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Lettre ouverte à Xavier Niel, Jacques-Antoine Granjon et Marc Simoncini

Je vous ai écoutés lors de votre passage télé sur l’émission Quotidien. Malgré ma colère, je vous ai écoutés jusqu’au bout pour essayer de comprendre vos motivations réelles à fournir tant d’efforts pour mettre en place ce RIP. Je vous ai écoutés parce que je suis concernée et que j’ai quelques peines à croire en votre altruisme. Vous pardonnerez mes doutes.

Je vous ai observés, les 3 potes, réunis autour de ce même projet. C’était bon enfant, vous vous marriez et donniez l’impression de participer à un jeu télévisé.

Vous aviez l’air tellement citadins, tellement déconnectés des sujets que vous portez si fort. Je vous ai entendus aborder le sujet de la chasse à courre, Monsieur Niel, avec une telle innocence. Celle d’un homme qui n’a vraisemblablement jamais eu la curiosité d’aller à la rencontre de l’objet de votre mépris. Et je me suis demandée si les éleveurs, les scientifiques, les chasseurs touchés par votre initiative avaient autant ressentis votre méconnaissance de leur activité que moi ?

Afin de justifier votre projet, vous assénez des chiffres sortis de nul part : 80% des français vous soutiennent. Vous vous trompez, ce ne sont pas 80% des français qui sont en faveur du bien-être animal, nous sommes 100%. Que cherchez vous à démontrer ? Que ces hommes et ces femmes, éleveurs, agriculteurs, chasseurs, hommes de spectacles, scientifiques sont des brutes sans cœur et sans cerveau et que vous êtes les 3 sauveurs ?

Vous brandissez des images insoutenables pour justifier votre cause. Mais pourquoi ne pas justifier la suppression des voitures en montrant des enfants amputés mettant en cause des chauffards alcoolisés ? Nous avons tous nos chauffards, dans chaque métier, chaque passion et il faut les combattre. Mais quelle malhonnêteté ce serait d’utiliser ces exceptions pour justifier l’éradication de tout un système qui tente déjà de survivre.

Etes-vous simplement allés à la rencontre de ces hommes et de ces femmes dont votre action risque de détruire la vie ? Combien d’élevages avez vous visités ? Je parle de ceux qui essayent de faire bien leur travail, tout en gagnant une misère ? Combien de responsables de cirques avez-vous rencontrés ? A combien de chasse à courre avez-vous assisté ? Juste pour comprendre la réalité vécue par toutes ces personnes. Leur passion, leurs contraintes, leurs efforts, leur évolution, leur situation économique, leur avenir. Parce que parlons-en de leur situation économique et de leur avenir. Avez vous conscience de l’impact économique de votre proposition ? Croyez-vous que la France puisse se permettre d’ajouter cela à la liste du moment ? N’est-ce pas un peu facile du coin de votre bureau ?

Votre projet vise à interdire et contraindre des gens à renoncer à leur métier, à leur passion. Proposer à la population de voter sur un sujet qu’elle connait majoritairement aussi mal que vous, en jouant sur l’émotionnel, c’est prendre le risque de briser des vies. Alors, quand on ruine la vie des gens, il faut le faire en connaissance de cause et être sûr de soi. L’êtes-vous Messieurs ? Pensez-vous connaitre suffisamment votre sujet ? Pensez-vous être allés suffisamment à la rencontre des personnes que vous visez et qui essayent de bien faire leur métier ou vivre leur passion dans les règles de l’art ?

Parmi vos batailles, je n’en connais vraiment qu’une seule : la chasse à courre. Au delà d’être une passion, c’est un art. Unique au monde. La France est le seul pays au monde à pratiquer la chasse à courre telle qu’elle le fait, et ce, depuis 500 ans. Alors il ne faut pas vous planter dans vos décisions. Je chasse le chevreuil, je ne suis pas aristo et mes copains sont profs, agriculteurs, médecins, commerçants et retraités. Ils ont entre 20 et 85 ans et leur diversité fait leur richesse. Je chasse le chevreuil et j’aime infiniment la nature et les animaux. Je chasse le chevreuil, pas parce que je prends du plaisir à tuer, mais parce qu’il n’y a rien que j’aime plus au monde. J’aime me lever au petit matin, quand vous dormez encore dans votre appartement parisien et que la brume flotte sur les plaines. J’aime arriver en forêt, respirer les odeurs et écouter les bruits qui m’entourent. J’aime cette explosion des sens que seuls ceux qui partagent ma passion comprennent. J’aime observer les chiens heureux de partir chasser parce que c’est dans leur ADN, quoique vous en pensiez. J’aime les observer quêter et traquer leur proie. Et lorsque j’ai la chance de voir le chevreuil ruser, en revenant sur ses pas, faire des boucles, se coucher, retenir son odeur pour déjouer ses prédateurs, j’ai l’impression d’être une immense privilégiée. Et si les chiens ressortent victorieux, je vis un mélange de bonheur de les voir récompensés et de tristesse et de respect pour l’animal vaincu. Et c’est bien ce maelström d’émotions qui me bouleverse à chaque fois un peu plus. Alors, lorsque je vous entends m’expliquer que je prends du plaisir à tuer et que je fais preuve de cruauté, je me dis que vous ne savez vraiment pas de quoi vous parlez. Et je m’inquiète.

J’aimerais vous inviter à venir rencontrer les chiens au chenil, j’aimerais vous inviter à partager l’une de ces journées avec moi. Seul, sans caméra, sans filtre, simplement. Je veux vous montrer, vous éduquer, vous faire vivre et respirer la nature telle que nous la vivons. Je veux vous montrer que la chasse à courre n’est pas cruelle. Elle n’est que le reflet du sauvage à l’état pur. Du fonctionnement de la chaine alimentaire dont nous sommes les acteurs et les témoins. Elle est ce qui permet à la proie de rester proie en entretenant tous ses mécanismes de défense.

Je suis parisienne à 100% mais j’ai appris à comprendre et à aimer passionnément ce que je ne suis pas. Je vous demande de vous extraire de votre cocon et de venir à la rencontre de ces hommes et de ces femmes, comme je l’ai fait il y a 20, pour ne jamais plus vouloir les quitter.

Militant à Cor et à Cri !

Depuis la fin août, tout au long des 15 étapes de la tournée qui aura conduit Pierre de Roüalle, président de la Société de Vènerie, dans toutes les régions où la chasse à courre est pratiquée, nous aurons rencontré plus de 6 000 veneurs et sympathisants. L’objectif de ces rencontres était double : faire état de la situation de la chasse et, en particulier, de la chasse à courre dans un contexte sociétal où la préoccupation du bien-être animal pourrait lui sembler contraire, et envisager, avec tous ceux qui l’aiment, les moyens de la faire mieux connaître et apprécier de nos contemporains.

Intitulée « Militant, à cor et à cri », cette tournée a bien mérité son nom. Le public nombreux que nous avons rencontré s’est montré déterminé à militer pour la vènerie. Nos amis étaient aussi nombreux au rendez-vous. Parmi eux, de nombreux parlementaires sont venus nous dire leur soutien, à l’heure où un article du référendum d’initiative partagée pour les animaux envisage l’interdiction de la chasse à courre. Ce soutien nous est précieux, car il nous laisse espérer que l’ensemble des parlementaires, députés et sénateurs, comprendront mieux, grâce à leurs collègues qui nous connaissent et nous soutiennent, la vérité de la chasse à courre, loin des idées reçues et des clichés convenus.

Plusieurs vérités méritent d’être rappelées :

  • Pratiquée depuis cinq siècles sous sa forme actuelle, la vènerie n’a jamais connu une telle vitalité qu’en ce début de XXIème siècle, avec 390 équipages et 10 000 pratiquants.
  • En fonctionnant sur le mode de la prédation naturelle, la chasse à courre est, sans doute, le mode de chasse le plus écologique qui soit, la meute choisissant les animaux les plus faibles, favorisant le brassage génétique et ne triomphant de sa proie qu’une fois sur quatre.
  • La vènerie est ouverte à tous, par sa tradition d’accueil et aussi par les conditions financières qu’elle offre à ses adeptes qui la mettent à la portée de toutes les bourses.
  • La vènerie est une formidable opportunité de « faire société » en milieu rural ; les équipages convient toujours les riverains des territoires dans lesquels ils chassent, à l’occasion des 18 000 journées de vènerie organisées chaque année à travers toute la France.

De nombreux présidents de fédérations départementales ont également répondu présent à notre invitation lors de ces rencontres régionales ; Willy Schraen lui-même était présent à la réunion qui s’est tenue dans l’Oise. Tous ont affirmé publiquement leur soutien indéfectible à notre mode de chasse. Ses 10 000 pratiquants sont ainsi assurés de bénéficier de l’appui de plus d’un million de chasseurs et de leurs familles, qui ont bien compris que les attaques dont nous sommes aujourd’hui l’objet les concernent aussi, ainsi que l’expérience l’a hélas trop souvent démontré.

Willy Schraen, président de la Fédération Nationale des Chasseurs, a coutume de dire que « la chasse n’a pas besoin d’être défendue ; elle a besoin d’être expliquée. » Cette affirmation vaut d’autant plus pour la chasse à courre. Avec les nombreux veneurs et sympathisants mobilisés dans ce but, gageons que la chasse à courre sera, demain, mieux comprise de nos contemporains.

« La vènerie est un fait social « total », dans la mesure où il parle de la vie, de la mort, de la nature, de la sauvagerie, de la tradition, du sacré, des rituels, de l’art, de la spiritualité, de la philosophie et des rapports sociaux. » In « La chasse à courre. Ses rites et enjeux. » Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot – Paris, Payot, 1993

Incident de Compiègne le 19 septembre

Ce samedi 19 septembre, l’Équipage la Futaie des Amis chassait un cerf en forêt de Compiègne.

En milieu de matinée, l’animal est arrivé en bordure de l’agglomération où il a arrêté sa course.

Conformément aux directives relatives aux fins de chasse en zone urbanisée, la chasse a été immédiatement arrêtée et l’animal gracié. À midi, le cerf avait regagné, naturellement, la forêt.