13 mars 2023 – La vènerie, une vieille tradition française

Pas évident de parler de chasse à courre sans déchaîner les passions. D’un côté, les « pros », défenseurs d’une tradition séculaire et porteuse d’un certain savoir-faire à la française. De l’autre, les « antis », soucieux du bien-être animal. Échaudé par le passé, le rallye de la Double, basé à Saint-Aulaye, n’était pas très motivé à l’idée de recevoir la presse. Finalement, rendez-vous est pris, pour suivre une chasse. Ce ne sera pas dans la Double, mais au Teich, en Gironde. « Nous chassons deux fois par semaine, explique Pascal Andrieux, le responsable. Le mercredi dans la Double et le samedi au Teich. En fait, nous avons une entente avec un équipage d’ici, le rallye Daugnague, alors on chasse ensemble. »

La journée démarre par un repas, au cœur d’une clairière. Le rallye de la Double s’est spécialisé sur le chevreuil. « On chasse à la billebaude, explique Pascal Andrieux. C’est-à-dire qu’on sort les chiens et on se promène avec eux dans les bois et, s’ils trouvent un animal, on lance la chasse. » Loin de l’image bourgeoise, voire aristocratique, que véhicule la vénerie, autour de la table, il y a un peu de tout : employés, gendarmes, chefs d’entreprise, fonctionnaires… Tous unis par une même passion. C’est en 1978 que le rallye de la Double a vu le jour. « J’étais chasseur à tir, explique Rémy Joubert, le fondateur et maître d’équipage. Mais, j’en ai eu un peu assez de l’attitude de certains, voilà pourquoi je me suis tourné vers la vénerie. »

Dans le camion, attendent patiemment une trentaine de chiens, des Poitevins. « Ce sont des chiens qui se mettent facilement aux ordres, détaille le maître d’équipage. Et, c’est une question de goût, également. » En tout, il a 80 bêtes au chenil. « En chassant deux fois par semaine, on est obligé de faire un roulement, développe Pascal Andrieux. Plus les chiennes en chaleur qu’on est obligé de laisser à la maison et les chiots, qui, de toute façon, ne chassent pas avant un an et demi. » Le responsable va plus loin. « Ces chiens ont été sélectionnés pour la chasse, appuie-t-il. Si on l’interdit, à terme, ils vont disparaître. Quelque part, ça fait partie du patrimoine français. Même chose pour les chevaux. Tous, nous avons des trotteurs. Ce sont des réformés des courses, c’est-à-dire des chevaux qui n’ont pas réussi à se qualifier. Si on ne les rachetait pas, ils finissaient à l’abattoir. »

13 heures, il est temps de partir en chasse. Tradition oblige, on sonne du cor avant de découpler la meute. Et on fait un rapport, même si personne n’a fait le pied, c’est-à-dire précisé la présence de gibier. « J’espère qu’on fera mieux que les autres fois, sourit le maître d’équipage. Cela fait trois samedis qu’on ne prend rien. » Pascal Andrieux et son gendre prennent les commandes, les chiens, éduqués, suivent docilement les cavaliers. « On est deux à s’en occuper tous les jours, pointe le veneur. Les chiens nous connaissent et connaissent nos voix. »

Le territoire de 3000 hectares est composé de pins et d’ajoncs. Les enceintes sont coupées par de grandes pistes forestières, idéales pour les suiveurs, à cheval, à vélo électrique. La meute rentre dans un bois. Après une dizaine de minutes, elle sort de l’autre côté. « Rien ici », pointe Pascal Andrieux. Dans l’autre enceinte, en revanche, il y a du monde. À peine entrés, les chiens de tête font entendre les premiers récris. Ils sont créancés sur la voie du chevreuil, c’est-à-dire qu’ils ne chassent pas autre chose. Un long travail d’entraînement et de sélection pour les veneurs. Un premier animal sort de l’enceinte à fond de train. Les chasseurs coupent les chiens. Ils les arrêtent pour les remettre sur la piste d’un autre animal. « Les animaux devaient être en compagnie, souffle un suiveur. C’est pour ça, ils ont choisi un autre animal de chasse et mettent les chiens sur sa voie. »

De l’autre côté, un cor sonne trois fois. L’animal de chasse a été vu ! Le long des allées, on part à fond de train. Tout le monde espère voir la bête, ou du moins, les chiens en pleine action. Sous les pins, la meute donne à pleine gorge. Au bout d’une demi-heure, les chiens sont mis en défaut. Le chevreuil a réussi à les égarer. « Quelque part, c’est la chasse la plus naturelle qui soit, souffle Pascal Andrieux. On a deux espèces, chien et chevreuil, qui, dans la nature, sont prédateur et gibier. C’est pour ça qu’on laisse faire les chiens le plus possible. » L’animal est retrouvé, relancé, mais il ruse. Après trois heures de chasse, il a sauvé sa peau. Il est temps de rentrer. Pas grave, la journée a été belle.

On a deux espèces, chien et chevreuil, qui, dans la nature, sont prédateur et gibier.

J’espère qu’on fera mieux que les autres fois. Cela fait trois samedis qu’on ne prend rien.

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