24 août 2021 – Les chasseurs harcelés au nom des animaux

Médiatiques ou non, ils subissent sur les réseaux la violence débridée des partisans de la cause animale. « Encore une qui devrait souffrir, qu’on lui coupe les membres ! » « Prions pour une mort lente et douloureuse. » Exaspérée, Johanna Clermont, chasseuse très active sur les réseaux sociaux, a finalement décidé de partager sur son compte les flots de messages haineux qui lui sont adressés. « Que ce soit sur Facebook, Instagram, Twitter, c’est un flux continu », déplore la jeune femme, qui dit recevoir une cinquantaine de messages de ce genre par jour. « Je ne compte pas encore porter plainte, mais je fais des dossiers des menaces les plus graves. »

De plus en plus virulent dans la société, le débat entre chasseurs et défenseurs de la cause animale prend, sur les réseaux sociaux, des allures d’hallali. C’est ainsi que, mi-août, une photo d’un mineur de 14 ans posant derrière un sanglier abattu a été relayée sur plusieurs comptes antichasses. Face au harcèlement que cette mise en lumière a suscité, et malgré l’appel au calme des personnes ayant relayé le cliché, le jeune homme a dû fermer son compte Instagram au public.Au-delà du débat pour ou contre, c’est la violence de ces propos que ceux qui en sont victimes condamnent : « On peut aimer ou non la chasse, je l’entends. Mais c’est triste de voir des gens si haineux essayer d’imposer leur vision aux autres », confie Johanna Clermont.Elle n’est pas la seule concernée. Denis Plat est rédacteur en chef de Jaimelachasse.fr et chasseur depuis son plus jeune âge. Témoin d’insultes et de dégradations régulières sur les lieux de chasses, il garde un certain détachement par rapport à ces commentaires agressifs. Sauf lorsqu’il reçoit trois fois le même message, le pire selon lui : « Je vais te tuer, toi et tes enfants, et violer ta femme. » Il est alors allé déposer plainte.

Lui aussi déplore l’escalade de violence. « J’aime aller en montagne. J’étais sur un groupe Facebook de passionnés d’alpinisme, je parlais avec un des membres, témoigne-t-il. Lorsque celui-ci a découvert que j’étais chasseur, il m’a dit : « Si je te croise je te mettrai mon piolet dans la tête”. Alors qu’on discutait seulement de montagne ! » Pour lui, ce déferlement récent trouve son origine dans l’appropriation du débat par les réseaux sociaux. « Les antichasses sont souvent jeunes, mieux au fait des réseaux sociaux que nous, mais aussi extrêmement politisés. Ces commentaires vont dans le sens d’un projet politique global, qui dépasse l’opposition à la chasse, et cible différentes causes. » Johanna Clermont abonde : « Certaines personnes sont déconnectées, elles voient la nature à travers des vidéos mignonnes sur les réseaux sociaux. La société est aseptisée. »

« Sentiment d’impunité »

Mais cette violence n’épargne pas non plus les antichasses, cibles eux aussi de propos très agressifs sur internet. Récemment, le militant écologiste Hugo Clément a porté plainte contre le secrétaire général de la FDSEA de Haute-Garonne, chasseur lui-même. Ce dernier avait posté sur son compte Twitter, par une mauvaise manipulation selon lui : « Faut monter un commando pur Euskara et le faire couiner ce con », faisant référence à la présence d’Hugo Clément au Pays basque. « Pour écrire ces menaces avec un compte à son nom sur les réseaux sociaux, il faut vraiment avoir un sentiment d’impunité totale », avait réagi en ligne le jeune militant. Contacté par Le Figaro, Hugo Clément n’a pas souhaité s’exprimer.

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