Actualités11 décembre 2025

La vènerie est-elle anachronique ?

Anachronique, désuète, voilà deux qualificatifs qui sont accolés à la vènerie pour prétendre qu’elle ne serait plus adaptée à notre temps. Les mots ont un sens ; reportons-nous au dictionnaire. Anachronique, définition du Robert : « Qui est déplacé à son époque, qui est d’un autre âge. » Désuet, définition du Larousse : « Qui n’est plus en usage. »

La désuétude de la vènerie est contredite sans débat par le fait qu’on n’a jamais eu autant d’équipages (350) ni autant de pratiquants (10 000 veneurs auxquels il faut ajouter les dizaines de milliers de sympathisants qui suivent nos chasses) qu’en ce début de XXIème siècle.

Son caractère anachronique mérite, lui, d’être étudié plus précisément. Qu’est-ce qui serait donc déplacé à notre époque ? Qu’est-ce qui serait d’un autre âge ? Le chien prédateur, l’animal sauvage et ses ruses, la fascination qu’en éprouve l’homme ? La relation de l’homme avec le chien, unique et exceptionnelle parmi tous les animaux avec lesquelles nous interagissons ?

Toutes ces objections tombent sitôt qu’elles sont exprimées. Car les unes relèvent de la nature profonde de ces animaux (le chien prédateur ou l’animal sauvage habile depuis des millénaires à déjouer le prédateur) ; les autres sont démenties par nos contemporains eux-mêmes.

La fascination de l’homme pour la vie sauvage s’illustre de maintes façons : le cerf au brame attire chaque année dans les forêts de France et d’ailleurs des passionnés désireux de l’observer au moment de sa reproduction. Documentaires, voyages, études, observation, nombreux sont les moyens mis en œuvre par l’homme pour mieux connaître la vie sauvage sous toutes les latitudes.

Avec près de 10 millions de chiens immatriculés en France, la démonstration est faite de l’attrait de l’homme pour le chien et du lien très fort qui les attache l’un à l’autre, chiens de compagnie pour beaucoup et chiens de travail pour d’autres. Les chiens du veneur ressortissent à la deuxième catégorie, celle où le chien met en œuvre la meilleure part de ses capacités physiques et sensorielles.

Car telle est bien la qualité majeure de la vènerie : la circonstance, dans laquelle se confrontent le chien d’ordre et sa proie, développe à leur optimal leurs capacités propres, pour que l’une échappe à l’autre ou que l’autre s’en empare.

On peut concevoir que cette confrontation étonne dans un monde qui refuse la mort, qui range ses ainés dans des Ehpad et qui s’effraie du débit des abattoirs pourtant nécessaire pour nourrir une population qui n’a jamais été aussi nombreuse. Mais il n’y a cependant rien de plus loyal, de plus authentique et de plus permanent que la chasse à courre qui ramène nos contemporains à la réalité de la confrontation entre les espèces.

Cette confrontation n’est pas douce, car chacun se bat pour sa survie dans un environnement qui lui est naturellement hostile. Tout au contraire d’être désuète ou anachronique, la vènerie nous ramène à cette réalité immuable de la confrontation des êtres vivants, dont elle perpétue la connaissance à travers les siècles. Elle est empreinte de rituels dont les symboles nous invitent à une compréhension plus profonde de notre relation au monde sauvage.


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