AVA et paranoïa

Les opposants à la chasse à courre ont récemment présenté leur bilan de la saison 2020/2021 sur leurs réseaux sociaux. Ceux qui doutent de l’objectivité de leur analyse, tout en nuance, ne vont pas être déçus.

Sur 15 000 journées de chasse à courre organisées entre le 15 septembre 2020 et le 31 mars 2021, nos opposants dénombrent 37 incidents qu’ils qualifient de « graves », soit un incident toutes les 405 chasses ; pas étonnant que peu d’entre nous s’en soient rendu compte. Encore précisent-ils qu’il ne s’agit là que d’une « part infime de la réalité ! Les veneurs étant prompts à faire nettoyer derrière eux, à offrir des morceaux de gibier et de l’argent aux habitants dérangés, mais aussi à tout simplement menacer et faire pression sur ceux qui hésiteraient à parler. Tout est fait pour maintenir cette omerta. » La fameuse théorie du complot revisitée à la sauce mafieuse ; on voit que, pour ce qui est du bilan objectif, ça commence très fort.

Nous avons regardé de près ces prétendus incidents :

  • Quinze d’entre eux sont de pures inventions ; la liste – fastidieuse – est à disposition.
  • Cinq sont relatifs à des chiens prétendument « errants ». Rappelons qu’un chien errant est un « chien qui vit sans entrave ni domicile parce qu’il n’appartient à personne ou parce que le lien avec son maître est cassé, par fugue ou abandon ou parce que son maître est décédé» (définition Wikipedia). Dans le cas de la chasse à courre, il ne peut s’agir de « chiens errants » ; les chiens de vènerie sont tous tatoués ou pucés ; leurs propriétaires sont ainsi parfaitement identifiables ; aucun équipage n’abandonne ses chiens. Courant librement dans des espaces ouverts, les chiens de meute peuvent s’écarter de la voie de l’animal et échapper un moment à la vigilance des veneurs, sans, pour autant, pouvoir être qualifiés d’errants.
  • Deux autres prétendus « incidents graves» sont relatifs à des cerfs graciés ; nos opposants auraient-ils préféré qu’ils soient servis, eux qui se vantent de les sauver ?
  • Signalons le tragique 2 janvier 2021 où une poule a été croquée en bordure d’une forêt tandis qu’au même moment un chien était mordu dans une autre ; on ne trouve mention d’aucun de ces deux « incidents graves» dans la moindre gazette, leurs correspondants locaux, même les plus avides d’actualité cynégétique, ne s’en étant pas montrés intéressés.
  • On relève aussi deux collisions entre un animal de meute et un véhicule ; voilà qui explique, en partie seulement, les 30 millions de mammifères tués sur les routes d’Europe chaque année selon le magazine « Frontiers in Ecology and the Environment », peu suspect de sympathie pour les veneurs.
  • Le reste est à l’avenant et on craindrait de lasser le lecteur de ces lignes à les énumérer plus longuement.

Reste un incident important, survenu en gare de Chantilly le 12 janvier, et ayant entraîné une perturbation du trafic ferroviaire ; si cet incident fait l’objet d’un règlement amiable entre la SNCF et l’équipage qui chassait, il pose aussi, bien évidemment, la question de la cohabitation de la vènerie avec la vie des villes.

Quelle énergie mauvaise, quelle imagination perverse, quelle hargne idéologique, quel délire paranoïaque habitent les rédacteurs de ces mensonges pour transformer des anecdotes dérisoires en prétendus « incidents graves » ?

« Être au-dessous de ses prétentions avouées constitue un ridicule constant dont se repaissent les petits esprits », affirmait Honoré de Balzac dans la Comédie Humaine. Il y a assurément peu de grands esprits à l’origine de ce bilan fumeux.

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