L’ignorance et les milliardaires au secours de l’animalisme

Incontestablement, le Referendum d’Initiative Partagée pour les animaux stagne. Cela tient à sa conception-même. Il additionne, en effet, les sujets les plus variées au nom du bien-être animal. Les interdictions qu’il projette sont lourdes de conséquences économiques, sociales et patrimoniales ; elles remettent aussi en cause certains des acquis fondamentaux de la République.

Avec complaisance, l’exposé des motifs en appel aux incendies qui ont ravagé l’Australie en 2019, au Covid-19, à l’inévitable quoique confuse « promotion de la biodiversité », et aux prétendues attentes des Français en matière de bien-être animal – qui serait contre ? Ce préambule geignard annonce une série d’interdictions qui touchent indistinctement des domaines d’activité complexes. Les expérimentations animales, l’élevage, les spectacles d’animaux non-domestiques et la chasse à courre sont des sujets évidemment méconnus du grand public tant dans leur pratique, que dans leurs incidences économiques, sanitaires et/ou sociétales. Le but bien senti de cette manipulation est de soulever l’émotion du citoyen attendri, soudainement promu juge souverain, grande tendance contemporaine.

Ne nous leurrons pas ! Les milliardaires qui soutiennent ce projet ne se sont pas soudainement découvert une passion pour les animaux, ni une détestation des pratiques qu’ils entendent interdire ; ils en ignorent tout. Gageons qu’il y va là de leur intérêt bien senti.

Concernant l’interdiction de la chasse à courre suggérée par ce RIP, l’exposé des motifs en donne cinq raisons qui sont autant de contre-vérités. Démonstration est ainsi faite de l’ignorance totale des instigateurs du RIP en matière de vènerie. La chasse à courre serait archaïque, cruelle, couteuse, sans utilité sociale, et ne contribuerait pas à la nécessaire régulation des espèces. Toutes ces affirmations ont en commun d’être totalement fausses.

  1. La chasse à courre n’est pas archaïque. Avec près de 400 équipages, 10 000 pratiquants et plus de 100 000 sympathisants, la chasse à courre n’a, au contraire, jamais été aussi prospère qu’aujourd’hui.
  2. La chasse à courre n’est pas cruelle. En reproduisant le cycle de la prédation, elle est, au contraire, le mode de chasse le plus naturel qui soit. Dans le monde réel, les prédateurs mangent les proies : les chats mangent les souris, et les lions mangent les phacochères. Tom et Jerry, le Roi Lion et Pumba appartiennent, eux, au monde magique de Disney, pas à la vraie nature. La cruauté, c’est placer des êtres sensibles dans des conditions que leurs aptitudes physiques et sensorielles ne leur permettent pas d’affronter, comme laisser son chat dans une voiture en plein soleil ou enfermer son chien dans un espace clos sans nourriture pendant plusieurs jours. Rien de tel dans la confrontation entre nos chiens de meute et les animaux qu’ils chassent dans un espace libre.
  3. La chasse à courre n’est pas couteuse. Tout au contraire, il y en a pour toutes les bourses. Être membre d’un équipage qui chasse le lapin coute 100 € par an ; la cotisation peut monter jusqu’à 4 000 € pour chasser le cerf. Et c’est ne rien dire des centaines d’emplois induits par la chasse à courre (piqueux, maréchaux-ferrants, vétérinaires, pensions de chevaux, etc.) ou des 100 000 sympathisants qui suivent gratuitement chacune des 18 000 chasses à courre organisées chaque année à travers 70 départements français.
  4. L’utilité sociale de la chasse à courre est certaine. Elle a été démontrée par deux chercheurs du CNRS, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, dans leur ouvrage « La chasse à courre. Ses rites et enjeux. » (Paris, Payot, 1993). Citons une seule phrase, extraite de leur ouvrage : « La vènerie est un fait social « total », dans la mesure où il parle de la vie, de la mort, de la nature, de la sauvagerie, de la tradition, du sacré, des rituels, de l’art, de la spiritualité, de la philosophie et des rapports sociaux ».
  5. La contribution de la chasse à courre à la nécessaire régulation des espèces n’est effectivement pas importante car l’animal chassé – comme dans tout acte de prédation naturelle – sort victorieux de sa confrontation avec la meute trois fois sur quatre. On notera cependant deux nuances : ce mode de chasse entretient l’instinct sauvage des espèces chassées ; les veneurs ne représentant qu’à peine 1% des chasseurs, leur contribution aux prélèvement totaux est proportionnelle à leur nombre.

Nous chassons des animaux qui ne sont pas en voie de disparition. Nous le faisons selon un mode de chasse écologique qui ne blesse pas les animaux. Nous perpétuons une pratique millénaire, détentrice d’une connaissance approfondie et quasi-exclusive de la faune sauvage et de ses comportements. La vènerie constitue une opportunité unique pour l’homme contemporain occidental d’une rencontre authentique avec la faune sauvage.

« La vérité est à construire, comme l’amour, comme l’intelligence. Rien n’est donné ni promis en effet, mais tout est possible à qui accepte d’entreprendre et de risquer. C’est ce pari qu’il faut tenir à l’heure où nous étouffons sous le mensonge, où nous sommes acculés contre le mur. Il faut le tenir avec tranquillité, mais irréductiblement, et les portes s’ouvriront. » Albert Camus

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