02 OCTOBRE 2023 – La chasse à courre a de beaux jours devant elle !

CYNÉ­GÉ­TIQUE Il y a trente ans, les so­cio­logues Mi­chel et Mo­nique Pin­çon-Char­lot étu­dièrent le monde de la chasse à courre ; les conclu­sions et le livre qu’ils en ti­rèrent avaient mis en évi­dence la di­ver­sité so­cio­lo­gique des adeptes de ce mode de chasse. Et pour­tant, au­jour­d’hui en­core, l’image d’Épi­nal qui ca­ri­ca­ture les ve­neurs per­dure dans l’es­prit de bien des gens. L’en­quête que nous avons com­man­dée à l’ins­ti­tut de son­dages CSA, connu et re­connu, at­teste de qui sont réel­le­ment les ve­neurs du XXIe siècle et quelle est leur pra­tique de la chasse à courre.

   À com­men­cer par le pro­fil type du ve­neur. Il s’agit d’un homme, mais aussi très sou­vent d’une femme, vi­vant à la cam­pagne, de 55 ans en moyenne, chassant par amour du tra­vail des chiens, avec ses amis, et dé­pen­sant moins de 1 000 euros par an pour cette ac­ti­vité. Contrai­re­ment à la chasse en gé­né­ral, où les femmes sont peu pré­sentes (3 %), elles re­pré­sentent dans la chasse à courre près d’un tiers des pra­ti­quants. Il faut y voir trois rai­sons prin­ci­pales : la pra­tique de l’équi­ta­tion d’ex­té­rieur, qui sé­duit au­tant les ca­va­liers que les ca­va­lières ; l’ab­sence d’armes, puisque la vé­ne­rie n’uti­lise que la meute de chiens pour chas­ser ; enfin, la vé­ne­rie se pra­tique en fa­mille : père, mère, fils et filles par­tagent sou­vent en­semble ces jour­nées.

   Bien loin de cette joyeuse réa­lité de ter­rain, la chasse est au­jour­d’hui at­ta­quée, es­sen­tiel­le­ment par ceux qui ne la connaissent pas. Et pour­tant, dans un pays comme la France, rap­pe­lons que la pré­sence d’ani­maux sau­vages ne tient qu’à la pos­si­bi­lité d’en ré­gu­ler les po­pu­la­tions et à l’in­té­rêt des chas­seurs pour y contri­buer. L’op­po­si­tion à la chasse à courre, quant à elle, est ani­mée par une in­fime mi­no­rité d’ac­ti­vistes. Ce qui ca­rac­té­rise nos contem­po­rains, c’est sur­tout leur igno­rance de notre uni­vers, pro­pice à toutes les af­fa­bu­la­tions. Il faut aussi noter que 53 % des ve­neurs ha­bitent des com­munes de moins de 5 000 ha­bi­tants et que la vé­ne­rie est, de ce fait, bien mieux com­prise en mi­lieu rural que dans les grandes mé­tro­poles dont les po­pu­la­tions, sou­vent éloi­gnées de la vraie na­ture, sont in­fluen­cées par une vi­sion fan­tas­mée de la vie sau­vage.

   En réa­lité, la vé­ne­rie a sur­tout be­soin d’être ex­pli­quée. Les ve­neurs l’ont bien com­pris et s’y em­ploient, no­tam­ment en of­frant un ac­cueil sys­té­ma­ti­que­ment bien­veillant à tous ceux qui sou­haitent s’in­té­res­ser à nous. Pour vous en as­su­rer, il suf­fit de vous pré­sen­ter à l’un des 15 000 ren­dez-vous or­ga­ni­sés chaque sai­son par les équi­pages à tra­vers 70 dé­par­te­ments. Vous consta­te­rez que le nombre des par­ti­ci­pants ex­cède très lar­ge­ment celui des ve­neurs ; sup­por­ters ré­gu­liers, ri­ve­rains des ter­ri­toires de chasse ou simples cu­rieux de pas­sage, ils consi­dèrent avec in­té­rêt la chasse à courre, qui anime convi­via­le­ment la vie lo­cale.

   La vé­ne­rie est la forme de chasse la plus na­tu­relle ; elle est régie par une éthique ri­gou­reuse. Na­tu­relle et éthique, la chasse à courre a de beaux jours de­vant elle si elle est conve­na­ble­ment ex­pli­quée à nos contem­po­rains, dans le res­pect mu­tuel de nos modes de vie et de nos pas­sions. Nous re­nou­ve­lons notre in­vi­ta­tion à tous ceux qui sou­haitent dé­cou­vrir notre mode de chasse ; il s’ins­crit par­fai­te­ment dans le res­pect de la bio­di­ver­sité et du bien-être ani­mal.

Par Pierre-Fran­çois Prioux
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