Expertise et modestie

La saison qui s’achève aura été, pour la vènerie française, celle de tous les dangers. Nos opposants avaient mis l’été dernier à profit pour étendre leur emprise malveillante sur tout le territoire ; les sabotages de quelques équipages se sont multipliés. Ce 30 mars devait apparaître comme le point d’orgue de l’action de nos opposants. Avec quatre lieux de manifestations dans les régions où ils s’étaient montrés les plus acharnés au cours de la saison (Picardie, Bretagne, Rambouillet et Tarn), ils allaient nous montrer leur force, la justesse de leur lutte et la perspective de leur victoire prochaine. Vantardise bientôt démentie par les faits. Ils auront attiré au total de ces quatre rassemblements la moitié des « militants » qui les avaient soutenus l’année passée dans la seule Picardie. Un des échecs les plus cuisants fut assurément celui de Paimpont en Bretagne, où nos opposants, pourtant parmi les plus virulents, ne furent que 60 à se retrouver samedi pour manifester quand les veneurs bretons et leur grand mouvement pour la défense de la ruralité et de ses traditions y étaient 3 000 !!!

Démonstration est ainsi faite, s’il en était besoin, que ces quelques agitateurs professionnels ne représentent qu’eux-mêmes. La ficelle était trop grosse ou l’ignorance trop évidente. En appeler à la souffrance animale et à la lutte des classes n’allait attirer que des associations animalistes dont on connaît maintenant les objectifs réels et quelques politiques en mal de réélection.

La souffrance animale est un leurre anthropomorphique brandit par nos opposants. Les animaux que nous chassons à courre ont développé les aptitudes physiques et sensorielles qui leur ont permis de lutter face aux prédateurs qui les ont chassés depuis la nuit des temps et en face desquels leurs espèces ont survécu jusqu’à être aujourd’hui en abondance dans nos territoires. La course en elle-même n’est pas un moment de souffrance mais plutôt la mise à l’épreuve de l’instinct des animaux courus par les chiens courants. La mort de nos animaux de vènerie est rapide, donnée par les chiens instantanément ou par l’homme avec le souci d’agir vite dès lors que la meute a triomphé de sa proie – ce qui n’arrive qu’une fois sur quatre, rappelons-le !

Quant à la lutte des classes, elle n’existe tout simplement pas à la chasse à courre, ainsi que l’ont démontré deux chercheurs du CNRS il y a trente ans ; c’est au contraire le lieu d’un brassage social sans équivalent. Bien sûr la vènerie n’est pas un monde sans classes sociales (utopie marxiste dont on a vu les limites) ; mais s’il est une différence qui prévaut entre les hommes qui se côtoient les jours de chasse, et qui structure leurs relations, c’est celle de l’expertise. Un de mes plus grands bonheurs à la chasse tient dans l’admiration portée à des veneurs, maîtres d’équipage, piqueux ou valets de limier, d’hier et d’aujourd’hui, qui possèdent l’expertise, l’art du noble déduit. Une expertise jamais infaillible et qui va généralement de pair avec une grande modestie. Une belle école de la vie, en somme.

Photo : Arnaud Fréminet, Rallye Meilleraye

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