Liberté & vènerie

Le contexte délétère actuel invite à retrouver toute la beauté de la chasse à courre. Mais au-delà, en lisant tous les arguments pour la défendre avec intelligence, une image résolument moderne de la vénerie apparaît. En effet, derrière toutes les « raisons de ne pas interdire la chasse à courre », une idée essentielle et au cœur de la vocation du veneur, se dessine. Cette idée est celle de la liberté.

Pour le philosophe, la liberté se définit positivement comme le pouvoir propre à l’homme d’être la cause première de ses actes et de choisir entre le bien et le mal. Par ses décisions, le chasseur agit strictement selon cette définition. Il convient dès lors de se demander dans quelle mesure les attaques contre la chasse en général et contre la vénerie en particulier, menacent en réalité la liberté. Si à travers elle, la liberté est fragilisée, la défense de la chasse dépasse alors le seul cercle des chasseurs, pour intéresser toutes les personnes attachées au bien commun.

Au fondement des attaques contre la chasse se trouve une volonté liberticide, consciente ou non. La passion pour la cause animale, parfois sincère, révèle surtout une détestation pour l’Homme et une ignorance encore plus grande de sa liberté. Ce n’est pas tant la chasse en elle-même qui est visée que son exercice par des hommes libres. A cet égard, l’exemple du canton de Genève est édifiant. Après un accident, une votation populaire a décidé l’interdiction de la chasse dans le canton en 1974. Les bénéfices écologiques sont présentés aujourd’hui comme indéniables, à relativiser toutefois en raison de la physionomie urbaine du canton. Pourtant, le sort des animaux est demeuré le même. Après comme avant, les animaux sont toujours tués. La seule différence réside dans la personne qui exerce le droit de donner la mort. Après l’interdiction, ce sont des fonctionnaires, personnes neutres et sans visage, qui assurent la régulation des populations animales, bel euphémisme administratif au demeurant. Ce ne sont plus des hommes, attachés à la terre de leur pays, conscients intuitivement du fragile équilibre construit au fil des siècles entre les activités humaines et la nature, qui s’associent librement pour le préserver. Si la chasse, comme la liberté, peut être encadrée par la loi, s’en remettre à l’Etat et à son administration pour l’exercer, revient à renoncer à croire en l’homme et en sa capacité à choisir entre ce qui est bien et mal. En un mot, à être libre.

Si interdire la chasse revient à interdire la liberté, il est dès lors très dangereux d’être contre. Il est possible de ne pas aimer la chasse mais être positivement contre est impossible. Cela revient à nier la liberté. Elle est bien trop fragile, pour être imprudemment négligée. Souvenons-nous du mot de Thucydide : « le bonheur est une question de liberté et la liberté une question de vaillance ». Pour qu’elle vive, la liberté exige de faire preuve d’une force patiente et d’une grande prudence. Ce n’est que sur le temps long que se récoltent les fruits de ce travail quotidien et parfois ingrat, fait d’instruction et d’éducation. Abandonner une seule fois par facilité cette exigence, c’est renoncer à une richesse incomparable mais inaccessible tout de suite. C’est vrai pour la liberté comme pour le laisser-courre. Ces vertus sont au cœur de la vie d’un veneur et il est impossible en réalité, de les distinguer de celles d’un homme de bien. Perdre un des derniers lieux où la liberté se vit, serait une catastrophe incommensurable et ne devrait laisser personne indifférent.

Contactez-nous

Commencez à taper et appuyez sur Entrée pour lancer la rechercher

Abonnez-vous