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Une vie de chien : Flocon dit Minuscule

Une vie de chien… voilà une expression peu flatteuse si l’on se réfère au sens que le langage courant a bien voulu lui donner, mais il n’en est rien de nos chiens de vénerie et encore moins de la vie de Flocon, ce beagle au caractère bien trempé du Rallye Janot.

La Saint Hubert approche et cette année l’équipage célèbrera sa cinquantième saison ; alors des chiens, des anecdotes, des récits de chasse et des souvenirs nous en avons plein les mémoires, mais parmi les personnages qui ont écrit l’histoire de ces dernières saisons, il y a Flocon mieux connu sous le nom de Minuscule.

Son arrivée dans la vie lui a sans doute forgé le caractère ; seul survivant de sa portée, il a fallu lui faire quelques biberons pour le lancer dans le grand bain de la vie de chien de vénerie. Il était de gabarit si petit qu’il tenait dans le creux de la main, ce qui lui vaudra son nom de Minuscule.  La journée, il était au chaud dans une poche de veste partageant ainsi notre quotidien et surtout celui de ma sœur Aliénor avec laquelle il aura une complicité étonnante.

Les mois se passent et Minuscule profite, plus en largeur qu’en hauteur, un petit beagle à l’embonpoint certain, reconnaissable de tous par son physique mais aussi par son caractère.

Pas question de se laisser marcher dessus par les autres sous prétexte d’être plus petit, alors il s’impose ! Un brin râleur, il arrive à dégager un charisme qui lui vaudra de se faire respecter de tous ses congénères ; et ce qu’il aime par-dessus tout c’est de montrer son autorité pour protéger celle qui l’a élevé : Aliénor. Sous son air bougon, Minuscule donnerait tout son amour pour lui montrer sa reconnaissance et réciproquement, comme le dit si bien l’expression “les yeux sont le miroir de l’âme”. Je suis sûre que chaque veneur se remémorera à travers ce récit le regard d’un chien à qui il ne manquait que la parole.

A la chasse, il s’est énervé plus d’une fois parce que nous avions décidé de sonner la retraite manquée et qu’il aurait bien persisté un peu plus. Très fin de nez, il était capable de chasser par des voies exécrables et souvent nous a fait sonner des relancés alors que le reste de la meute n’avait plus d’espoir.

Je me souviens d’une fois où nous foulions depuis des heures sans connaissances, les haies, les ronces, les boqueteaux, les semis… rien, aucune trace de maître Janot : buisson creux. Nous nous dirigeons vers le chenil, quand tout à coup nous entendons un récri : c’est Minuscule ! La meute rallie rapidement et nous appuyons gaiement pour lui montrer notre confiance. La voie se réchauffe et c’est lancé, les bien-allers résonnent, Minuscule a sauvé la journée !

Son ardeur et sa ténacité étaient autant une qualité qu’un défaut ; il est arrivé qu’on l’attende le soir car il n’avait pas fini de démêler les ruses de notre animal de chasse, ou encore d’avoir la dent dure, lorsqu’on voulait qu’il reste à la maison un jour de chasse pour ménager son cœur fatigué. C’est hélas ce grand cœur qui l’a conduit auprès de Saint Hubert un matin de chasse. Bien que tout petit, il a laissé un vide immense au Rallye Janot.

Heureusement, il a transmis à sa descendance nombre de ses qualités et quelques défauts, afin que l’on se souvienne des anecdotes de Minuscule qui font partie de l’histoire du Rallye Janot.