« La cohabitation m’exaspère… »

Retour à la Nature aidant, le veneur n’est plus seul en forêt. Et les nouveaux arrivants ont à peu près en nous voyant la réaction du facteur noir des Visiteurs lorsqu’il aperçoit le brave Montmirail. Les grandes heures de la Vénerie façon Vernet ne sont plus. Voulons-nous considérer les autres promeneurs comme des hôtes à part entière et non comme des intrus que nous tolérons ? Et si, derrière le veneur, il y avait un gars sympa croisé un jour en forêt avec qui vider un godet

Si la situation de la Vénerie n’était pas si préoccupante, ou justement peut-être parce qu’elle l’est, un bel esprit écrirait certainement une nouvelle fanfare, « Le badaud en forêt » ou « La VTT » dont les paroles chantées version piqueux commenceraient par « La cohabitation m’exaspère… » pour mieux égayer nos dîners d’après-chasse. Nous aurions sans doute plus souvent l’occasion de la sonner que notre « Passage de l’eau en barque ».

Il faut dire que, retour à la Nature aidant, nous ne sommes plus seuls en forêt. Nous avions l’habitude des ramasseurs de champignons. Ces promeneurs, connaisseurs des lieux de cueillette et des types de champignons (souhaitons-le pour eux…), étaient issus peu ou prou de la même branche d’arbre que les veneurs. Les croiser en forêt ne posait pas de difficulté particulière pour peu que l’on fasse preuve d’un minimum de civilité.

Les choses ont singulièrement changé avec l’arrivée des zélés zélotes de Décathlon, vététistes harnachés ou autres adeptes de la marche nordique embâtonnés qui ignorent à peu près tout de la chasse à courre ; ou pire encore qui n’en connaissent que ce que les médias en disent… Sûrs de leur bon droit, ils sont jeunes, ils sont bio, ils sentent bon la sueur chaude… ces nouveaux arrivants ont à peu près en nous voyant la réaction du facteur noir des Visiteurs lorsqu’il aperçoit le brave Montmirail : « des malades, c’est des malades… ». On en rit au cinéma, mais il faut s’en inquiéter en forêt car les gros bataillons de la contestation viendront de leurs rangs plus que de ceux des antispécistes déjà discrédités par leur jusqu’au boutisme. La question qui se pose à nous tous, dans la durée, est donc de savoir comment accueillir nos nouveaux amis.

Chacun a en tête des bonnes pratiques. Elles ont souvent été rappelées. Elles sont la base de la courtoisie déjà abordée dans une autre Lettre. Mais la question n’est pas là. Comment se fait-il que les êtres charmants que nous savons être au rendez-vous soient de pareils butors en action de chasse ? Bien des rancœurs profondément cuites et recuites ne proviennent que des malentendus initiaux. Le renard ne demandait rien d’autre qu’un peu de patience au Petit prince pour être apprivoisé. Savons-nous apprivoiser nos nouveaux colocataires ? Il n’y a là rien d’insurmontable… à condition de le vouloir.

Le point clé est là. Les grandes heures de la Vénerie façon Vernet ne sont plus. Voulons-nous considérer les autres promeneurs comme des hôtes à part entière et non comme des intrus que nous tolérons ? Lisez bien les commentaires sur Facebook (n’y répondez pas…). Peu d’idéologues s’expriment. La majorité parle de préjugés et de craintes. Sentiment de mépris, peur d’être bousculé, tiré comme un lapin. Et si, derrière le veneur, il y avait un gars sympa croisé un jour en forêt avec qui vider un godet en chantant « La cohabitation m’exaspère… » ?

Alors la Vénerie vivra !

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