Comment comprendre
le langage des chevaux ?

@Sarah Farnsworth

Est-ce qu'il ne veut pas le faire ?
Est-ce qu'il ne sait pas le faire ?
Est-ce qu'il ne peut pas le faire ?
Toute la relation avec votre cheval se résume à cela.

Le bon oeil

Psychologique ou réel indice ? Les deux mon capitaine ! Comme pour les humains, la première impression passe par le regard. Certains nous attirent et nous donnent envie de poursuivre l’échange, d’autres nous laissent de marbre voire ne nous inspirent pas confiance. Il en est de même pour les chevaux. Avec certains, le contact se crée instantanément : il a un « bon oeil ». C’est une impression toute relative qui tend surtout à vous montrer que le cheval n’affiche pas d’inquiétude particulièrement accentuée : l’environnement dans lequel vous venez d’entrer ne l’inquiète pas.

À l’inverse, on dit souvent « il a du blanc dans l’oeil », ce qui est perçu comme une impression négative. Cette impression n’est pas fondée. En revanche, elle peut révéler, dans certains cas, un cheval inquiet. Il a dans ce cas les yeux en alerte et accentue sa rotation visuelle ; le blanc de l’oeil apparait davantage. Intuition ou pas, le premier regardcompte quand on achète un cheval : s’il est positif, vous aurez plutôt envie de regarder le verre à moitié plein.

Le cheval sur l’oeil

Ce n’est en aucun cas un vice rédhibitoire mais il est à prendre en considération. Les raisons peuvent être multiples : inexpérience du jeune cheval, un instinct grégaire particulièrement développé qui le met en situation d’inquiétude dès qu’il n’est plus à proximité d’autres congénères, une défaillance du champ visuel, etc.

CONSEILS :
VISITE D’ACHAT

Quand vous faites le tour du cheval, faites toujours attention. Vous ne vous connaissez ni l’un ni l’autre : ami ou pas, restez toujours prudent.

Mettez-vous sur le côté et passez votre main sans toucher les cils de l’oeil et idem de l’autre côté. Petit test tout simple pour vérifier que votre éventuelle acquisition n’est pas borgne.

Autre test : prenez une toise et amenez-là doucement le long du garrot. Si le cheval est vigilant mais ne bouge pas, c’est un signe très encourageant qu’il vous envoie.

Le cheval qui vient vers vous et celui qui fuit

En allant dans un pré ou en entrant dans un box, certains chevaux viennent vers vous : c’est qu’ils ont confiance ou peut-être aussi parce qu’ils sont gourmands et pensent que vous avez un morceau de sucre à leur donner. Il y a aussi ceux qui sont, quoi qu’il arrive, indifférents ou inquiets. Pour ces derniers, il s’agit souvent d’un mauvais souvenir lors de leur éducation. Ils fuient et cherchent à se réfugier alors au fond du pré ou du box. Là encore, aucune règle n’est gravée dans le marbre. Nous parlons d’observation au moment où vous allez acheter votre cheval. C’est un premier signe que vous gardez à l’esprit, encourageant s’il vient vers vous. Tâchez d’ouvrir la porte du box, s’il vous présente son postérieur, demandez au vendeur une explication. Une fois le cheval acheté, il vous appartiendra d’optimiser cette relation.

Le langage des chevaux

Ce n’est évidemment pas en quelques lignes que nous pouvons aborder un sujet aussi complexe. Sans prétendre être chuchoteur professionnel, dans vos premiers exercices avec votre nouveau cheval et alors que vous n’obtenez pas ce que vous voulez, trois questions doivent se poser :
Est-ce qu’il ne veut pas le faire ? Est-ce qu’il ne sait pas le faire ? Est-ce qu’il ne peut pas le faire ? Dans ces trois questions, dont la formulation est pourtant bien simple, se résume toute la relation avec votre cheval. C’est vrai dans les premiers moments et ce sera vrai tout au long de votre histoire avec lui. Une fois la question posée, ce sera à vous de trouver la réponse.

Il ne veut pas est assez rare.
Depuis que la sélection est essentiellement orientée vers le « cheval de loisir », les qualités comportementales des chevaux sont privilégiées. Il suffit de regarder l’évolution des mors. Ils sont dix fois plus légers qu’au début du siècle et nous ne montons pas mieux que nos aïeux, loin s’en faut. La question serait plutôt : est-ce que je lui transmets clairement ce que je veux obtenir ? C’est à vous de trouver la réponse.

Il ne sait pas est plus vraisemblable.
Il vous suffit alors de conjuguer deux choses : la clarté de vos ordres (bassin, jambes, mains, voix) et la précision de l’information que vous lui envoyez. A cette précision de l’ordre émis, il faut associer la confiance mutuelle : « ce que je lui demande est réalisable mais je ne dois pas le décevoir. » Ne brûlez pas les étapes.

Il ne peut pas : une façon très simple de le vérifier :
« il le faisait avant et il ne veut plus le faire ». L’essentiel de la réponse est dans la douleur occasionnée. Regardez son dos, ses dents. C’est souvent là qu’il faut aller chercher la réponse.

@Marguerite Breguet

Anecdote

Deux chevaux dont le travail était identique (chasse et attelage). L’un, compliqué sous la selle et très fiable à l’attelage. L’autre était l’inverse.

En travaillant autour de ces trois questions le propriétaire a découvert que le premier avait une dorsale qui le bloquait d’où sa réaction une fois monté, et le second avait une rotule endommagée d’où une appréhension à la traction. Ces deux chevaux disaient : « je veux bien mais je ne peux pas ».

Le premier a été soigné par ostéopathie et il est aujourd’hui exceptionnel dans les deux disciples. Pour le second, le problème n’a pu être résolu. Et il est resté irrégulier à l’attelage.

Posez-vous constamment ces questions, elles dicteront l’attitude à suivre.

Conseils :
COMPORTEMENT au pré

Dans un pré, à condition que le cheval soit seul, s’il ne vient pas naturellement vers vous au moment où vous allez le chercher, plutôt que d’essayer de le « coincer », avancez vers lui tranquillement sans le fixer des yeux.

S’il s’échappe, accentuez sa fuite en prenant l’initiative de le rejeter et repartez en sens inverse. Sortez du pré et disparaissez de son champ visuel, revenez quelques minutes plus tard puis recommencez. Très vite, le cheval va inverser son comportement et vous suivre. Sur le long terme, c’est beaucoup plus efficace et satisfaisant que le morceau de sucre.

Attention : ne faites pas cet exercice les matins de chasse. Votre patience et votre efficacité ne seront pas au rendez-vous.

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