1er décembre 2022 – Entretien exclusif avec Willy Schraen qui répond sans détour (1ère partie)

Le Chasseur Français Vous avez changé d’interlocuteurs au gouvernement, comment ça se passe ?

Willy Schraen : Notre interlocutrice au ministère c’est Berengère Couillard qui est la secrétaire à la biodiversité, c’est elle qui a la délégation sur le dossier chasse. Nous avons quelqu’un qui est girondine mais qui ne connaît pas la chasse, elle est ouverte à la discussion et est très pragmatique. Je l’ai vu beaucoup plus que ces prédécesseurs, la discussion est normale et cordiale mais comme avec tout ministre de l’Ecologie je reste prudent.

LCF : Vous avez accueilli le rapport du Sénat sur la sécurité à la chasse assez froidement ?

WS : Oui plus que froidement, je ne comprends pas la démarche des sénateurs qui ont rédigé ce rapport. Remettons les choses dans leur contexte c’est important. Depuis 20 ans nous avons divisé les accidents à la chasse par quatre, on a divisé par cinq le nombre d’accidents mortels. Dans le même laps de temps on a connu une explosion du grand gibier et multiplié presque par cinq le nombre de coups de carabine tirés. C’est pour vous dire l’importance du travail qui a été fait par le monde de la chasse, et tout seul, il n’y a pas eu de lois. On n’a pas légiféré, on a travaillé entre nous en responsabilisant les chasseurs. On a vraiment fait un travail interne colossal, il n’y a pas un corporatisme qui s’est pris en main tout seul pour arriver à de tels résultats (NDLR. La fédération française de rugby après les cas de chocs mortels sur les terrains l’a fait). L’année dernière il y a eu 90 accidents de chasse dont 10 % impliquaient des non-chasseurs. Regardons d’où nous venons et où nous en sommes maintenant. Les sénateurs s’emparent du sujet après le dépôt d’une pétition par le collectif Un jour un chasseur . C’est la démocratie, ils peuvent le faire. Ensuite le Sénat s’empare de cela alors qu’il y a 8 accidents sur 30 millions de journées de chasse par an et nous sommes dans une affaire d’État. Tout ça pour ça. Le Sénat fait un rapport dans lequel il détaille tous les progrès accomplis par les chasseurs en matière de sécurité à la chasse et ensuite il appuie sur 30 propositions dont certains choses que nous faisons déjà. Je trouve ça choquant que le Sénat, qui défend les territoires fasse une liste à la Prévert en balançant des choses sans écoute et sans concertation avec nous. Je prends l’exemple de l’alcool, pour lequel je ne suis pas opposé à des contrôles, c’est quatre accidents par an.

LCF : Mais est-ce que vous n’avez pas trop attendu pour répondre sur ce point particulier ? Il y a eu près de quinze jours avant que vous vous prononciez pour un contrôle de l’alcool ?

WS : On regardait l’ensemble des propositions, et pour l’alcool le Sénat préconise pas d’alcool du tout ce qui est scandaleux car celui qui prend sa voiture peut boire deux verres de vin (NDLR 0,49 gr d’alcool par litre de sang) sans être en dehors des clous. Nous ne sommes pas des sous-hommes, pourquoi on ne pourrait pas tenir une arme avec les mêmes doses. C’est ce ton vindicatif vis à vis de la chasse françaises alors que l’on pensait que le Sénat nous connaissait et nous défendait car les chasseurs sont les habitants des territoires ruraux.

LCF : Vous ne connaissiez pas les propositions du rapport avant sa diffusion publique ?

WS : Strictement rien, j’ai découvert comme tout le monde le contenu du rapport le jour de sa publication. La seule discussion a été lors de mon passage au Sénat dans le cadre de ce rapport.

LCF Au moment où se rapport sortait, un nouvel accident de chasse était signalé.

WS : Oui mais un accident de chasse ne peut pas devenir un sujet de société avec neuf accidents l’année dernière. Il y a une stratégie politique et de désinformation, par certains médias aussi pour décrédibiliser les chasseurs et mettre en avant les accidents de chasse. Pour être franc si les chasseurs se tirent dessus c’est notre problème et c’est un problème interne entre nous, cela ne regarde que nous et éventuellement notre ministère de tutelle pour améliorer les choses. Notre ministère de tutelle devrait s’ exprimer là-dessus pour mettre un terme à cette polémique qui est démesurée par rapport à la réalité des chiffres. On est en train de mentir aux français en le racontant une histoire morbide autour de la chasse, sur le risque de se promener alors qu’il y a plein d’activités qui sont beaucoup plus dangereuse en France . Après s’il y a une discussion qui s’opère pour encore diminuer les incidents ou accidents de chasse nous sommes pour car c’est notre travail depuis 20 ans et nous avons fait baisser les chiffres d’accidents. Nous l’avons fait sans texte de loi, sans rapport et sans subvention !

En fait la façon dont nous sommes traités dans les médias n’est pas sociétale mais politique. C’est une stratégie politique qui prépare l’opinion publique avant le dépôt d’une proposition de loi de la NUPES ou autres visant à restreindre la chasse . C’est ça la vérité ! En foutant la trouille aux français et en préparant les parlementaires à soutenir cette proposition qui voudra supprimer la chasse le weekend. Cela ira par petits morceaux avec une première visant la vénerie sur terre ou sous terre et puis après d’autres chasse. La proposition de loi contre la corrida a été un échec mais ils vont revenir c’est prévu, c’était dans leur programme alors ils vont le dérouler.

LCF : Alors au sein de la FNC vous faites comment pour endiguer cela ?

WS : J’essaie de la faire dans la communication c’est tout ce que j’ai comme outil de défense pour convaincre. Je répète inlassablement les chiffres que je vous ai donné et de replacer le débat à sa place et non où on essaie de l’amener actuellement. C’est toujours difficile je le sais mais je continue. Mais vous savez nos opposants font une erreur majeure, la victimisation de la chasse à l’extrême ne pourra durer. On commence même à avoir des politiques qui appellent en disant que ça suffit. Ce n’est quand même pas la guerre tous les weekends en France, nous vivons dans ces territoires. Et puis nous sommes dans un pays où la propriété privée existe. Donc à force il y aura des propriétaires qui vont interdire l’accès à leurs territoires et la France va se bunkerisée , et on va mettre le feu dans nos campagnes. Il faut ramener la raison, il y a des accidents de chasse, prenons-les à la hauteur de ce qu’ils sont.

LCF : Parmi les 30 propositions du Sénat, est-ce qu’il y en a que vous êtes prêt à suivre ?

WS : L’alcool ou la drogue, comme pour la voiture, aucun problème. Et je serai content comme ça on arrêtera de dire que nous sommes des alcooliques alors qu’ils le fassent

Pour l’alcool, une chose pour laquelle je ne lâcherai rien, il faut que les contrôles se déroulent en action de chasse et avec une arme dans les mains . Car j’entends des voix dirent que l’on contrôlera dans les pavillons de chasse. Par exemple si vous être tranquilles dans votre palombière ou dans votre hutte pourquoi on vous contrôlerait. C’est important de le dire donc comme pour les contrôles en voiture, au volant.

Il y a une chose que nous avons mis en place c’est la formation des organisateurs de chasse, c’est une excellente chose il faut la généraliser. Pour les consignes de sécurité nous en parlons depuis 3 ans, il est temps que nous éditions un tronc commun, une charte obligatoire. Il faudra que cela puisse être adaptable en fonction des biotopes et de la topographie des territoires. L’angle des trente degrés doit devenir la norme s’il y a un problème. Donc je remets en cause l’honnêteté de ce rapport et je pense qu’il y a eu des pressions extérieures.

LCF : Vous rediscutez avec les sénateurs depuis ?

WS : Pas avec les sénateurs de la commission mais il y en a eu des dizaines qui m’ont appelé et qui étaient choqués par ce rapport.

Fin de la partie 1 de cette interview.

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