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Ô, l’ami piqueux…

À mon ami pour qui l’horizon devient soudain si figuratif,

L’avenir est entre tes mains.
L’avenir est entre les chiens.
L’avenir est entre les alexandrins.

Mon ami, accompagné de maîtres, boutons et valets, tu feras raisonner la prose et la mélodie de l’art qu’est la vénerie. À cheval ou à pied, réelle ou narrée, tu t’enrichis d’une expérience qui ne cessera de s’élever au milieu des gaulis. La confiance et l’entourage demeurent cruciaux face à un avenir ardu et, sans nul doute, presque exempt de répit.

Mon ami, en cette période si particulière, tu prends congé de notre natale et sublime région que nous avons sillonnée quelques chasses durant. En ce début d’hiver, ton dessein s’accélère pareil au rythme d’un « Rallye » en quête de fondements. L’ère du temps voulut que tu saisisses cette opportunité et que tu tires ton épingle avec mérite parmi ces maints autres aspirants.

Mon ami, fidèle à J’accour[R]e, tu voueras « Cor » et âmes à ta passion, à notre passion qui nous est très chère. Tu détermineras ton propre « Sor » au sein d’un inédit et curieux atmosphère. Tu rendras les honneurs à bon nombre de chevreuils ainsi qu’à la mémoire d’un des fondateurs de tous nos équipages, le grand Saint-Hubert.

Mon ami, l’assiduité au chenil, l’humilité au rapport, la ténacité au laisser-courre et la sagesse à la curée sont des atouts élémentaires. Une vie entière dédiée aux valets en te trouvant au centre des naissances, de l’éducation, des soins, du bien-être, des découplés, ou encore des retraites ne peut que te satisfaire.

Mon ami, je te congratule grandement à ma modeste échelle. Que de nombreux printemps et moult hirondelles planent au-dessus d’une meute que je porte à croire si belle. Que les parties de chasses soient récompensées par d’innombrables visites de messieurs et demoiselles. Que ton épanouissement et ta bravoure soient, en toutes aventures, perpétuels.

L’émotion se mêle à la joie lorsque, dans un moment si particulier pour un ami, la sincérité tire son parti solennel. Ne doit paraître que respect pour ce beau métier de piqueux.

Déc[O]uplons les savoirs de la nature.

J’accour[R]e.

L’art du Loup

L’aure emballe le brouillard, le crachin se détache du ciel grisâtre qui apparaît. Le point du jour paradoxe avec la lumière des doux matins automnaux. Les valets s’apprêtent, ahuris par les paroles des Hommes ou le pas pressant des chevaux.

La prise soudaine d’un veau, pour sûr par les crocs acérés d’un louvart, décrit l’ultime nuitée ténébreuse. Paysans comme gars du coin, ils s’adonnent avec un certain entrain à la recherche d’indices.

Au pavillon, le temps marque visages et velours sans pour autant décourager l’afflux de partisans. Par l’allée, quelques notables gagnent au volant de leur automobile, suivis d’une calèche fort bien occupée. L’écho de la Saint-Hubert quête courage et protection tandis que celui du Nouveau Départ signifie l’exorde.

Utopie, Ulysse, Vagabond, Venise, Artiste… Rapprocheurs avérés, tous se récrient à la voie, fiers d’augurer une remise éventuelle de l’animal repu. Le village trémule, observant près du bourg abois et mise à courre par une soixantaine d’Anglos-Poitevinés judicieusement découplés. « Aucoute à Venise ! Aucoute ! » La chienne, au sang spectaculaire, perce et relève les défauts sous d’immenses trombes ravinant les guérets. De ses méandres, La Bobilance, ruisseau paisible et limpide longeant les halliers, accompagne l’animal se jouant d’une multitude de ruses. […] Affaibli par deux journées de pourchas, le jeune loup s’est remisé, donnant sa tête au trophée, ses entrailles à la curée, son âme à la forêt.

Fiers, après deux soleils levés, autant de relais et quelques contrées d’avoir une meute fort bien honorée, hôtes et hôteliers ne cessent de contempler. La joie du Maître se ressent lorsque, pensant, il félicite par d’abondantes caresses ses dignes valets.

Le tumulte s’est apaisé, la lune rythme le crépuscule, les chants s’amenuisent et les trompes louangent. L’Adieu des Maîtres, l’Adieu des Piqueux et autres fanfares de Navarre ravissent les convives d’une vénerie si émissive.

Déc[O]uplons les savoirs de la nature.
J’accour[R]e.

La confiance aux chiens

Veneurs, grâce à votre odorat, votre instinct, votre condition, êtes-vous capable de déjouer les ruses, d’anticiper la refuite ou de prendre un animal ?

Certes, il est indispensable d’aiguiller les chiens lorsque le renseignement est bon, de les guider dans un grand défaut, de les encourager lorsqu’ils font leurs preuves ou encore leur faire comprendre certaines erreurs. Cependant, l’autonomie et le silence, s’avèrent absolus.

Au plus profond de son génie, le prédateur carnivore qu’est le chien chasse, connaît fort bien les artifices de ses proies et est ainsi capable de les empêcher. Lui accorder son entière confiance n’avoue pas la réussite mais contribue amplement à l’optimisation d’une quête.

« Les valets », passionnément nommés, vouent une entière confiance à celui qui les chérit, qui les nourrit, qui les affectionne et qui les mène à la chasse. Du Maître au Piqueux, cette relation s’établie en vivant au plus près d’eux, en comprenant leurs mœurs, leur hiérarchie, leurs qualités distinctes, leurs maux ou leurs désirs.

Sans compagnon, la chasse à courre, la chasse aux chiens courants, la chasse sous terre ou bien la chasse au chien d’arrêt ne pourraient se pratiquer. Il n’en serait davantage pour tous les animaux de compagnie qui, grâce à la foi, lient une relation fidèle et pourtant si difficile à élucider.

La confiance aux chiens forme l’essentialité, le cœur de l’ouvrage, le fil conducteur de l’histoire, de la relation, de la complicité hors-normes.
« Les chiens sont représentés à 80% par le Maître, le restant par l’origine. »
Quelques proches épris reconnaîtront celui qui, de ses innombrables observations, révèle un constat donnant matière à réfléchir, à remettre en cause certains comportements et, sans nul doute, à laisser libre les savoirs canins.

La réponse à cette question préambulaire reste simple et sans besoin de justification : NON. Néanmoins, certains Hommes au sang surchauffé, se pensant sûrement meilleurs que leurs chiens, hurlent, réprimande ou cassent le travail dûment effectué.

Déc[O]uplons les savoirs de la nature.
J’accour[R]e.