3 mars 2022 – SANGLIER : et si on parlait d’autre chose que dégâts et régulation ?

Femme Actuelle a publié un article sur le sanglier, bien loin de toutes considérations de dégâts, de problèmes et de tensions. Le magazine revient sur cet animal sauvage légendaire, objet de tant de convoitises. Depuis la nuit des temps ?

Un mythe celtique

N’en déplaise à Obélix, le sanglier est peu chassé à l’époque des Gaulois. Il figure sur de nombreuses enseignes militaires comme symbole d’invincibilité, et est associé aux pouvoirs spirituels des druides. De l’autre côté de la Manche on le retrouve au Moyen Âge dans le conte gallois Kulhwch (ou Culhwch) et Olwen . Kulhwch, cousin du roi Arthur, veut épouser Olwen, fille du géant Yspaddaden. Frappé d’une malédiction selon laquelle il trouvera la mort aussitôt sa fille mariée, le géant impose à Kulhwch des épreuves irréalisables. Parmi celles-ci, la chasse d’un sanglier blanc, terrible et magique, Twrch Trwyth (ou Tourc’h).

Selon Pascal Durantel, contrairement à la légende, les Gaulois chassent peu le sanglier . Des études palynologiques montrent que les Gaulois se nourrissent surtout de céréales, nous dit Patrice Meniel dans son ouvrage Chasse et élevage chez les Gaulois, ainsi que de légumes en proportion variable selon les régions. La viande, précise l’auteur, provient surtout de l’élevage (notamment porcin), les produits de la chasse restant marginaux : de 1,3 % au IVe siècle avant notre ère à moins de 1 % durant les siècles suivants. La réputation de grands chasseurs des Gaulois, surtout de sangliers, est donc en partie usurpée. Et la chair de l’animal n’entre que pour 0,1 % dans l’alimentation de nos ancêtres, qui, en réalité, chassent surtout le lièvre, par plaisir et pour protéger leurs cultures..

Femme actuelle continue avec la mythologie Grec :

Deux sangliers se font remarquer dans les récits mythologiques grecs. Au cours de ses célèbres « travaux », Héraklès (Hercule en latin) parvient à capturer vivante l’énorme bête noire qui terrifie les habitants d’Arcadie, près du mont Erymanthe. Ailleurs, le poète Homère raconte comment la déesse grecque Artémis envoie un monstrueux sanglier dévaster le royaume de Calydon pour se venger, le roi Oenée ayant oublié de lui faire une offrande. Mais une troupe d’hommes valeureux partent en chasse et Méléagre, le fils du roi, porte un coup fatal au monstre.

Symbole fantastique au Japon

L’imaginaire nippon regorge de créatures fantastiques liées à la nature. Le film Ran , d’Akira Kurosawa, épopée du Japon au XVIème siècle, s’ouvre sur une chasse au sanglier. Le chef de clan Hidetora Ichimonji, s’illustre en le tuant mais l’épisode marque le déclin de sa dynastie. En 1997, le film d’animation Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki débute par l’attaque impressionnante d’un énorme sanglier surgi des bois, grouillant de vers. Ici, la bête incarne à la fois une force maléfique et la résistance de la forêt face à l’expansion humaine.

Plus près de chez nous :

Pascal Durantel écrit : « Au Moyen Âge, on pratique surtout la vénerie du cerf, gibier royal. Seuls certains seigneurs et souverains vouent un intérêt -tout relatif -au sanglier . Parmi eux, Gaston III de Foix dit Phébus (1331- 1391), qui considère le sanglier comme le plus dangereux de tous les gibiers. Un paradoxe lorsqu’on sait qu’il se livre, à l’épée ou à l’épieu, à des confrontations autrement plus hasardeuses, notamment avec l’ours brun. Henri IV (1589- 1610) compte parmi nos rares souverains qui aiment chasser le sanglier , avant que ce gibier ne devienne plus populaire, à partir du XIXe siècle.

Des experts tels que Cerfon, Gridel et Lanorville utilisent alors des mâtins découplés par paires ou en meute, qui coiffent l’animal ou le tiennent au ferme, avant que leurs maîtres ne viennent mettre un terme à la confrontation, d’une balle bien placée, mais aussi parfois à l’épieu ou à la dague. Il s’agit là de la chasse à tir originelle, fondatrice de la bête noire, pratiquée en comité restreint. La seule -nous excluons du propos la vénerie -dont on puisse dire qu’elle est dépositaire et légataire de la tradition de chasse du sanglier en France. Ces intrépides chasseurs pratiquent en Normandie et dans l’Est vers la fin du XIXe siècle, l’animal se fait plutôt rare ailleurs, surtout dans le Sud-Est. Les sangliers ne commencent à coloniser ces régions qu’après la Grande Guerre, sur les exploitations laissées à l’abandon par des hommes partis au front. Les chasseurs méridionaux ne tardent pas à profiter de cette nouvelle manne, surtout à partir des années 1960. Regroupées en ACCA qui disposent de budgets plus conséquents, les dianes investissent dans des meutes de chiens courants. Ce n’est guère qu’à partir de cette époque, somme toute récente, que la battue collective aux chiens courants se développe un peu partout en France et devient une véritable institution. »

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