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Chasser en meute

Le propre de la vènerie est de « chasser en meute. » Les spécialistes affirment ainsi que, dans une meute, il faut couper la tête et la queue, les chiens en tête couvrant la voie et compliquant le travail de la meute et les chiens de queue n’étant d’aucune utilité ; ces grands principes posés, cela s’avère cependant plus facile à dire qu’à décider.

À l’instar de leurs chiens, les veneurs doivent eux aussi « chasser en meute » et pas seulement lors des découplers. Filons la métaphore un peu plus avant : les chiens/veneurs de tête seraient ainsi les individus les plus radicaux et les plus déterminés face à des situations qu’ils jugent – à juste raison – inacceptables. Les chiens/veneurs de queue trouveront toujours une excuse pour « mettre la poussière sous le tapis », trouver des excuses à tous les écarts, estimer qu’il ne faut pas faire de bruit : on entend beaucoup moins ce second type d’individus que le premier.

Reconnaissons-le, les situations pouvant être jugées comme inacceptables pour la vènerie n’ont pas manqué au cours de la saison écoulée et continuent malheureusement d’alimenter la chronique durant l’intersaison. Face à la multiplication de ces événements, les veneurs les plus impétueux ne manquent pas de se faire entendre : « il n’y a qu’à… qu’attend la Société de Vènerie pour… pourquoi est-ce qu’on ne réagit pas plus vite… il faut porter plainte… » Il est à la fois compréhensible et profondément injuste de faire de tels procès à l’association qui nous représente tous et aux dirigeants que nous nous sommes choisis. Les commentateurs de bordure qui s’impatientent et savent ce qu’il faudrait faire et quand le faire sont nombreux ; pour contribuer à la défense de la cause, ils le sont moins. Un exemple ? trop peu de veneurs sont à ce jour allés à la rencontre de leurs élus (députés, maires, sénateurs, présidents de conseils départementaux ou régionaux) pour leur présenter la vènerie et les convaincre de sa légitimité. Un autre ? combien de ces donneurs de leçon ont « oublié » d’adhérer à l’Association des Veneurs pour l’année en cours, mais pas de critiquer les acteurs d’une association à laquelle ils ne cotisent pas ?

La réponse à cette situation, qui, parfois, pourrait décourager les plus motivés dans la défense de notre cause, est double. D’abord la confiance que chaque veneur doit accorder à ceux qui s’investissent de longue date au sein de notre association. Ensuite la patience, vertu cardinale du veneur dans les défauts. Face aux situations qui nuisent à la vènerie, la détermination de la Société de Vènerie est sans faille mais les difficultés pour parvenir à ses buts sont nombreuses. Confiance et patience se résument en une locution : unité bienveillante.

Tous ensemble, démontrons notre « unité bienveillante » le samedi 24 mai à 10 h 00 en nous retrouvant à l’Assemblée générale de nos associations à Fontainebleau. Nous offrirons ainsi une preuve tangible de ce que nous avons compris l’impérieuse nécessité de « chasser en meute. »

Pour bien détester, il faut quand même connaître un peu

Brigitte Bardot a fait de l’interdiction de la chasse le combat de sa vie, combat que, sans surprise, elle n’a pas remporté à ce jour. Et la vènerie figure en tête des modes de chasse qu’elle déteste. On pourrait espérer que cette obsession lui procure, a minima, un peu de connaissance du sujet ; il n’en est rien. Le récent sondage sur « les Français et la chasse » qu’elle a commandé à l’IFOP en atteste à nouveau.

Elle avait déjà indument attribué à la vènerie la mort d’un cerf dans le parc du château de Luc Besson en février dernier, quand la vidéo prise par la mère du cinéaste attestait pour quiconque connaît un peu le sujet qu’il ne s’agissait pas d’une chasse à courre. Peu lui importait ; elle en concluait qu’il fallait interdire la vènerie !!!

Elle a donc récemment commandé à l’IFOP un sondage sur « les Français et la chasse. » Autant demander à un vegan s’il apprécie le goût de la côte de bœuf ! Sans surprise, le sondage conclut à une restriction drastique de la pratique de la chasse et à un souhait de voir la vènerie interdite par 72% des sondés. Notons au passage que la tendance évolue en faveur de la vènerie : lors de son précédent sondage, c’était 82% des sondés qui souhaitaient son interdiction. Notre cause progresse !

Des gens qui n’y connaissent rien (BB et sa bande) ont fait demander à des gens qui n’y connaissent rien (les sondés) ce qu’ils pensaient d’une activité à laquelle aucun d’eux n’a jamais pris part : 99% des sondés n’ont jamais assisté à une chasse à courre ou visité un chenil. Dans les Précieuses Ridicules, Molière faisait dire à Mascarille que « Les gens de qualité savent tout sans avoir jamais rien appris. » Il semble bien que Brigitte Bardot et ses affidés appartiennent à cette catégorie des « gens de qualité. » Hélas, Molière s’en moquait brillamment dans sa pièce !

Faute de connaître et encore moins de faire connaître la chasse, ses détracteurs jouent sur les peurs : la chasse tue aussi les hommes. Si les accidents mortels sont toujours moins nombreux, chaque mort à la chasse est un mort de trop, comme en montagne ou en pratiquant la plongée, sur un vélo ou sur n’importe quel terrain de sport. Jouer de cette peur du danger est donc le plus lâche procédé pour nous dénigrer.

Tourner en dérision les agissements de nos opposants ne suffit pas. Les veneurs ont entrepris de longue date de se faire mieux connaître, en tout premier lieu des élus et des médias. Ils sont nos interlocuteurs privilégiés pour faire comprendre, par-delà sa légalité, la légitimité de la vènerie, le mode de chasse le plus naturel : la confrontation loyale entre un animal sauvage et une meute de chiens courants servis par les veneurs.

On ne redira jamais assez la beauté de la formule : les veneurs servent leurs chiens ; ils en sont les serviteurs dans cet art de la vènerie dont les chiens de meute sont les véritables artistes.

Bonne intersaison à tous !

De l’utilité de la chasse à courre

La chasse à courre est-elle utile ? Voilà bien une question soulevée par ceux qui souhaitent y répondre par la négative : non, la chasse à courre ne serait pas utile car elle tue peu d’animaux. L’incompréhension qui préside aux relations entre les chasseurs et leurs opposants se trouve résumée dans cette phrase qui se voudrait une démonstration.

Tout d’abord, pas un chasseur à courre, à tir, au vol, sous-terre ou à quoi que ce soit d’autre ne chasse parce que c’est utile, ni même pour « tuer ». Il chasse parce que le mode de chasse qu’il pratique l’intéresse, le délasse, le passionne, lui permet de retrouver des amis, sa famille, ses voisins, et mille autres raisons ; mais pas un seul ne part à la chasse en se disant : « je vais faire quelque chose d’utile ».

Certes la chasse est utile ; elle assure la régulation de la faune sauvage et, par là même, la possibilité de voir cohabiter dans un même espace les activités des hommes (agriculture, sylviculture, urbanisation, circulation routière et ferroviaire) et des animaux sauvages. Mais cette utilité n’est que la conséquence d’un prérequis : l’intérêt de certains de nos contemporains pour la pratique de la chasse.

Au chapitre du rendement, reconnaissons que la chasse à courre est moins efficace que la chasse à tir. Une journée de vènerie conduit à la prise d’un animal une fois sur quatre, quand une journée de chasse à tir voit généralement plusieurs animaux au tableau. Il faut donc croire que l’utilité n’est pas le critère qui prévaut à la perpétuation de la vènerie, et c’est tant mieux. Car si l’on devait apprécier la persistance d’une activité humaine à son utilité, que deviendraient nombre de nos loisirs ? Utiles le football, les vacances à l’autre bout de la terre, ou la pratique du ski ? Utiles la navigation de plaisance ou les jeux électroniques ? Et surtout qui pour décider que telle ou telle activité est « utile » ?

Ce qui est « utile » à proprement parler, c’est de travailler, se nourrir et dormir, pour ensuite recommencer. Beau projet que nous proposent ces chantres de l’utile, dont certaines dictatures d’Asie nous offrent d’excellentes illustrations ! En réalité, il y a une certaine curiosité à nous proposer de passer nos activités au prisme de l’utile dans une époque qu’on qualifie fréquemment de civilisation des loisirs.

Question primordiale qui sous-tend la plupart de nos débats de société : la relation du travail et du temps libre, la place des loisirs dans l’accomplissement individuel et l’aliénation résultant jadis de l’organisation industrielle du travail. Il est heureux que les progrès techniques aient permis à l’Homme de dégager du temps libre pour exercer des activités extra-professionnelles qui lui procurent épanouissement, bien-être et bonheur : se rencontrer, échanger, collaborer pour se cultiver et devenir meilleur.

Et c’est bien là ce que procure la vènerie : un épanouissement par la rencontre et la connaissance jamais satisfaite du monde sauvage. La vènerie est une véritable culture dont nous sommes les dépositaires. Sachons la pratiquer avec une éthique irréprochable et la transmettre aux générations futures dans sa plus belle expression.

Faut-il emmener des enfants à la chasse ?

Dans son numéro du 30 juillet dernier, le Figaro s’interrogeait sous la plume du pourtant peu progressiste Paul Sugy sur une question qui fait débat : « faut-il emmener des enfants à la chasse ? »

Notre époque dorlote ses enfants et s’efforce de ménager leur sensibilité, leur confort, leur innocence ; rien ne doit altérer la prétendue pureté de nos bambins. Dans ces conditions, le « spectacle » de la chasse, ce moment où l’homme tue, peut apparaître comme bien peu adapté à de jeunes sensibilités. Et pourtant, la chasse en général et la chasse à courre en particulier constituent un moment de rencontre privilégié avec le monde animal.

Avec les chiens tout d’abord : si vous promenez votre chien en ville, regardez le comportement des jeunes à l’égard de votre fidèle compagnon : un jeune sur deux a peur du « meilleur ami de l’Homme ». En ces temps où on exalte les vertus de l’altérité, nos jeunes craignent l’altérité animale, en ceci qu’ils ne la décodent pas ; bien au chaud dans leur univers familier, ils parlent, à travers les réseaux sociaux, avec des jeunes du monde entier, mais, en réalité, ils n’échangent, dans ces circonstances, que les lieux communs du « village global ». À l’inverse, ils craignent d’aborder un chien dont ils ne décodent pas le comportement ; et pourtant la véritable expérience de l’altérité consiste dans la rencontre physique avec l’autre, pas dans une fantasmatique relation numérique.

La rencontre avec une meute de chiens de vènerie est plus spectaculaire encore : nos chiens de meute sont nombreux et de grande taille pour la plupart, aux ordres et parfaitement inoffensifs avec l’être humain. L’enfant n’est guère plus grand que le chien de meute. Quiconque a vu des jeunes se mêler à une meute de chiens de vènerie, lors d’une fête de la chasse, en conserve un souvenir attendri ; René Kléboth ne manquait jamais son effet lorsqu’il invitait les enfants dans le public à rejoindre sa meute de magnifiques poitevins. L’enfant doit d’abord surpasser une légitime appréhension pour aborder ces inconnus canins si nombreux ; et lorsqu’il s’y risque, il ne récolte au plus que quelques coups de langue humides qui disent l’affection du chien pour l’Homme. Une première étape concluante de la rencontre avec l’altérité. Un premier échange annonciateur de la tendre complicité qui unit l’Homme et le chien, qu’il soit de meute ou pas.

L’autre rencontre que propose la chasse à courre est celle de l’animal sauvage. Une rencontre authentique, avec un animal qui craint et fuit l’Homme, son prédateur historique. La confrontation qui oppose la meute et l’animal de chasse est dénuée de tout artifice. C’est l’exact contraire de Call of Duty, cette série de jeux vidéo où l’enfant-joueur – enfant-tueur – est invité à tirer sur tout ce qui bouge depuis le confort douillet de sa chambre, ce qui en fait un authentique tueur en série virtuel, en redoutant pire…

À la chasse à courre, l’enfant se met en mouvement, sort de sa chambre pour aller dans la nature qu’il fasse froid ou qu’il pleuve, se salir peut-être dans la boue, courir derrière les chiens et les écouter crier leur joie de chasser. C’est un moment de vérité. L’action à laquelle il leur est proposé de prendre part est authentique : celle d’une poursuite entre une meute prédatrice et sa proie. L’animal chassé est proie depuis la nuit des temps et a développé les capacités pour échapper à ses prédateurs. Le chien, descendant du loup, est prédateur, lui-aussi depuis la nuit des temps, et il a développé des capacités olfactives sans égal pour poursuivre l’odeur que laisse l’animal sauvage sur son passage.

Cette rencontre est-elle cruelle ? Voilà bien un mot-valise auquel on fait dire ce qu’on veut. La cruauté consiste à placer un être vivant dans des conditions que ses capacités physiques et sensorielles ne lui permettent pas d’affronter (un chien enfermé et privé de nourriture, un chat dans une voiture au soleil, un poisson rouge sorti de son bocal). Rien de tel dans la chasse, l’animal chassé possède toutes les capacités physiques et sensorielles pour affronter son prédateur. La meilleure preuve en est qu’il lui échappe trois fois sur quatre.

Alors oui, il faut bien sûr emmener nos enfants à la chasse, pour leur faire rencontrer la vraie nature, pas le monde fantasmé de Walt Disney où le roi-lion est l’ami du phacochère, mais celui fait de chair et de sang où les animaux luttent et combattent pour survivre dans un environnement magnifique mais toujours hostile.

Loin de développer une quelconque pulsion morbide, la vènerie offre plutôt à l’enfant d’accéder à la connaissance du sacré dans le sens où l’entend le philosophe Régis Debray : « Ce qui légitime le sacrifice et interdit le sacrilège » : le sacrifice de l’effort et l’interdit du sacrilège, qui consiste dans l’éthique de la chasse.

Le sacré est ce qui donne la vie et ce qui la ravit, c’est la source d’où elle coule, l’estuaire où elle se perd. Roger Caillois

Chasse à courre et propriété privée

Pour chasser, les veneurs ont besoin d’espace (Monsieur de Lapalisse n’aurait pas dit mieux). Trois configurations coexistent et parfois se cumulent : soit ils possèdent le territoire sur lequel ils chassent, soit ils y sont invités, soit ils le louent. Aucune autre possibilité ne s’offre à eux.

Hélas, les animaux ne connaissent pas les limites de ces territoires, et, en tout cas, leur course peut les conduire à en sortir. La chasse arrive alors chez les voisins ! en conséquence, on comprend que la question du droit de propriété est intimement liée à la pratique de la chasse à courre.

Qu’en est-il des règles en usage dans les circonstances où l’animal de meute sort du territoire de chasse ? Comme toute pratique cynégétique, la chasse à courre est encadrée par des règles strictes. En matière de propriété privée, les règles sont simples : le propriétaire ou l’ayant-droit d’un territoire autorise ou n’autorise pas le passage de la chasse à courre sur ses terres. S’il ne l’autorise pas, les chiens sont repris aussi rapidement que possible. Il appartient donc à l’organisateur de la chasse ou à celui qui l’accueille de connaître les volontés de ses voisins.

Il en est ainsi pour les équipages très majoritaires qui chassent en territoire privé. Il en va de même pour les équipages qui louent des forêts domaniales. Ces dernières sont, par définition, entourées de propriétés privées ; il appartient, là-aussi, aux équipages qui les louent de connaître les volontés de leurs riverains et de les respecter, sauf à encourir les poursuites de ceux qui y seraient opposés.

Nos opposants avides de mises en scènes mélodramatiques stigmatisent désormais le passage des équipages dans les propriétés privées. Après avoir tenté d’émouvoir le grand public avec la mort d’animaux dont la régulation encadrée et contrôlée est une nécessité, ils présentent désormais les veneurs comme les nouveaux envahisseurs, dignes descendants de Gengis Khan, l’empereur mongol dont les campagnes militaires le menèrent jusqu’aux portes de l’Europe, il y a huit siècles.

Une vidéo montre-t-elle une barrière qui s’ouvre au passage d’un cavalier pénétrant dans un pré, et c’est, bien sûr, une violation manifeste du droit de propriété qu’il faut dénoncer ! Renseignements pris, le veneur est seulement entré dans son pré, ou celui d’un de ses vieux amis !

Ce serait risible si ça ne risquait d’induire le grand public en erreur. C’est surtout la démonstration répétée de la totale ignorance de nos opposants pour ce qui touche à la chasse à courre, ses usages, les règles qui l’organisent et la réalité du monde rural. Heureusement, à force de brandir leurs téléphones sur la plus anecdotique séquence de chasse pour échafauder des hypothèses farfelues, nos lanceurs d’alerte autoproclamés ne font que démontrer l’inanité de leurs actions.

Soyons parfaitement clairs, les veneurs ne sont pas au-dessus des lois et si, d’aventure, il était acté que l’un de nous est contrevenu dans une circonstance particulière aux règles qui régissent la chasse, il serait, comme tout citoyen, passible de poursuites. Pour autant, ça ne justifie pas de débiter des calomnies pour alimenter une idéologie nauséabonde.

Grand succès pour l’Assemblée Générale de la Société de Vènerie 2024

500 participants avaient pris place dans la salle de l’Assemblée Générale de la Société de Vènerie qui se tenait le samedi 25 mai au Grand Parquet de Fontainebleau, dans le cadre de Nature et vènerie en fête. Face à eux, Pierre-François Prioux, président de la Société de Vènerie, avait réuni un parterre d’intervenants de grande qualité. Ce sont ainsi Julien Gondard, maire de Fontainebleau, Pascal Gouhoury, président de la communauté d’agglomération du Pays de Fontainebleau, Benoît Chevron, président de la Fédération des Chasseurs de Seine & Marne, et Jean-Louis Thiériot, député de Seine et Marne, qui souhaitèrent tour à tour la bienvenue à la très nombreuse assistance.

Dans son rapport moral, Pierre-François Prioux a notamment évoqué les excellents contacts que les veneurs ont su établir avec leurs parlementaires, dans toutes les régions de France. Il a salué les maîtres d’équipage dont les chasses de la saison passée (16 000 journées cumulées) se sont déroulées sans presque aucun incident. L’école des piqueux est un des enjeux majeurs de l’année 2024/2025 ; un bilan précis en a été présenté par Henry Séchet qui porte ce projet avec la Maison Familiale Rurale de Bournezeau.

(suite…)

Deux p’tites nouvelles et puis s’en vont… en vacances

En ces temps où l’actualité nationale et internationale attire l’attention bien loin des sujets de la chasse, deux nouvelles méritent cependant de retenir l’intérêt des veneurs.

Le 24 mai, une dépêche de l’AFP faisait savoir que « Le parquet de Soissons a requis le renvoi en correctionnelle de Christophe Ellul pour « homicide involontaire » après la mort de sa compagne Elisa Pilarski des suites de morsures canines dans une forêt de l’Aisne fin 2019. L’instruction a permis de « réunir des charges suffisantes » pour identifier le seul animal à l’origine des blessures ayant causé la mort de la victime, à savoir le chien Curtis, appartenant à M. Christophe Ellul. »

Chacun se souvient de la tempête médiatique qui s’était abattue sur la vènerie après la mort tragique d’Elisa Pilarski, décédée d’une hémorragie consécutive à des morsures de chien. Une chasse à courre se déroulait le même jour dans la forêt où Elisa se promenait ; il n’en avait pas fallu plus à des esprits malveillants pour incriminer les veneurs. Le maître d’équipage mis en cause avait longtemps subi les pires attaques sur les réseaux sociaux, dans la presse avide de scandale et dans les propos de nos opposants les plus acharnés qui rêvaient tout simplement de nous voir endosser la responsabilité de cette atrocité. Il avait fallu ferrailler dur sur les plateaux de télévision, dans la presse locale, sur les réseaux sociaux, et aussi se défendre en justice pour réussir peu à peu à écarter les soupçons. Ce fut enfin chose faite par des rapports d’expertise concordants.

Et ainsi que le rapporte la même dépêche AFP du 24 mai « Les éléments de l’information judiciaire ont permis d’écarter l’hypothèse d’une attaque de la jeune femme par les chiens de la chasse à courre ». On le savait, mais, 5 ans après les faits, ça fait pourtant du bien de le voir officiellement confirmé.

Une autre nouvelle de l’AFP, datée elle du 14 mai, nous renvoie plusieurs centaines de milliers d’années en arrière. Elle nous informe que « L’endurance à la course, propre aux humains, a procuré à nos ancêtres du Paléolithique un moyen supplémentaire pour chasser le gibier, selon une étude utilisant un grand nombre de récits ethnographiques ignorés jusqu’ici. Les ancêtres de l’Homme pratiquaient largement la chasse à l’endurance. » Ils avaient, en effet, acquis une capacité de sudation hors norme, et donc de dissipation de la chaleur résultant de l’effort qui leur permettait de maintenir un long effort. Autre atout identifié depuis par les biologistes, la musculature du squelette de nos ancêtres privilégiait les fibres lentes, plus adaptées à l’endurance que celles dites rapides, gage de tonicité.

Des caractères propres aux membres inférieurs de l’humain évoquent l’apparition de qualités d’endurance chez l’ancêtre d’Homo sapiens, il y a 1,8 million d’années.

La nouvelle de l’AFP se terminait ainsi : « La question reste ouverte de savoir dans quelle mesure la chasse à l’endurance a induit une pression sélective sur les ancêtres de l’Homme. »

Autrement dit la chasse à l’endurance, dont la vènerie est la continuation dans l’ère chrétienne, ne serait-elle pas à l’origine de l’évolution de l’Humanité ? Ambitieuse hypothèse dont les veneurs aimeraient pouvoir se prévaloir…

Bon été, amis veneurs !

Les opposants à la chasse à courre à bout de souffle durant la saison 2023-2024.

Parcourir nos forêts dans la fraîcheur de l’automne et la rigueur de l’hiver nécessite plus de motivation que la seule volonté d’entraver une chasse à courre. Il en faut de la détermination pour partir en forêt, par tous les temps, et y passer des journées entières. Les veneurs la trouvent dans leur passion pour le noble déduit, les ruses de l’animal qu’ils chassent et les capacités de leurs chiens à en triompher (ou pas…).

La passion triste des abolitionnistes revendiqués semble bien s’essouffler. C’est, du moins, ce que révèlent les chiffres, qui eux, contrairement à nos opposants, ne sauraient mentir. Sur trois ans, au 31 mars, le nombre d’opposants comptabilisés sur le terrain de nos chasses a diminué de 65%.

Il faut dire que, par-delà l’usure propre à l’exercice, les esprits les plus pervers pouvant eux-mêmes se lasser d’harceler les gens, les tromperies du petit clan réuni autour du leader picard moustachu ont fini d’être éventées par ceux qui, ingénument, avaient d’abord cru à leurs élucubrations.

Dans ce contexte facialement plus serein, les équipages demeurent attentifs à mener leurs laisser-courre dans le respect, non seulement bien sûr de la législation, mais aussi d’une harmonieuse cohabitation avec les autres activités de la nature. Car ne nous leurrons pas ! Nos opposants poursuivent en sous-main un travail de lobbying insidieux auprès de nos élus ; ils disposent, pour ce faire, d’appuis auprès d’idéologues animalistes déjà très introduits dans les arcanes du pouvoir. Dès lors, le combat n’est pas seulement celui de la préservation de la vènerie mais de notre patrimoine culturel face à une « cancel culture » qui ne se cache plus.

Montrer la mort

On a coutume de classer les motivations des opposants à la chasse à courre en deux catégories : la lutte des classes et le bien-être animal. On a démontré maintes fois que l’une et l’autre étaient de pures constructions de l’esprit et que la réalité était à l’exact inverse. Et pourtant l’opposition à la chasse à courre perdure ; n’y aurait-il pas à en chercher une autre raison ?

Dans l’ouvrage qu’il a récemment publié* et que, décidément, il faut lire, Charles Stépanoff déclare notamment : « La chasse à courre est en totale contradiction avec le statut de la mort dans notre société, à la fois camouflée et industrialisée. » Attardons-nous un instant sur cette remarque fondamentale, en nous limitant à la mort des animaux.

Que cette mort soit cachée, c’est certain. Il est bien loin le temps où la famille se réunissait dans la cour de la ferme pour voir « tuer le cochon », et c’est même devenu un hypothétique spectacle qui vaudrait le bûcher à ceux qui entreprendraient d’y faire assister de jeunes enfants. La mort est industrialisée aussi, afin de pourvoir aux besoins en alimentation carnée d’une population toujours plus nombreuse. Et c’est sans doute cette industrialisation qui a fait disparaitre la mort des animaux. On ne les voit pas mourir ; on ne les connaît pas ; on ne les reconnaît pas dans le conditionnement cellophané qu’on en fait. A ce prix, il est supportable de s’en nourrir. C’est l’idée de la mort qui est rejetée par nos contemporains.

Pour continuer à ne parler que des animaux, un vétérinaire témoignait récemment du comportement étrange des propriétaires au moment de la mort de leur chien, lorsqu’une piqure va abréger leurs ultimes souffrances. Très peu de ces maîtres sont auprès d’eux dans ces instants ; ils s’en remettent au praticien et « ne veulent pas voir ça ». Et pourtant, témoigne le vétérinaire, les yeux du chien désemparé qui sent la mort venir cherchent désespérément le maître à qui ils ont donné tout leur amour durant leur vie. N’est-elle pas là, la véritable cruauté, un maître qui refuse sa présence à son fidèle compagnon au seuil de la mort, par peur de s’en trouver attristé ? Fatal égoïsme !

Effectivement, la chasse à courre est l’exact inverse de ces lâchetés. Les veneurs se réunissent dans l’objectif de chasser et de prendre un animal qui va devenir « l’animal » de la journée, objet de la quête des chiens servis par les hommes, objet de l’admiration des hommes qui le chassent, spectateurs de son habileté à déjouer ses poursuivants comme de son courage physique. Un et un seul animal de chasse car, comme le dit le proverbe, on ne saurait courir deux lièvres à la fois. Une relation brève mais intense, admirative, respectueuse, se noue entre l’animal sauvage et ceux qui le chassent. Le voir vivant puis le voir mort si les chiens en triomphent sera le signe d’une journée réussie. L’animal sera fêté à la curée. On célébrera son combat, ses ruses, la capacité des chiens à en triompher. Autour des veneurs se réuniront les riverains, amis, propriétaires. Assurément, sa mort n’est pas cachée ; c’est même tout le contraire.

Au dîner qui suit la chasse, certains équipages ont coutume de placer la dépouille de l’animal pris au centre de la table. Rien de « barbare » là-dedans, mais encore une fois l’hommage à cet être sauvage qui a réuni les hommes dans sa quête pour un moment de partage.

Tout être vivant va mourir. Ceux que chasse la vènerie sont abondants dans nos campagnes et leur chasse ne met pas en péril la survie de leur espèce. En revanche leur régulation est nécessaire ; et si la part qu’y prend la chasse à courre est modeste, au moins rend-elle aux animaux qu’elle prélève l’hommage de l’Homme à la nature dans un cérémonial chargé de signification. Cela peut sembler dissonant dans la société moderne. Mais plutôt que de le condamner, il faudrait plutôt se réjouir de cette culture diversitaire dont nos « influenceurs » dominants ne cessent de vanter les mérites.

* « L’animal et la mort »  aux éditions de La Découverte.

Une députée européenne à la chasse à courre

Le 27 janvier, Caroline Roose, députée européenne du Groupe des Verts, s’est rendue en forêt de Villers-Cotterêts pour « découvrir la chasse à courre. » Louable curiosité de la part de l’une de nos élus ; mais hélas, elle avait choisi de s’accompagner des représentants d’AVA Picardie. C’est un peu comme ouvrir une bouteille de Pétrus avec un buveur d’eau : pas certain qu’il apprécie à sa juste mesure la qualité du flacon. Ce serait risible si ce n’était affligeant.

Encore une fois, le fait qu’une élue européenne s’intéresse à notre activité doit être considéré comme une chance ; mais prétendre « découvrir la vènerie » avec ses opposants les plus acharnés, ce n’est pas s’informer, c’est seulement vouloir alimenter sa propre idée préconçue. Epargnez-vous le récit de sa journée qu’elle a mis en scène sur les réseaux sociaux : il est dénué de tout intérêt, et même de toute anecdote qui pourrait nous être défavorable ; on imagine que son escorte AVA et elle-même n’ont pourtant pas ménagé leurs efforts pour tenter d’en trouver une.

Puisque, faute de mobiliser sa volonté de comprendre, il faut bien faire parler son émotion pour alimenter son idéologie préconstruite, Caroline Roose conclut sa vidéo-témoignage en se disant choquée.

Tout d’abord, elle est choquée de voir de jeunes enfants à la chasse. Elle devrait plutôt tirer profit de ce constat pour remettre en question son propre avis sur la vènerie : pourquoi de jeunes enfants, « symboles de pureté et d’innocence » et surtout dénués d’a priori, se passionnent-ils pour notre mode de chasse quand une élue cinquantenaire, pétrie d’idéologie biaiseuse, la rejette ? Caroline Roose trouve cela « anormal » s’inscrivant ainsi en arbitre de la normalité, posture classique de tous les extrémismes. On frémit à l’idée de la normalité qu’elle souhaite imposer au monde.

Son autre choc, c’est l’épuisement des animaux que nous chassons. Faut-il redire qu’un animal forcé n’est pas un animal épuisé, que la confrontation de l’animal de chasse avec la meute est d’abord fondée sur la capacité des chiens à déjouer ses ruses, ce qu’ils ne parviennent à faire qu’une fois sur quatre ? En fait de fatigue, si l’animal chassé se fatigue effectivement, les chiens, les veneurs et les chevaux, se fatiguent tout autant. Et bien souvent les animaux chassés l’emportent sur les chiens car, dotés d’une résistance physique supérieure, ils se fatiguent moins et moins vite que ces derniers.

Caroline Roose, comme ses comparses, ne travaille pas à construire une Europe riche de la diversité de ses cultures, mais milite, au sein de nos instances européennes, en faveur d’une idéologie qu’aucun veneur ne peut partager. A l’approche des échéances électorales européennes, tous les amis de la vènerie doivent s’en souvenir.

La grande bataille des perceptions

Dans le monde médiatiser où nous vivons, les perceptions relèvent du ressenti et de l’émotion, presque jamais de connaissances acquises, la première approche réclamant beaucoup moins d’effort que la seconde pour ceux qui les expriment comme pour ceux qui les écoutent.

A propos d’un conflit d’une tout autre ampleur qui dévaste actuellement le Proche Orient, un commentateur évoquait récemment la « grande bataille des perceptions. » Dans le conflit qui voit s’opposer chasseurs et animalistes, conflit moins meurtrier convenons-en tout d’abord, les chasseurs abordent la « grande bataille des perceptions » avec un réel handicap.

La polémique lancée à grands coups de propagande mensongère par les opposants à la vènerie lors d’une chasse dans un grand massif du centre de la France en a fourni un excellent exemple au cours de la saison. L’équipage qui chassait sur son territoire avait simplement retiré la meute et gracié l’animal de meute lorsque celui-ci était entré dans le jardin d’une maison, appliquant ainsi à la lettre l’arrêté ministériel du 25 février 2019 qui stipule que les équipages de vènerie ont l’OBLIGATION légale de gracier un animal pénétrant à proximité des habitations.

Cet épisode paraissait s’achever dans le strict respect de la légalité ; c’était faire peu de cas de la « grande bataille des perceptions » qu’entamaient deux jours plus tard nos opposants, d’ailleurs totalement absents le jour-même. A force d’appels téléphoniques multipliés aux habitants du village où se situait le jardin, ils en identifiaient enfin le propriétaire. Brave homme, celui-ci expliquait qu’il n’avait rien contre la chasse mais qu’il ne voulait pas qu’elle entre dans son jardin ; rien là que de compréhensible !

Il avait « sauvé ce beau cerf qui n’avait rien demandé » etc.

L’autoproclamée lanceuse d’alerte animaliste qui avait débusqué ce témoin en concluait dans son pseudo-reportage que les habitants demandaient l’interdiction de la chasse sur le territoire de la commune. Cette commune, elle en connaît peu les habitants puisqu’elle est installée dans la région depuis deux mois et qu’elle en prononce mal le nom, quand l’équipage incriminé réside sur le territoire de la forêt depuis deux siècles, connaissant chaque village et ses habitants.

Et pourtant, dans la « grande bataille des perceptions », ce brave riverain est la belle âme, sauveur de cerfs, et l’animaliste le vaillant lanceur d’alerte, combattant contre les vestiges d’un temps révolu. L’un et l’autre oublient ce faisant que la chasse du grand gibier est soumise en France à un contrôle strict et réglée par la nécessité de réguler les espèces sauvages pour rendre leur existence, sous nos latitudes, compatible avec les activités humaines. La vènerie contribue à cette régulation, et l’animal prétendument sauvé ce jour-là aura très certainement été tiré quelques jours plus tard par un autre chasseur.

Convenons cependant que cette explication un brin technique est bien éloignée des clichés racoleurs qui aident à gagner la « grande bataille des perceptions. » Mais cette bataille n’est pas la guerre, que les chasseurs et les veneurs gagneront s’ils expliquent sans relâche le bien-fondé de leur action aux élus, aux relais d’opinion, à la population dans son ensemble. Notre cause est juste ; elle nécessite d’aller au-delà de l’émotion des perceptions ; il appartient à chacun de nous de porter le message, d’être un veneur militant.

Une artiste à la découverte de la vènerie

Liska Llorca est une artiste aux multiples talents. Un peu par hasard, elle a récemment assisté à sa première chasse à courre. Cela lui a inspiré quelques dessins et les quelques mots qui suivent. Quand la sensibilité d’une artiste rencontre le noble déduit.

« J’ai eu la chance et l’honneur d’être invitée à une chasse à courre il y a quelques jours. Passionnant, surprenant. Beaucoup d’énergies échangées et la communauté animal-humain « déroutante. » L’échec est parfois là, comme la réussite, la réflexion, la mise en défaut, la technique et la stratégie. Les chiens admirables. Les chevaux passionnés. Les hommes respectueux de la vie. Et une chose surprenante m’est apparue : c’est le son qui permet la chasse, celui des chiens, des trompes et des hommes ; tout n’est encore ici que vibrations, langage sans lequel rien ne serait possible. J’ai essayé de gribouiller aux recoins des forêts sur le vif, rapide. Exercice difficile mais très intéressant. Et puis écouter ces mélodies, les larmes viennent aux yeux par la beauté. »

Liska Llorca
Artiste peintre & plasticienne
Le 14 janvier 2024