C’est une vieille tradition. Chaque jeudi soir, plusieurs personnes se réunissent pour sonner la trompe de chasse sur la place de la Bourse à Bordeaux (Gironde).
Ce jeudi 10 mars 2022, vers 19h30, comme d’habitude des sonneurs se retrouvent sur la place de la Bourse à Bordeaux Gironde ) pour sonner de la trompe de chasse . Ce soir là, ce sont six hommes entre 22 et 29 ans qui se sont rassemblés. « Tous les jeudis soir, un groupe de sonneurs entre 20 et plus de 70 ans se réunit. C’est la tradition », s’exclame Baudouin Fournier, 27 ans, chasseur.
Ensemble, ils commencent à sonner « le sanglier » en soufflant dans leurs trompes de chasse. L’instrument était traditionnellement utilisé comme un outil de communication pendant la chasse à courre. Aujourd’hui, elle est essentiellement jouée lors de concerts. « Il existe beaucoup de groupes de sonneurs qui apprécient cet instrument mais ne sont pas forcément des chasseurs », rappelle Baudouin Fournier.
Un rassemblement hebdomadaire
Pendant un peu moins d’une heure, les six sonneurs vont se répondre en soufflant dans les trompes de chasse. Sans partition, ils discutent entre eux pour savoir quel morceau ils vont interpréter. « On chantonne toujours avant de jouer pour nous donner le rythme. On ne prépare pas à l’avance, on essaye de varier les morceaux », explique Luc Jammy-Fonbeney, avant d’entonner « Les honneurs » et de le jouer. Le jeune homme de 22 ans pratique la trompe de chasse mais est non chasseur.
Pour se réunir, ils se donnent rendez-vous grâce à une discussion privée dans laquelle ils sont un peu plus de 50 musiciens. En moyenne, ils sont entre cinq à sept personnes à se retrouver sur la place de la Bourse. « Cela peut arriver que l’on soit que deux mais parfois nous sommes dix ! »
Mais ce rassemblement est aussi l’occasion pour le groupe de se retrouver entre copains amateurs de trompes de chasse.
On se donne des nouvelles, et on va boire un verre. Et le cadre est vraiment idéal, la place de la Bourse résonne extraordinairement bien. Cela fait des dizaines d’années que les anciens sonnent sur cette place. On ne fait que suivre leurs pas.
Yves Simone, guide à Bordeaux et habitant du quartier Saint-Rémi depuis 35 ans, estime que les sonneurs se retrouvent depuis au moins une quinzaine d’années. « A Bordeaux nous n’avons jamais eu de problème ». Le bruit très fort des trompes de chasse attire les curieux. Cela se passe souvent très bien. Les passants s’arrêtent pour nous poser des questions. C’est aussi l’occasion de discuter calmement de la chasse. Alors que la vénerie est au cœur du débat démocratique à l’approche de l’élection présidentielle, ce dernier soutient qu’il n’y a jamais de débat houleux. « Nous n’avons jamais eu de problème, on joue de la musique avant tout. Aujourd’hui, la trompe de chasse n’est plus forcément liée à la chasse. On peut apprécier cet instrument par goût de la musique », déclare Charles Bary, sonneur et chasseur de 29 ans.
Vers 20h20, la troupe se quitte en emportant avec eux leurs instruments, rendez-vous jeudi soir prochain quelle que soit la météo.
