à chasser correctement, il doit aussi être beau. La beauté d’un chien est précisée par des textes officiels émanant des instances de cynophilie internationales qui détaillent d’une part les caractéristiques morphologiques d’un chien courant, et d’autre part les originalités de chaque race de chien (1). Le veneur recherche avant tout des chiens bien construits, capables de courir longtemps sans fatigue excessive et de récupérer facilement entre deux chasses. Tant qu’un chien n’a pas atteint sa pleine croissance, il n’est sorti qu’occasionnellement pour une courte durée (2).

En dehors de la saison de chasse et particulièrement pendant le mois précédant l’ouverture, les chiens sont régulièrement sortis en promenade.

Hors saison de chasse, le veneur amoureux de ses chiens les montre dans des expositions canines ou des fêtes de la chasses. Il fait reconnaître leur beauté et leur appartenance à une race par des juges officiels de la Société Centrale Canine qui leur délivrent, s’ils remplissent les conditions fixées par les standards, une reconnaissance officielle sous la forme d’un pedigree.

Le veneur connaît chacun de ses chiens par son nom, et apprécie ses qualités et ses défauts, ses forces et ses faiblesses. Autant d’éléments à prendre en considération pour bien chasser.

Ce n’est pas la prise qui passionne le veneur mais l’action de chasse : voir le gibier ruser devant la meute et la meute déjouer ces ruses. Pour le veneur, le jour de chasse est celui où il donne à ses chiens la possibilité d’accomplir ce pourquoi ils existent : chasser. Vivant toute l’année avec eux, il se ravit de les voir progresser et se désole lorsqu’ils disparaissent.

La passion du chien est ce qui anime avant tout le veneur.

Pierre Astié, octobre 2018
(1) Il existe 39 races de chien courant
(2) Un chien a terminé sa croissance vers l’âge de 18 mois.
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Pour consulter le guide pratique du chien courant, cliquez sur l’image ci-dessous.