Revue de presse15 décembre 2025

Éleveuse, maman, chasseuse : Claudie, une vie à cent à l’heure en Touraine

La Nouvelle République – 13 déc. 2025

Maman de deux enfants Claudie, 33 ans, éleveuse de poulets à Épeigné-les-Bois, gère aussi un équipage de chasse à courre avec son compagnon. La jeune femme était candidate au titre de Miss France Agricole 2026.

« Hello ! Moi c’est Claudie, j’ai 33 ans, je suis agricultrice en Touraine, à Épeigné-les-Bois, éleveuse de volailles fermières en plein air. Je souhaite montrer le visage de la jeunesse agricole de demain, encore motivée malgré des normes assommantes. Soutenez le monde agricole, mangez local, les campagnes ont besoin de nous ! »

Voilà le message que Claudie Bruyas a posté pour candidater au concours de Miss France Agricole 2026. Le ton est volontaire et déterminé. À l’image de cette jeune femme au caractère bien trempé.

Le 6 décembre 2025, bien que les votes l’aient placée en 5e position sur les vingt candidates retenues en finale, Claudie n’a pas été élue miss. Sans doute à cause de son parler « cash » sur sa vidéo de présentation sur Facebook, qui n’a pas conquis le comité d’organisation. « J’ai dit ce que j’avais à dire, je n’ai pas répondu aux questions imposées. Je voulais parler de la difficulté d’être un jeune agriculteur, des normes qui s’accumulent, du Mercosur, de la dermatose nodulaire, de la grippe aviaire, des troupeaux d’animaux qu’on abat, des petites fermes qui disparaissent, avalées par les grosses, et des jeunes qui ne peuvent pas acheter de ferme… »

C’est finalement Chrystelle, une jeune éleveuse de chèvres angora, près de Castres, qui a été sacrée Miss Agricole 2026 et ambassadrice du monde paysan pour un an.

Claudie n’en était pas à sa première candidature de Miss. À 15 ans, elle a été élue Miss Chatelus, son village d’origine dans la Loire. © (Photo NR, Pascal Landré)Claudie n’en était pas à sa première candidature de Miss. À 15 ans, elle a été élue Miss Chatelus, son village d’origine dans la Loire. © (Photo NR, Pascal Landré)

Le soulagement de ne pas être Miss

Tout bien considéré, Claudie est soulagée de ne pas porter la couronne de Miss France Agricole : « Je n’avais pas lu toutes les lignes du concours : si j’avais été élue, il aurait fallu que je me crée un compte Instagram et que je poste régulièrement des choses. Je n’ai vraiment pas le temps ! » Jouer la belle des champs sur Insta, très peu pour elle !

La jeune femme qui a vu le jour dans le département de la Loire, près de Saint-Étienne, a grandi dans une famille d’éleveurs laitiers. Après un bac agro à Roanne, Claudie a décroché un BTS « Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole ». « En vue de m’installer pour faire des fromages et des yaourts, à côté de l’élevage familial. Mais l’idée d’être enfermée dans un laboratoire m’angoissait. Je suis allée travailler en maraîchage comme salariée. »

À 23 ans, elle se lance dans l’élevage de sangliers

Dans la famille de Claudie, on chasse. Et après dix-huit mois à ramasser des légumes dans les champs, elle se lance un défi professionnel aussi risqué qu’original pour une jeune femme de 23 ans : ouvrir un parc de chasse et un élevage de sangliers. « J’organisais des chasses à tir, je faisais à manger aux chasseurs le midi. »

L’affaire dure trois ans. Un jour de 2018, Claudie découvre que son parc a été ouvert, les grillages découpés. Un acte de vandalisme dont elle ne se remettra pas. « Mes sangliers se sont enfuis, dont une cinquantaine de reproducteurs. Il a fallu organiser des battues pour les abattre. J’ai cessé mon activité, je n’avais pas les moyens de racheter le cheptel. »

En Touraine, elle découvre la chasse à courre

Entre-temps, Claudie a fait la connaissance de Mickaël, un artisan charpentier-couvreur qui vit dans une ferme à Épeigné-les-Bois. Mickaël est le fils d’un garde forestier du Loir-et-Cher. Il aime la campagne, la nature, les chiens, les chevaux, la chasse. Et il est maître d’un équipage de chasse à courre au chevreuil, le Piq’Ardent Touraine. Claudie s’installe à la ferme, entourée d’une cinquantaine de chiens français et anglo-français et de quinze chevaux de race trotteur français. Claudie est cavalière. Ça tombe bien. Elle endosse rapidement la tenue de vénerie « bleu roi et vieil or » de l’équipage et participe aux chasses, entre Auvergne et Loir-et-Cher, deux fois par semaine.

Claudie Bruyas dans la tenue de vénerie bleu et vieil or de l’équipage Piq’Ardent Touraine que dirige son compagnon Mickaël. Elle est photographiée au château de Montpoupon voisin, avec l’une des chiennes de sa meute. © (Photo C. B.)Claudie Bruyas dans la tenue de vénerie bleu et vieil or de l’équipage Piq’Ardent Touraine que dirige son compagnon Mickaël. Elle est photographiée au château de Montpoupon voisin, avec l’une des chiennes de sa meute. © (Photo C. B.)

Elle abat elle-même ses poulets

Dans la foulée, Claudie crée son élevage de poulets de plein air. Des volailles destinées à la vente directe, prêtes à cuire ou vivantes. Claudie reçoit des poussins d’un jour qu’elle élève jusqu’à leurs quatre mois, avant d’abattre ses volailles, elle-même, dans son labo. Pour ses deux enfants, Cléa, 7 ans et Louis, 4 ans, Claudie baptise son élevage « La Clé du Loup ». Et comme si ses journées n’étaient pas assez longues, la jeune femme lance un petit élevage de chiens Jack Russel, et recueille deux vaches et un taureau de race Black Angus. La jolie amazone d’Épeigné n’a pas les deux pieds dans le même sabot.

Pas de temps pour candidater aux municipales

Alors, quand les candidats des deux listes en lice aux prochaines municipales à Épeigné-les-Bois sont venus la solliciter, récemment, la jeune paysanne a décliné l’offre. « On verra ça plus tard, actuellement avec deux enfants, une ferme de 23 ha, la meute et les chevaux à nourrir deux fois par jour, un millier de poulets, la chasse, sans compter toutes les tâches administratives, le ménage et tout le reste, je ne vois pas comment je pourrais faire ! »

D’autant que Claudie a l’esprit au projet qu’elle dessine avec Mickaël : la construction d’une bergerie couverte de panneaux photovoltaïques, pour élever des moutons. Se diversifier, encore, histoire de ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

Une heure dans la vie de Claudie

Chaque dimanche, la NR vous propose le portrait d’une personnalité de Touraine, connue ou non, qui mérite qu’on parle d’elle. Comme les endroits que nous aimons racontent aussi ce que nous sommes, c’est elle qui choisit le lieu du rendez-vous. Une forêt ? Le château de Montpoupon ? Le café du village ? Cette semaine, Claudie a repoussé les éventualités. Elle posera chez elle, dans sa ferme. À deux pas de sa maison, dans l’enclos des petites vaches. Un poussin en main, une chienne Jack Russel à ses pieds, avec les hennissements au loin des grands chevaux attirés par la scène et les aboiements de la meute qui attend la soupe. Bien qu’elle ait remonté le fil de la Loire et de ses affluents, Claudie est restée ligérienne. Mais son port d’ancrage est loin du fleuve royal. C’est une ferme à l’ancienne, dans son jus, enracinée dans la campagne isolée du sud-est tourangeau, là où la jeune femme a élu domicile par amour. Quel meilleur studio photo ? Clic-clac, c’est dans la boîte. Cléa et Louis lui tirent la manche : « Maman ! Maman ! Quand est-ce qu’on fait le sapin ? » Il est temps de lever le camp. L’interview a duré une heure, et une heure, ça compte dans la vie de Claudie.


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