« La chasse, ce n’est pas qu’une activité d’hommes »

Charente Libre – ven 12 sept 2025

Avec un bureau renouvelé, l’association des femmes chasseresses compte se dynamiser. A.C.

Ce week-end c’est la réouverture de la chasse. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à rejoindre les rangs. Et l’association des femmes chasseresses de Charente se redynamise pour essayer d’en motiver encore davantage.

« On le voit bien sur le terrain, il y a de plus en plus de femmes qui chassent en Charente », affirment avec le sourire les nouvelles membres du bureau de l’association des femmes chasseresses de Charente. L’an dernier, elles n’étaient encore que 241 ayant le permis de chasse sur 9 200 chasseurs, soit à peine 2,5 %. Mais si on regarde les nouveaux candidats au permis de chasse, en 2024, il y avait 40 femmes pour 329 postulants, soit 12 % des demandes.

Preuve de cet engouement, sous l’égide de Christelle Valleau-Verrière, la nouvelle présidente de l’association, Les femmes chasseresses de Charente espèrent redynamiser leur association « qui existe depuis longtemps mais s’était un peu essoufflée ». Aujourd’hui, elle compte 14 membres, dont 5 hommes, « qui nous soutiennent dans nos actions », explique la présidente.

« On nous répond : ‘ah bon les femmes ça chasse ?’»

Samedi dernier, elles ont organisé un premier concert de trompe de chasse dans l’église de Jarnac, donné par le rallye Saint-Hubert Tussonais. « C’est une manière de nous faire connaître », note Clotilde Coutard, la trésorière. Elles comptent multiplier ainsi les événements dans l’année. « Pour Octobre rose, on sera à Chadurie, pour une marche et un repas, et en mai, on organise un week-end de formation au secours canin ».

Elles prévoient également de relancer les chasses entre femmes. « Il y en avait il y a quelques années, mais ça s’était arrêté », note l’une d’elles. « Pourtant ça plaisait bien. Certains hommes avaient le droit d’accompagner mais sans fusil ».

« La chasse, c’est ma vie »

« On veut être plus visibles, montrer que la chasse ce n’est pas qu’une activité d’hommes », assurent-elles. Mylène Rousseau, 48 ans, de Bouteville, la vice-présidente de l’association en est la preuve vivante. C’est une véritable mordue de la discipline, qu’elle a découverte petite avec son père, son oncle, sa tante… « J’y vais tous les mercredis, les samedis et les dimanches, j’adore ça. » Avec sa chienne, Symphonie, à laquelle elle est très attachée, elle va faire les pieds le matin, repérer les sangliers, et l’après-midi les attaquer. « La chasse c’est ma vie, d’ailleurs, ça laisse peu de place à un homme, ou alors il faudrait qu’il soit aussi passionné que moi », rit celle qui a donné le virus à sa fille, Amelina Boudier, 24 ans.Pour certaines au contraire, c’est un moment de partage avec leur compagnon. « Avec mon mari, on chasse toujours en binôme », raconte Christelle Valleau-Verrière. Certaines adhérentes ne chassent même pas mais « aiment seulement la nature », comme Clotilde Coutard, de Sainte-Sévère. « J’aime suivre mon compagnon chasseur, mais je ne manie pas le fusil », décrit-elle.

De plus en plus de jeunes femmes s’y mettent

« De plus en plus de jeunes femmes se mettent à la chasse », s’enthousiasme la présidente. Les effectifs de l’association l’illustrent d’ailleurs. Clotilde, la trésorière a 31 ans, la secrétaire Lou-Ann Montagne, d’Étriac, seulement 22 ans, Amelina Boudier, 24 ans… « Les jeunes aiment surtout le contact avec les chiens et donc les sangliers, mais aussi le petit gibier », décrivent les plus expérimentées. « Et beaucoup débutent par la chasse à cour, parce qu’on peut y aller sans permis, puis se prennent au jeu ».

« Et puis la chasse, ce n’est pas qu’une bande de bonshommes alcoolisés, comme l’image qui y colle souvent. On apprécie tous les moments, les briefings avant, les débriefings, les repas ensuite où on refait la journée, c’est très convivial », vante les membres de l’association.

« Dans les sociétés de chasse, on est plutôt bien intégrées, souligne Mylène Rousseau. Même s’il y a encore des machos et des réflexions, ça évolue dans le bon sens », estime-t-elle. « Quand on a appelé pour expliquer que l’association des femmes chasseresses organisait un événement, on nous a répondu : ‘ah bon les femmes ça chasse ?’, donc c’est pas encore gagné, mais ça avance », illustre la présidente.

Ce dimanche en tout cas, les femmes chasseresses aussi seront sur le pont pour la réouverture de la chasse au petit gibier.

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