Vers un petit livre vert ?

En matière d’environnement, un même cycle semble devenu la règle : un événement soulève une vague d’émotion, qui impose à son tour une nouvelle règlementation, nécessairement restrictive.

Que des accidents ou des catastrophes naturelles ou industrielles soulèvent des interrogations, c’est bien naturel. Cela étant, la raison finit par être sacrifiée sur l’autel de l’émotion.

Cette émotion devient, non le point de départ d’une démarche de réévaluation, mais le pivot de toute nouvelle réglementation. À aucun moment l’émotion ne permet de faire un état des lieux de la réglementation existante : l’émotion ne tolère pas ces demi-mesures. Il lui faut nécessairement instaurer une nouvelle loi, toujours plus restrictive, sans chercher à renforcer ou faciliter les conditions d’application des normes en vigueur.

À aucun moment l’environnement n’est traité selon le syllogisme cher aux juristes : exposé de la situation, exposé réglementaire, confrontation de la situation avec l’état de la réglementation. Cette méthode est pourtant la seule à même d’avancer de manière pragmatique et dépassionnée sur des sujets aussi fondamentaux que celui de l’environnement.

L’émotion court-circuitant la réflexion, elle devient le creuset de toutes les caricatures : les agriculteurs sont des pollueurs, les éleveurs sont des sadiques, les chasseurs tuent des cyclistes.

Exception, émotion, généralisation : tel est le triste triptyque qui tend à se généraliser.

L’émotion n’a pas besoin d’experts, elle a besoin de coupables, de gentils et de méchants. Il faut simplifier le raisonnement pour mieux condamner, sans nuance. Ces méthodes relèvent sans contredit de la terreur intellectuelle dont nous devenons les otages.

Grâce à l’émotion, l’application de la règle de droit finit par devenir secondaire. L’émotion justifiant tout, pourquoi ne pas aller crever les pneus du voisin qui ne partagerait pas les mêmes convictions que les miennes ? Ce n’est malheureusement pas une question rhétorique : les agriculteurs se font agresser par des activistes, un collectif appelle au sabotage des véhicules ou produits contraires à leur goût. Que dire du sabotage des miradors ou de la citronnelle projetée sur nos chiens ?

Mais cela n’a aucune importance tant que c’est validé par les experts auto-proclamés de l’environnement. Ces prétendus experts jouent sur la peur, l’émotion et la culpabilité pour ramener à eux les brebis qui ne penseraient pas comme eux. Après les manifestations du 18 septembre, un « humoriste » d’une radio publique nous décrivaient comme des Nordahl Lelandais, cruels, cons, armés et tueurs de cyclistes : aucune importance, son émotion vaut plus que notre expertise.

Le marketing de l’environnement a supplanté la connaissance de l’environnement.

Ne nous laissons pas entrainer vers ce marketing écologique qui empêche la nuance et le débat. Il est inquiétant, et il empêche un débat apaisé et constructif sur les questions environnementales pourtant fondamentales.

Saint-Exupéry le disait bien plus poétiquement : « Celui qui diffère de moi, loin de me léser, m’enrichit. »

Paraphrasant Clémenceau : l’écologie est chose trop sérieuse pour être confiée à des militaires verts ; à nous chasseurs de prendre toute notre part aux débats. A défaut, nous serions contraints de digérer leur Petit Livre Vert ; on a connu les dégâts de son prédécesseur Rouge…

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